S'en ta présence
J’entends ton souffle sous mes doigts, plus fort que tes mots dans le creux de mon oreille. Ton cœur bat contre mes pensées désordonnées qui m’esquivent tandis que je tente de te regarder dans les yeux, mais tes yeux me fuient pour devenir rivière puis ciel, puis souvenir, puis vide. Vide sans retour perdu dans les néants méandres de mes sensations qui ne savent plus s’aiguiller entre les paroles qui coulent autour de mon cœur et les frissons qui pleuvent le long de ma colonne vertébrale. J’ai les émotions dans le diaphragme qui descendent jusqu’à mon cerveau et l’instinct palpitant qui se fige au rythme du tien.
Ma peau se hérisse de ton absence si proche pourtant, brûlante de tant de présence invisible alors que tes bras m’enserrent au point que ma conscience se défait contre ta tendresse. Douceur de s’endormir contre ton fantôme tangible, muée en terreur de m’éveiller sous tes doigts gelés qui n’existent plus que par la force des désirs tourmentés. Je me chamboule les sentiments en permanence d’abstractions, conceptualisation de ton vif qui échappe à ma vue alors que tu te tiens devant moi, là, juste là… pourtant je ne fais que te deviner quand tout mon corps me cries que tu existe mais mon esprit… gouffre de vie qui me tourmente en farandole d’orage alors que scintillent les éclats de la démence. Ma peau te ressens, t’appelle et t’oublie tout à la fois, te percevant nulle part tandis que tu te colles à moi. Être sans présence et briller par ton irréalisme ; génie de toi. Mes sensations guident des pas figés qui s’évaporent sitôt esquissés sur ce chemin qui mène à toi – qui ne mène à rien. J’entends ton silence en filaments de flocons enchaînés, impatience graphique qui martèle mon sommeil en cauchemars pluvieux. Tu tambourines à mes tympans qui n’entendent que mon cœur – bam… bam… bam – en résonance de ma peur.
Tes parfums se sont emmêlés dans mes draps ; les souvenirs revivent dans leur froideur boisée. Le printemps frappe à ma porte pour m’apporter le vent mort dès le pas de la fenêtre, drapé des rideaux mous qui retombent sur ton visage… Visage informe et difforme dont je ne revois que l’éclat disparate des nuages qui luisaient dans tes yeux ; yeux en nuances de bleu, nuances mentales.
Et sonnent les cors qui tonnent dehors dans le chant des oiseaux. Oui, le printemps est venu, m’éveillant au cœur de la nuit par leurs pépiements qui ne sont qu’une facette de mon imagination. Le sommeil se tapisse sur ma peau pour assourdir les sensations qui tu y imprimes. En ta présence, j’ai des peurs qui m’abîment ; sans toi, je les redessine.
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