13 janvier 1949. La lumière.

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Hank apparaît tout à coup dans l'embrasure de la porte et analyse la scène en quelques secondes. Je m'apprête alors à me justifier quand il braque un revolver sur Ashton. Un autre cri. Ce dernier desserre enfin son étreinte et fait face à celui qui retient finalement la vie de toutes celles qui travaillent pour lui. Ashton titube en s'avançant.

- Je vous présente mes respects, Monseigneur de ce cabaret miteux !

- Déguerpis avant que je te le fasse comprendre autrement, siffle Hank, de grosses gouttes de sueur coulant le long de ses tempes.

- Je m'en irai quand je l'aurai décidé ! J'ai tout perdu et je ne pars pas sans eux, articule lentement Ashton en me montrant vaguement du doigt.

Hank semble soudain perdu.

- Sans eux ? De qui tu parles ?!

Mila et moi ressentont immédiatement l'urgence de la situation. Je me place devant Ashton pour l'arrêter dans son avancée, et, les mains tendues devant elle, Mila tente de capter le regard de celui qui la fait tant souffrir.

- Hank, calme toi, chuchote-t-elle. Baisse ton arme et...

Il la gifle soudain d'un revers de la main.

- Tu n'as rien a dire ! Rien à décider ! Ne te met plus en travers de mon chemin ou je te renvoie dans la rue où je t'ai trouvée ! hurle-t-il, les yeux écarquillés.

Mon amie, au sol, se tient la joue, la lèvre ouverte, les yeux embués de larmes et encore brouillés par cette poudre dans laquelle elle s'est réfugiée pour supporter son quotidien devenu infernal avec lui. Hank se tourne alors vers Ashton, son arme toujours braquée sur nous.

- Je répète ma question. De qui tu parles ?

Je regarde discrètement vers la porte de ma loge. Santos. Ashton pose sa main sur mon épaule et me pousse lentement sur le côté. Les yeux toujours rivés sur notre dragon, il s'avance encore d'un pas.

- Je parle de Graciela et de mon fils.

Un silence de plomb s'installe. Non ! Pourquoi avoir tout révélé ?! Le regard injecté de sang, Hank me dévisage pendant quelques secondes qui me semblent malgré tout interminables. Je commence à avoir avoir du mal à respirer.

- Tu peux me dire de quoi il parle ? me demande-t-il, étrangement calme.

Mais je n'ai pas le temps de répondre. Ashton, encore plus confiant que d'habitude à cause de la boisson, le défie en souriant.

- Je parle de mon fils ! Graciela ne vous a rien dit ? J'ai fait un enfant avec elle ! C'est le mien ! Et j'ai tout perdu ! Alors je les emmène loin d'ici et de votre cabaret mer...

Ashton ne termine pas sa phrase, interrompu par des pleurs. Des pleurs d'enfant provenant de ma loge. Santos ! Non, s'il-te-plaît ! Calme-toi, mon trésor ! Je t'en prie ! Paralysée par la peur, je supplie Hank du regard pour qu'il ne lui fasse aucun mal. J'étouffe. Pourquoi ai-je la sensation d'être clouée au sol ? Je me sens impuissante face à celui qui me terrifie plus que jamais. Il va s'en prendre à lui ! Non ! Aucun son ne parvient à sortir de ma gorge. Pour la première fois depuis la naissance de mon enfant, je suis tétanisée.

Hank baisse alors son arme, me jette un dernier regard empli de rage, et se dirige lentement vers ma loge. Non ! Mon bébé ! Par une force que je n'avais jamais soupçonnée, je trouve enfin le moyen de me précipiter vers Hank pour protéger mon fils. Mais Ashton semble avoir eu le même réflexe. Le dragon, d'un geste leste, relève alors son revolver vers nous, son attention toujours fixée sur la cachette de mon enfant, et tire dans notre direction. Ashton, ivre au possible, me pousse sur le côté pour tenter de me devancer quand... un autre cri... et puis, plus rien.

Non. Plus rien. Le temps arrête sa course. Plus rien n'a d'importance. Plus rien ne m'atteint. Tout est calme et serein. Lumineux. Pur. Tout est beau et tranquille. Je respire et je me sens libre.

Je comprends, maintenant. Ça y est, je suis devenue une lumière.

Je suis devenue un diamant...

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12 mai 1947. New York. En pleine rue.

Fraîchement débarquée sur le sol américain, je m'arrête un instant pour admirer les environs. New York est déjà une ville sublime. Rien à voir avec La Havane. Les relations diplomatiques sont difficiles, mais j'ai réussi à fuir la misère dans laquelle je suis née pour donner vie ici à mon rêve américain. Mon existence s'ouvre enfin à moi. Je peux le faire. Je vais y parvenir ! La foule défile devant moi, tantôt pressée, tantôt battant le pavé. Les gens respirent la liberté. Elle est en eux et ils ne semblent même pas la remarquer tant elle leur est naturelle. Quelle chance !

Un jeune homme vient alors à ma rencontre. D'un charme fou, grand et blond, il me sourit et ses yeux bleus pétillent d'une malice à laquelle j'ai soudainement bien envie de succomber.

- Salut, je m'appelle Ashton ! ...

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