(Trois semaines sont passées depuis le meurtre de Christian et l'enquête est toujours en cours. Accoudé au comptoir d'un café, dans un centre commercial de Paname, Balduin se rend compte que quelqu'un l'observe de loin.)

Serveuse: Voilà votre café monsieur.

Balduin: Merci.

Serveuse: Bonne journée monsieur.

(Il paye et récupère son café à emporté, quitte le lieu.Pendant qu'il marche, il jette discrètement des regards en arrière et voit une jeune fille brune le suivre quelques pas derrière. Il s'approche d'un coin moins remplit du centre commercial et se retourne brusquement face à Azra. Surprise, elle se fige devant lui.)

Balduin : T'es qui? Et pourquoi tu m'suit?

Azra: C'est-à-dire que... je vais dans la même direction.

Balduin: Tu vas aux toilettes pour mec?

Azra: Hum... oui?

Balduin: M'baratine pas, j't'ai vu m'matter d'loin pendant que j'commandais.

Azra: Je ne t'espionnais pas...

Balduin (la coupan): Ah oui? Et t'appel ça comment toi quand une morveuse t'fixe pendant 3 plombes et qu'ensuite elle t'suit jusqu'aux chiottes?

Azra: Ce... Oui, c'est vrai j'te suivais. Mais j'ai une bonne raison de le faire!

Balduin: Laquelle?

Azra: Et bien, tu vois, ça fait un moment maintenant que j'te suis partout sans jamais avoir eu le courage de te l'dire avant. C'est que ... (elle hésite, joue avec ses cheveux) c'est que...

Balduin: Mais aboule l'morceau. Tu m'fait perdre mon temps, putain.

Azra: C'est que je t'aime. Depuis longtemps, jour et nuit.

Balduin: Euh... (Il la regarde, regarde ailleurs un air sérieux sur le visage et la regarde à nouveau. Puis il se tourne de profil, se frictionne le visage et soupir) C'quoi ton nom?

Azra: Azra Abergel, j'ai 19 ans et je suis juif. Et toi tu es Balduin Bauer, un allemand de 22 ans!

Balduin: (avec un mouvement de recul) euh, ouais. T'es bien renseignée, pire qu'les poulets. On s'connaît?

Azra: Moi j'te connais.

Balduin: Ouais bref, Azra, j'suis d'solé mais les gamines c'est pas mon style. J'pourrais jamais t'aimer.

Azra: Pourquoi ça?

Balduin: Ben, on est pas pareille.

Azra: (rit doucement) Bien sûre, je suis une femme et toi un homme.

Balduin: (d'un ton ironique) Sans blague? (sur un ton normal) J'veux dire qu'jamais j'pourrais aimer une juif.

Azra: (avançant d'un pas dans sa direction) Mais je t'aime moi. Je t'aimerai toujours! Et je me fiche bien que tu sois allemand, chinois ou je ne sais quoi d'autre. Je t'aime à en mourir! Si c'est parce que ma famille est juive alors pas de problème, je les renierai pour toi. Parce que notre amour est plus important. (elle s'avance encore d'un pas) T'en fais pas, tu finiras par m'aimer toi aussi. Sors avec moi, que dis-je, fiançons-nous et ensuite marions-nous! Nous aurons une magnifique maison et de beaux enfants et nous vivrons heureux jusqu'à la fin des temps.

(elle l'attrape par le tee-shirt et tente de l'embrasser. Balduin la repousse)

Balduin: (Sur un ton irrité) Bordel, mais t'es malade! Qu'est-ce tu comprends pas dans NON?! J't'aime pas, point! J't'aimerai jamais d'ma vie, rentres-toi ça dans l'crâne pove folle! Maint'nant lâche-moi la grappe et t'approche plus jamais.

Azra: Non. Attends!

Balduin: Lâche-moi ou j'appelle les keufs pour harcèlement.

Azra: Tu peux pas nous faire ça.

(Balduin commence à partir. Azra crie)

Tu peux pas me quitter! Balduin! Jamais! Tu m'entends? Jamais je ne laisserai quiconque nous séparer, pas même toi! Je ferais tout pour notre couple, je tuerai pour toi. Je tuerai n'importe qui comme j'ai tué ton père!

(Balduin s'arrête. Quelques secondes passent silencieusement. Azra, les yeux fous respire bruyament.)

Balduin: (la voix basse, toujours de dos à Azra) Qu'est-ce t'as dis?

Azra: (Soulagée, les yeux exprimant toujours sa folie) Enfin, haha. Tu m'écoute. C'est bien, tu deviens raisonnable.

Balduin: (crie) Qu'est-ce t'as dis? (Il se retourne, furieux) C'est toi? T'as tué mon père, espèce de salope!

Azra: Oui. (rit) C'est vrai, c'est moi. (Parle de plus en plus vite) C'est moi, je l'ai tué, c'est moi. J'l'ai fait pour nous, pour toi et moi, il voulait nous séparer j'avais pas le choix j'devais le faire pour notre amour pour notre couple.

Balduin: (Se précipite sur Azra et la gifle. Elle tombe. Il hurle.) La ferme! Comment as-tu pu faire ça? C'était mon père!

Azra: (Hurle à son tour.) Et il voulait nous séparer! Il était une nuisance à notre union, j'nous en ai débarrassé. Sois en reconnaissant. (Son ton s'adoucit, un tendre sourire sur le visage)J'te l'ai dit mon chéri : je ne laisserai personne nous séparer. Plus vite tu comprendras que nous sommes fait l'un pour l'autre plus vite on pourra vivre heureux, ensemble. On aura une vie de conte de fée.

Balduin: Putain mais t'es taré, arschloch.

Azra: Je t'aime.

Balduin: T'es qu'une putain de meurtrière. Sale juif!

Azra: Je l'ai fait par amour, pour toi.

Balduin: Mensonge! Y a pas d'nous. Y a qu'toi, toi et ta putain d'folie. Sale juif! Va en enfer!

Azra: Oui. Je suis folle, mais folle d'amour. Et je ne laisserai personne t'éloigner de moi. Pas même toi. Tu m'entends? T'as pas le droit de me quitter, je te l'interdit. On est ensemble à jamais, jusqu'à la mort et au-delà. On mourra ensemble et on montera ensemble rejoindre Elohim. Mets-toi ça bien dans le crâne mon chéri.

Rideau.