A la fin c'est l'abandon qui gagne

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(poème retravaillé)

À la fin c'est toujours l'abandon qui gagne,
Comme ici dans les rues parisiennes pavées ou bitumées
Sales de toutes ces traces de pas et de pisse
Sur les murs gris calcaire ; arabesques d'antan
Croisées aux crépis d'hier et à la tombe d'aujourd'hui.
Comme ici au pied du Sacré Cœur
Parmi les foules étrangères, les langues étouffées
Ou dans ce bar où sonne la Commune,
Saignent les regards et crie Nanar le renard
Empaillé sur le buffet où l'on a collé les injustices
Et les revendications.

À la fin c'est toujours l'abandon qui gagne,
Autour d'une bière, autour de cet autel.
Sous la Croix brillent les dernières prières
Pleurent les gargouilles et chantent les morts
Dans le silence du souvenir intimiste...
On joue les touristes nocturnes, somnambules rurales
Jeunesse passante, revendications brûlantes
Et mots murmurés dans nos cœurs à nous,
Dans nos silences...
On joue les touristes nocturnes,
Les bras rincés, les pieds curieux.
On respire Paris,
On crachera sa pollution
Et on y usera nos poumons à cet amour
Silencieux.

À la fin c'est toujours l'abandon qui gagne,
Que dire quand tout fait tant de bruit ?
Quand tout explose à l'autre bout du monde,
Se découpe dans chaque coin de terre
Les arbres tombent et les frontières se hérissent...
Que sommes-nous ici, avec nos pauvres bras
Et nos combats de pacotilles qui nous blessent tant ?
On parcourt la ville et nos campagnes,
Et on cherche l'existence
Parce que
La
Vie
Est...
Il ne reste quoi ? Plus que
Le silence
En testament.

Alors si à la fin c'est toujours l'abandon qui gagne,
Quand nous mourrons, ne laissez pas nos corps moisir,
Redonnez nos cendres à la terre de nos jardins
Pas de cercueils
Pour nos âmes amies des étoiles
Et des vers
De
Terre.
Nous sommes les enfants de poètes
Qui crient la bouche pleine de boue,
Pleine de caillou et les doigts fourbus de rochers
Au-dessus de nos têtes.

À mon abandon qui gagne,
Retenez ceci,
Pas de mise en bière sans alcool !

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