Tic tac, tic tac, tic tac fait l'horloge du monde, et pourtant le temps n'existe pas. Du moins pas pour moi. Il est passé, présent, futur. Heures, minutes, secondes. Il est ici et là, proche et lointain, nulle part et partout en même temps.

Pour moi, le temps d'un dernier battement d'aile d'un papillon est identique au premier souffle d'un nouveau-né. Le temps n'existe pas mais je suis là depuis toujours.

L'on ne me voit pas, l'on ne m'entend pas, l'on ne me sent pas. Et lorsqu'enfin l'on me voit, il est déjà bien trop tard. Et ceux qui parviennent à m'apercevoir préfèrent oublier. Ils ne peuvent le supporter et font abstraction de ma présence.

C'est plus simple, plus pratique, plus logique. La peine est déjà tellement forte.

Moi, je ne la ressens pas. Je vois les mêmes émotions, depuis aussi loin que je me souvienne, sans qu'elles ne me touchent. Si elles le faisaient, peut être ne serais-je plus capable d'accomplir la tâche qui m'est dévolue.

Vous devez sûrement vous demandez qui je suis, n'est-ce pas ? Ou peut être l'avez-vous déjà trouvé. Les êtres humains sont parfois étonnants. Ils ont des réactions qui m'échappent. J'ai assisté à leur naissance, à leur élévation au dessus des autres bêtes terrestres. Je les observe depuis le tout premier jour, depuis leurs premiers pas.

Mais leurs émotions... leurs émotions... elles sont parfois tellement incompréhensibles.

Mon apparence est comme la leur, mais alors qu'eux sont animés par mille et unes émotions, je ne suis que vide et froideur.

Je ne suis rien et je suis tout à la fois. Je suis l'ultime visage qu'ils voient avant de fermer les yeux à jamais.

Je n'ai pas de temps, je n'ai pas d'âge. Les siècles défilent en l'espace d'un battement de cils. Je coupe les fils du temps de chaque créature vivant sur cette Terre.

Je suis celle que l'on craint ou que l'on ne nomme pas. A travers toutes les langues j'ai reçu bien des noms. La Faucheuse, la Muerte,... etc... Tantôt aimée et désirée, tantôt crainte et redoutée.

Je suis la Mort.