Chapitre 2 La promenade maritime

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Madeleine s’éveilla lentement et porta une main à sa poitrine. Bon Dieu mais de quoi souffrait-elle ? Puis elle se souvint de cette injuste séparation avec cet homme. Qu’elle aurait aimé l’écraser ou encore le dénoncer à la maréchaussée ! Tant de haine dans une petite femme au grand cœur ! Et celui-ci était si peiné qu’elle n’arrivait point à passer à autre chose. Elle se remémora le visage de l’amant du soir : grand, a moustache blonde, une démarche tranquille et élégante. Il l’avait convié dans un restaurent prisé de bord de mer. Tous les deux avaient pris un plateau de fruits de mer sous les regards envieux de leurs compagnons de table. Le goût salé des crustacés, l’odeur piquant de la mer, le jus dégoulinant sur la serviette de Monsieur avait fait rire la jeune femme, déjà charmée par le personnage. Puis il lui avait proposé de passer une agréable nuit arrosée de champagne. Elle l’avait suivi sans crainte et pour une jeune femme digne de ce nom, il fallait une chambre confortable.

Monsieur de la Gatanière – se nommait-il – coucha avec cette charmante dame après d’une douce promenade en bord de mer. Ce fut une longue et éprouvante nuitée aux côtés d’un homme dont elle n’’avait point donné de sa personne depuis un bon moment. Son odeur, le doux contact de sa peau et les gémissements sensuels sous les assauts de cet homme et qui prenait soin d’elle…C’est lorsqu’elle découvrit avec horreur l’absence de ce soi-disant gentilhomme qu’elle se rendit compte de son erreur. Il ne lui avait pas de mot, il était parti après s’être rassasié d’une femme ajoutée à son tableau de chasse. Digne, Dame Chevalla garda son dégoût pour elle et tenta de passer à autre chose. Trop de déceptions l’avaient détruit à petit feu et elle fut incapable de garder cette douleur pour elle.

Les larmes aux yeux, elle s’habilla légèrement au vu du beau temps annoncé. Amsbourg était une ville où il faisait bon y vivre : la mer où de nombreux habitants venaient se promener en couple ou tout simplement seuls pour respirer l’odeur des algues, les nombreux salons étalés dans les plus beaux hôtels sur la côte. La population y était joyeuse, parsemés de jeunes bourgeois heureux de vivre. Tout avait été aménagé pour accueillir la bonne société. Ne parlons même pas des pauvres coincés vers les terres ou vers la mer occupant des emplois souvent mal payés.

Madeleine demeurait très riche depuis la mort de ses parents, elle n’avait jamais besoin de rien. Propriétaire d’un bel appartement situé en bord de mer et une simple bonne pour s’occuper d’elle suffisait pour lui rendre la vie confortable et riche de rencontres. Les restaurants et les courtisans ne se faisaient pas rare dans cette ville enflammée et remplie d’événements. C’est pour cela que la jeune femme avait décidé de s’installer ici, elle voulait changer d’air et guérir du deuil douloureux. Elle allait mieux mais l’amour lui manquait.

Elle sortit à 3 heures de l’après-midi où l’ambiance régnait sur les plages. Elle se promena doucement en arpentant le petit chemin de sable jusqu’au bord de mer. Elle enleva ses sandales, se mit à marcher en respirant cet air frais qu’elle aimait tant. L’été n’y était jamais trop chaud, il suffisait de sortir pour s’aérer et ne pas suffoquer sous la canicule. Madeleine possédait un endroit de prédilection : à l’autre bout de la plage, un gros rocher où elle s’asseyait face au coucher de soleil. Elle s’y rendit en espérant apaiser la haine qui couvait en son cœur. Elle regarda les vagues lécher les parois du rocher, les rayons disparaître derrière cette immense étendue d’eau salée. Les instants s’écoulaient jusqu’à ce que la rêveuse en ait assez mais elle ne se lassait jamais d’imaginer les contrées lointaines. Pourquoi ne voyageait-elle pas ? Aucune contrainte, pas de mari et assez d’argent pour faire au moins un ou deux pays. Ses parents encore vivants, ils voyageaient lorsqu’ils le pouvaient à quelques kilomètres de chez eux afin de visiter des villages ou simplement pique-niquer dans un champ. Elle n’avait plus tout cela et livrée à elle-même, la jeune femme peinait à trouver un mode de vie équilibré. Que pouvait-elle faire pour ne plus souffrir et faire disparaître cette douleur ? Elle mit la main sur la poitrine, inspira profondément et regarda le paysage. Si elle mettait son cœur dans une bouteille pour la transporter jusqu’à ces malfaiteurs responsables de son mal-être ?

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