Chapitre quatrième

5 minutes de lecture

Godric savait que des sorciers vivaient à Londres, mais il ne les fréquentait que peu. Malgré cette absence de contacts appuyés, le nom de Ollivander lui était parvenu, preuve s’il en était du talent de ce fabricant. Lui-même tenait sa baguette d’un fabricant traditionnel de son pays natal. En bois de prunelier, longue de douze pouces, elle ressemblait à son maître : épaisse et solide. Son cœur provenait d’un griffon, mais il ignorait quelle partie exactement.

Tandis qu’il cherchait un établissement au nom évocateur, le Chaudron Baveur, Gwendoline le suivait tranquillement, la tête dans les nuages comme à son habitude en sifflotant. Si bien que lorsqu’il parvint devant l’enseigne de l’établissement d’aspect repoussant, il marqua un temps d’arrêt et la petite vint le percuter de plein fouet. Godric ricana et fit entrer la petite.

L’intérieur de l’auberge regorgeait de coins sombres. N’importe quel moldu qui serait entré ici par hasard aurait vite déguerpi, mais s’il était resté boire un verre, il n’aurait pu voir les drôles d’individus présents. Godric fut certains au premier regard d’avoir affaire à au moins un vampire et une harpie. Il s’approcha du comptoir en s’assurant de garder Gwendoline à portée de main.

— Excusez-moi, où pourrais-je trouver un certain Ollivander ?

Le patron, un vieil homme bedonnant et chauve leva les yeux du gobelet crasseux qu’il essuyait.

— Qu’est-ce que vous lui voulez, à ce Ollivander, si jamais j’le connais ?

Godric sorti partiellement de sa poche sa baguette.

— Je cherche quelque chose qui ressemble à ça, pour la petite.

— Ah ouais, je vois ! Dit-il, soudain plus cordial. Ben vous ressortez, vous passez par la ruelle et vous tomberez sur une petite place. Vous verrez que les boutiques y sont fort intéressantes.

Il ponctua sa phrase d’un clin d’œil grimaçant qui découvrit partiellement ses dents jaunies.

Godric ressorti de l’endroit et avisa effectivement un passage minuscule qu’il n’avait pas remarqué avant. Une ruelle sombre et étroite longeait le mur du Chaudron et on apercevait au bout un rectangle de lumière. Parvenus au bout de ce passage, Godric et Gwendoline découvrirent un spectacle auquel ils ne s’étaient pas attendus.

Une petite place circulaire accueillait une demi-douzaine de boutiques. L’une vendait des robes de sorciers, une autre des grimoires, une autre encore des hiboux et d’autres animaux. La boutique d’Ollivander se trouvait juste en face d’eux, exposant fièrement des baguettes en vitrine sous une enseigne neuve qui clamait : « Olivander, fabricant de baguette depuis 382 av. JC. »

Sur la place, des sorciers et des sorcières en tenue traditionnelle discutaient, faisaient leurs achats, certains baguettes en main, sans se soucier d’être vus. L’un d’eux portait même sur son épaule un magnifique hibou grand-duc. Godric s’étonnait du manque de discrétion de ces gens et de cette place, mais compris qu’il devait se trouver dans un de ces lieux qui depuis récemment, bénéficiaient de sortilèges destinés à empêcher les moldus de les trouver.

Certains sorciers lui adressèrent un signe de tête amical. Il reconnut pour l’avoir déjà vu chez son père le vieux Malefoy, un sorcier d’une vieille lignée d’aristocrates. Godric ne l’appréciait pas beaucoup, mais il pouvait s’avérer utile de ne pas le froisser : il était un notable non seulement chez les sorciers, mais aussi chez les moldus. Un ou deux autres visages lui parurent familier, il adressa une salutation discrète mais aimable à chacun en se dirigeant vers la boutique.

