9. Histoires de famille.
9. Histoires de familles
L’interdiction paternelle fut levée après une grosse discussion en famille, Chloé pu inviter ses amis à la condition que son père puisse rencontrer Madison, afin de l’entretenir de ce qui le préoccupait.
Le jour J, Gaétan et Madison avaient comme mission de rapporter le vin. C’est donc chargé de quelques bouteilles en provenance de la cave des parents de Gaétan qu’ils arrivèrent chez Chloé. D’autres amis étaient déjà arrivés.
Madison aida Chloé pour préparer les plateaux de fromages. Gaétan resta avec les autres pour préparer l’apéro.
Ségolène, qui passa discrètement par la cuisine où s’affairait sa fille, fit la connaissance de Madison. Après quelques échanges sympathiques, Ségolène lui proposa de rencontrer Victor, le père de Chloé. Après un regard vers Chloé qui lui fit un clin d’œil et indiqua qu’il ne restait quasi plus rien à préparer dans la cuisine, Madison suivit Ségolène qui l’introduisit dans le bureau professionnel de Victor, notaire de son état, qui parut bien austère à Madison.
Sans lever le nez de ses papiers, il lui indiqua,
— Prenez place, jeune fille.
Quelque peu impressionnée, Madison obtempéra et tenta de briser la glace avec un petit trait d’humour.
— Je ne savais pas que vous organisiez des consultations pour les amis de votre fille, Monsieur d’Outrepont. Ça tombe bien, je comptais justement rédiger mon testament.
Il leva les yeux vers elle, esquissa un sourire, mais reprit la lecture des feuilles qu’il avait devant lui.
Le temps sembla très long à Madison qui se demanda ce qu’elle faisait là. Elle finit par l’interpeller,
— Pourquoi avez-vous demandé à me rencontrer si vous n’avez rien à me dire ? J’aimerais comprendre. Je vais peut-être vous sembler impolie, mais, si vous n’avez rien à me dire, je préférerais retourner auprès de mes amis plutôt que de vous contempler en train de lire vos dossiers.
De but en blanc, il lui demanda,
— Comment se porte Valérie ?
Interloquée, Madison demanda,
— Valérie ?
— Votre mère.
— Comment … Comment connaissez-vous son prénom ?
En lisant le papier qu’il tenait dans la main et sans répondre à sa question, il lui demanda,
— Vous êtes bien Madison Delatour, la fille de Valérie Delatour ?
— Oui, c’est bien cela.
— Elle vit toujours du côté de Tournai ?
— Non, elle vit dans le sud de la France, près de Nice, avec son époux.
— Ah, elle s’est donc mariée ! Il est votre beau-père depuis combien d’années ?
— Juste un an, mais…
— Il ne vous a pas élevée alors…
D’abord sans voix, Madison finit par exploser,
— Mais qui êtes-vous ? Comment connaissez-vous le prénom de ma mère ? En quoi ça vous regarde de savoir qui m’a élevée ?
Madison sentait son cœur battre de plus en plus vite ; elle avait peur de comprendre ce que cela pouvait bien signifier. Que connaissait-il d’autre sur elle ? Qu’y avait-il d’écrit dans ces papiers éparpillés sur le bureau du père de Chloé ?
Victor lui dit alors, de la façon la plus neutre qu’il put,
— Je suis votre père.
Madison sentit sa tête exploser. Spontanément, elle lui répondit, sur un ton vif,
— Je n’ai pas de père, vous n’êtes pas mon père !
— Pourtant, je le suis. Et vous êtes le portrait craché de ma mère au même âge.
D’une voix plus basse, sidérée, Madison répéta,
— Je n’ai pas de père, vous n’êtes pas mon père.
Elle hocha négativement la tête et ajouta,
— Vous ne vous êtes jamais enquis de quoi que ce soit me concernant, je ne suis rien pour vous, vous n’êtes rien pour moi.
D’une manière un peu robotique, elle se leva et quitta la pièce. Encore sous le choc de l’annonce, elle passa directement par le hall d’entrée, prit son manteau et quitta la maison des parents de Chloé. Elle avait besoin de respirer, elle avait besoin de partir loin de cet homme et de ce qu’il affirmait.
Elle n’avait pas de père.
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