Le blocage remonte à l’enfance. Profond donc. Il m’a fallu du temps pour le surmonter. 42 ans. Je l’ai fait par amour. L’amour peut tout.

Ils sont là, la famille. Je suis enfant, ils me regardent et m’encouragent. C’est toujours en fin d’année. Ils me disent : Tu peux le faire, vas-y essaie, tu sauras jamais si tu ne le fais pas, courage, lance-toi, tu ne sais pas ce que tu loupes, oses… Mais voilà, jamais pu ! Bloqué. Je franchis pas le pas. Impossible, au-dessus de mes forces. Puis je grandis. Tous les ans je veux oser, je failli mais je ne le fais pas. Mes amis, mes proches, mes connaissances, tous veulent m’aider et me soutienne. Rien à faire.

42 ans, nouvel amour. Je l’aime, elle m’aime. Je vais le faire. Pour elle. Ils sont là, elle et les autres. C’est moi qu’ils regardent. Tous suspendus à mes lèvres. Comme dans mon enfance. Je prends sur moi. Je ne veux pas les décevoir. Elle surtout. A nouveau ils m’encouragent. Comme tous les ans, depuis l’enfance. Je dois surmonter mon appréhension, mes préjugés, ma peur, mon dégoût. Ancrés en moi depuis toujours. Je dois oser. Être courageux. Franchir le cap. Passer de l’autre côté. Je veux que celle que j’aime soit fière de moi ! Je me lance… Préparation comme un rituel, profonde inspiration. Silence autour de moi. Il va le faire, je vais le faire. Je le fais ! Cris, applaudissements, on me félicite. Bravo ! Je suis fier de moi ! « Tu vois, c’est pas si terrible de manger une huître ! » Elle me dit. Elle a raison. Elle m’aime, je l’aime et j’aime les huîtres. Je vais en reprendre une d’ailleurs, j’ai des bourriches à rattraper. Dans la vie il faut oser. Si possible avant 42 ans.