Chapitre 2
Denhay : — Hé, salut Gil' !
Gilbert : — Oh, bien le bonjour, Inspecteur Denhay ! Qu'est-ce qui vous amène ?
Gilbert, le fidèle associé de Denhay est un homme de la quarantaine très propre sur lui. Toujours bien rasé, sa coupe de cheveux gominée en arrière ne laisse aucune place à la rébellion capillaire. Il aurait pu inspirer l'élégance s'il ne portait pas des vêtements complètement démodés.
Le bouton de sa veste en velours à carreaux trop petite pour lui résiste comme il peut à une mort certaine par projection. D'ailleurs, si l'interlocuteur de Gilbert se place en face de lui, il a toujours un mouvement de recul, se tient prêt à attraper au vol ce pauvre bouton, de peur de se le prendre dans l'oeil. Sa cravate bordeaux semble vouloir éviter à tout prix l'aisselle gauche de Gilbert tant elle est de travers. De plus, il a acheté récemment un horrible chapeau imitant celui de Sherlock Holmes, ce qui ajoute un élément en plus à sa ringardise. Il a également toujours une pipe au bord des lèvres, comme si son aspect vestimentaire ne suffisait pas à le rendre ridicule.
Denhay : — J'ai une mauvaise et une mauvaise nouvelle. Je commence par laquelle ?
Gilbert : — La mauvaise.
Denhay : — Monsieur Glork est mort et le Commissaire Hamète nous a chargé d'enquêter pour trouver l'assassin.
Gilbert : — Vous m'avez dévoilé les deux mauvaise nouvelles d'un coup.
Denhay : — Ah non, il n'y en a qu'une, là. On ne le connaissait pas, ce Monsieur Glork.
Gilbert : — Certes, vous avez raison. Après tout ce n'est qu'un mort de plus parmi les décédés. Et l'autre mauvaise nouvelle ?
Denhay : — A mon avis, le Commissaire Hamète sait qui est le coupable, c'est un jeu de piste.
Gilbert : — Ah bon ? Qu'est-ce qui vous faire dire ça ?
Denhay : — Bah il a dit un truc du genre « Devine qui a assassiné Monsieur Glork ?! »
Gilbert : — Ah oui, il sait, c'est sûr. Ça fait vachement devinette.
Denhay : — C'est ce que je me tue à lui dire, mais il me répond que non.
Gilbert : — Ça fait sans doute partie du jeu.
Denhay : — Du coup j'ai besoin de votre intelligence sans limite, Gil', vous êtes le cerveau du binôme.
Gilbert : — J'ai effectivement un moyen de le faire parler. Mon grand-père disait toujours : « Il faut pêcher le veau pour savoir le vrai ».
Denhay : — Ça veut dire quoi ? Un veau ?!
Gilbert : — C'est le petit de la vache.
Denhay : — Il faut en pêcher un pour connaître la vérité ? Ça vit dans l'eau, un veau ?
Gilbert : — Je crois que oui. Il y a également une expression qui dit « tout part à veau d'eau ».
Denhay : — Où trouver un veau d'eau...
Gilbert : — Le vieux Père Brobois a des vaches, et donc sûrement des veaux... mais pas de veaux d'eau à mon avis.
Denhay : — On a qu'à en balancer un dans la flotte, et puis on le pêche ?!
Gilbert : — Eureka !! Vous voyez que vous n'êtes pas si bête !
Denhay : — Hihihi ! Alors allons voir le Père Bobois, on lui emprunte un veau l'air de rien, il peut rien refuser à la police. On le balance dans le lac, on le repêche et... le veau va nous donner le nom du coupable ?
Gilbert : — Eh bien d'après mon grand-père, oui.
Denhay : — Ne perdons pas de temps, alors !
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