Lettre ouverte à mon ex. 

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 S.,

 Il y a tellement de choses que je ne t’ai pas dites, et que j’aimerais que tu entendes. Il n’y a rien que je puisse faire pour qu’un jour, tu m’écoutes, alors je t’écris. Peut-être, avec un peu de chance, que tu me liras jusqu’à la dernière ligne.

 Nous avons eu cette relation d’un an et demi, durant laquelle je suis passée part toutes les émotions. J’ai ri, j’ai sauté de joie, j’ai vécu des expériences inoubliables, mais j’ai surtout pleuré, souffert, saigné de l’intérieur. Tu ne m’as pas épargnée. Tu n’as pas été tendre et tu as voulu me détruire pour mieux me posséder. Tu n’es pas parvenue à tes fins, d’ailleurs. Tu as affaibli la lumière en moi, il n’y a aucun doute là-dessus, mais tu n’as pas pu l’éteindre. On ne détruit pas les gens. On peut les abîmer, les étouffer, mais tant qu’ils vivent, ils ne sont pas détruits. Et je vis, je ne suis pas détruite.

 Je t’ai aimée, fort, plus que tout. Je t’ai donné tout ce que je pouvais donner à une personne. Je me suis complètement oubliée pour essayer d’assurer ton bien-être, mais tu n’étais pas heureuse. Tu n’as jamais été heureuse, et tu ne seras jamais heureuse si tu continues sur ce chemin. Tu t’acharnes à détruire tout ce que tu touches, et moi, tu m’as touchée en plein cœur, mais tu n’as pas été assez forte pour me tuer. Tu ne seras jamais heureuse, parce que tu ne sais pas aimer, tu ne sais pas t’aimer. Tu ne peux pas être heureuse parce qu’il y a en toi ce désir de tout saboter, malmené par le désir de contrôle qui t’anime. Tu voulais me contrôler, moi, parce que tu te sens morte à l’intérieur. Tu avais besoin d’être regardée, comme si, dès que mes yeux s’éloignaient de ta personne, tu n’existais plus. Tu voulais qu’à chaque instant, mon regard soit fixé sur toi, et tout ce qui m’empêchait de passer chaque seconde de ma vie à te regarder, à t’admirer, était un obstacle à éliminer.

 Ma passion pour l’art ? Un mur à détruire. Pour cela, tu t’es d’abord affairée à critiquer ma présence sur les réseaux sociaux. Tu m’as dit que j’étais narcissique, tu m’as dit que je vivais pour le regard des autres, que je ne savais pas être moi-même, tu m’as dit que j’étais superficielle parce que je partageais ma passion avec des inconnus plutôt qu’uniquement avec toi. Ensuite, tu m’as dit que me voir partager ces choses avec des inconnus, justement, te faisait souffrir, et qu’il ne faudrait pas que je m’étonne si, un jour, tu t’ôtais la vie parce que tu te sentais mal aimée. A cet instant, j’ai pris la responsabilité de ta vie entière sur mes épaules. Tu as continué en tentant de contrôler mes dessins. Tu voulais que je dessine ce que tu choisissais, que j’avale toutes tes idées pour les coucher sur papier. Tu voulais m’ôter mon libre arbitre. J’aurais dû partir, mais je ne l’ai pas fait. Parce que je t’aimais.

Mon interêt pour la psychologie ? Une mauvaise herbe à arracher. Tu m’as dit que je ne devais pas chercher de travail, que je n’étais pas prête, que je me ferais du mal si j’essayais. Quand j’ai commencé à chercher quand même, tu m’as à nouveau placé entre les mains la responsabilité de ta vie. Tu m’as dit que, si je te laissais seule avec mon chat, tu ne savais si tu serais capable de ne pas te faire de mal. J’ai commencé à avoir peur pour ta sécurité, et j’ai cru qu’en restant auprès de toi, je te protégerais. J’aurais dû partir, mais je suis restée, parce que je t’aimais.

Mon chat, parlons-en. Tu l’as haï dès l’instant où tu as croisé son regard. Tu savais que je l’aimais, tu savais à quel point il comptait pour moi, et pourtant tu n’as pas hésité à t’en prendre à lui. Ton travail de sape à commencé avec de petites remarques acides à son propos. Tu disais qu’il était envahissant, que les sons qu’il émettait te brûlaient les oreilles. Tu disais qu’il ne t’aimait pas. Tu disais qu’il représentait un danger pour tes cochons d’Inde. Et enfin, tu disais que le seul moyen pour toi d’aller bien, c’était que je l’éloigne de toi. Quand je n’ai pas voulu l’abandonner, tu as remis, encore une fois, entre mes mains la responsabilité de ta vie. Tu m’as dit que ce chat te ruinait, te détruisait, et que tu n’hésiterais pas te détruire encore plus s’il restait là. Tu m’as dit que tu préférais redevenir ivrogne, que tu préférais te suicider, plutôt que de supporter mon animal une journée de plus. J’ai proposé de déménager, avec le chat, mais tu m’as dit que, si je faisais ça, c’est que je t’abandonnais et que je ne t’aimais pas. J’aurais dû partir, mais je suis restée, parce que je t’aimais.