A l’intérieur, des étagères croulaient sous le poids de dizaines, de centaines de boites rectangulaires de quinze pouces environs. Ici et là, de solides branches de hêtre, de houx, de chênes et d’autres essences traînaient sous une table ou contre une étagère. Godric avança jusqu’au comptoir et fit tinter la petite cloche qui se trouvait là. Elle émettait bizarrement le son lointain d’une cloche beaucoup plus grosse.

— Bien le bonjour, mon bon monsieur ! Vous désirez ? Demanda une voix venue de l’arrière-boutique.

— Bonjour. Monsieur Ollivander ?

— Lui-même ! Affirma un homme dans la trentaine, brun, le visage vaguement méditerranéen.

— Je voudrais une baguette pour la petite.

— Ha, je vois, c’est une première baguette j’imagine ? Voyons voir…

Le boutiquier s’empara d’un mètre-ruban et mesura Gwendoline sous tout un tas d’angles, plus improbables les uns que les autres. Que pouvait bien à voir le tour de tête avec une baguette ?

—Oui, je vois… Quelque chose de… De gai et de fantaisiste… Hum… Ha !

Il disparut derrière un présentoir et reparut avec une douzaine de boîtes.

— Essayez voir celle-ci, mademoiselle.

Gwendoline s’empara de la baguette et fit un moulinet. Il ne se passa rien.

— Non. Voyons voir celle-ci. Bois de rose, cœur de farfadet.

La fillette s’empara de cette baguette et senti aussitôt comme un courant d’air chaud dans ses cheveux. Elle fit un geste avec enthousiasme et des étoiles colorées jaillirent du bout de la baguette, filant dans la boutique avant d’éclater en une myriade de petits pétales blancs qui s’évanouirent dans les airs.

— Ca ne fait aucun doute, cet instrument est fait pour vous ! s’exclama Ollivander.

— Combien cela coûte-t-il ? Demanda Godric.

— Venez par ici, que nous pesions tout ça.

Le fabricant de baguette les guida jusqu’au comptoir où se trouvait sa caisse et une balance.

— Je suis plutôt content, je dois dire. C’est mon père qui a fabriqué la plupart des baguettes que vous voyez ici. C’est d’ailleurs lui qui continue d’en assembler la plupart. Mais celle-ci, c’est moi qui l’ai faite ! Alors voyons… Vous voulez conserver la boîte ?

— Non, merci, ça ira.

— Alors, ça vous fera trois onces d’or et deux d’argent. Mais comme je vous disais, c’est la première baguette que je fabrique moi-même à être vendue, donc, je vous fais grâce de l’argent.

Godric ouvrit sa bourse et tria les piécettes d’or qui s’y trouvaient.

— Le prix des baguettes a augmenté, non ?

— Ici, à Londres, oui. La concurrence est rude et les fabricants rivalisent pour améliorer leurs produits. Meilleures baguettes, plus gros prix.

Il fallut une douzaine de pièces pour atteindre les trois onces.

— Il va falloir que j’aille voir les gobelins avant que je n’amène Arthur ici… maugréa Godric en observant le contenu de sa bourse, après être sorti de la boutique.

— Des gobelins ? Ça existe, les gobelins ?

— Bien sûr que les gobelins existent, Gwendoline. Toutes les créatures des histoires existent, et même plus !

— Et pourquoi il faut aller voir les gobelins ?

— Les gobelins ont beaucoup d’or, en général, expliqua Godric. On dit que leur roi est plus riche que le roi d’Angleterre. Ils ont toujours du travail a offrir et ils paient bien. Il faut que je leur emprunte un peu d’argent, si je veux pouvoir payer une autre baguette. Ou leur demander du travail.

Ils quittèrent la petite place et se retrouvèrent dans la rue du Chaudron Baveur. C’était une rue passante et large. Un important carrefour se trouvait un peu plus haut, dans la rue. Londres changeait, comme l’époque, et le Chaudron devrait s’adapter ou disparaître. Ou bien les deux, songea Godric.

Oui, sans doute les deux.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Djurian R ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0