L’odyssée gustative
Le Goût se réveilla, confus. « Où suis-je? » demanda-t-il à la première saveur qui passait par là. “Dans une carotte,” lui répondit-elle, pleine de douceur sucrée.
Le Goût adorait les carottes, mais il n’eut guère le temps de savourer. Un lapin affamé la croqua, et le voilà transporté dans une autre dimension gustative.
La vie d’un lapin était une fête perpétuelle pour le Goût. Chaque jour, une nouvelle herbe à découvrir, chaque saison une nouvelle racine à explorer. Mais un jour, alors que le lapin grignotait tranquillement, un renard surgit.
Le Goût aurait pu s’effrayer, mais il était trop intrigué par ce nouveau régime carnassier. C’était épicé, audacieux, et parfois même un peu dangereux. Jusqu’au jour où le renard rencontra un ours.
L’ours aimait le miel. Oh, comme le Goût aimait le miel! Doux, visqueux, il glissait dans la bouche avec une lenteur exquise. Mais le Goût ne pouvait rester inactif longtemps. Un jour, alors que l’ours pêchait, il fut pris au piège par des hommes.
L’homme cuisinait. Le Goût était en extase. Des épices, des saveurs, des textures qu’il n’avait jamais imaginées. Mais, comme toutes les bonnes choses ont une fin, l’homme vieillit et mourut, retournant à la terre d’où il venait.
Sur sa tombe, une graine germa, puis un arbre poussa. Sur celui-ci, une pomme mûrit. Elle fut cueillie et, au moment où des lèvres la croquèrent, le Goût sut qu’il était éternel, toujours en mouvement, toujours en transformation. Après tout c’est ça la vie, un plat qui se déguste à chaque instant.
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