Ma vie sociale ? Un ennemi à abattre. Tu t’es affairée à m’éloigner de toutes les personnes qui tenaient à moi, et à qui je tenais. Tu m’empêchais, toujours par ce même chantage affectif, créant une peur qui me tordait le ventre à chaque fois que je me séparais de toi, de voir les personne que j’aime, de leur parler. Tu les critiquais, quand je les mentionnais. Tu trouvais toujours quelque chose qui n’allait pas chez eux, et tu n’hésitais pas à les affubler des pires qualificatifs, songeant qu’un jour, peut-être, je finirai par te croire. J’aurais dû partir, mais je suis restée, parce que je t’aimais.

Mon sommeil ? Ça aussi, tu l’as attaqué. Tu me réveillais toutes les nuits sous des prétextes divers. Tu m’empêchais d’aller me coucher quand je le souhaitais et, si j’essayais quand même, le chantage affectif reprenait. Tu me parlais de tes insomnies, de tes cauchemars, et tu insistais pour que je reste auprès de toi. Tu m’as fait croire que j’avais de l’apnée du sommeil, que je pouvais mourir pendant la nuit, quand tu as estimé que les insomnies que tu avais créées chez moi ne suffisaient plus à me rendre malléable. Encore une fois, j’aurais dû partir, mais je suis restée par amour.

Toi aussi, tu disais que tu m’aimais, et je ne remettrai pas ça en doute, parce que, fort heureusement, je ne suis pas dans ta tête. Mais la façon dont tu m’aimais était inacceptable. Tu as voulu me contrôler, tu as voulu me dominer. Tu voulais que je sois totalement à ta merci. Et quand je te disais que je n’étais pas d’accord, ton esprit brillamment dérangé savait comment me remettre à ma place. Tu m’a dis que ma façon de me comporter te donnait envie de retomber dans l’alcoolisme, que, parfois, ma présence augmentait tes idées noires, parce que me voir heureuse, souriante, était difficile pour toi quand tu n’arrivais pas à sourire. Tu m’accusais de te blesser, exprès, quand je commettais une erreur telle que manger des choses dont j'avais envie alors que tu avais des troubles alimentaires. Tu me disais que je ne t’aimais pas, que je te considérais comme secondaire dans ma vie quand j’avais d’autres centres d’intérêt que toi. Tu m’as poussée à m’excuser de t’avoir demandé de ne pas me manquer de respect lors de nos disputes. Tu m’as dit que, si je n’étais pas capable d’accepter ta façon de te comporter avec moi, c’était parce que je ne t’acceptais pas toi. Et puis tu m’as trompée, aussi. Mais ça, c’était la chose la moins pire que tu avais faite.

Ton amour, je n’en veux plus. Je n’en voudrait plus jamais. Parce qu’il est nocif, malsain, destructeur, annihilant. Je sais que tu ne veux plus me le donner non plus, et c’est tant mieux, mais j’espère que tu ne le donneras jamais à quelqu’un d’autre.

L’une des choses les plus concrètes que tu m’aies prises, c’est mon argent. Mais ce n’est pas ce qui me manquera le plus, même si la somme que tu ne me rendras jamais est énorme. Ce que je voudrais récupérer, c’est ma dignité, ma confiance, ma joie de vivre. Et je m’affaire à reconstruire ça, en moi, sans oublier que toi, tu n’y auras plus jamais accès, que tu ne pourras plus jamais vampiriser mon énergie

Je ne sais pas si, un jour, tu auras conscience de tout ça, mais moi oui, et c’est le plus important. Si jamais j’en doute à nouveau, je n’aurai relire toutes les choses que tu m’as dites et faites, car tu me les as écrites aussi. Il existe tant de preuves de ta violence, et tu le sais.

Je voudrais que tu comprennes tout ça, que tu saches tout ce que tu as fait, tout le mal que tu as semé derrière toi, que tu saches que j’ai conscience de ne pas être ta seule victime. Parce qu’au fond, j’ai envie que tu sois heureuse, et je sais qu’il faudra que tu en passes par là. Mais tu t’en moqueras, de ce que tu as fait, comme tu te moques de tout le reste. Parce que tu ne crois pas avoir de problème. Alors tu ne seras jamais heureuse.

Je ne t’oublierai jamais, mais pas pour le meilleur, juste pour le pire. Et j’espère qu’un jour, tu ne seras plus qu’un vieux souvenir étouffé par la poussière.

Sans rancune, Ally.

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