Joséphine
- Oh là ! Vous deux ! Dit Joséphine pour briser la discorde ; Avez-vous fini vos chamailleries de gamins, on s’en fout de savoir où est le Canada ou si une clé à molette est cousine avec une ficelle, j’ai lancé une idée et je ne vois pas beaucoup de réactions, dit-elle en lorgnant vers Armand.
- Hum ! Fit ce dernier, c’est bien une idée de bonne femme…
- Armand ! Arrête de rouméguer, dit Joséphine en haussant le ton, tu ne vas pas t’y mettre toi aussi, il serait temps de penser que le monde ne tourne pas qu’autour de toi et que si les bonnes femmes, comme tu le dis si bien, n’étaient pas là pour vous ramener à l’ordre et s’occuper de vous et de vos affaires, ce serait la pagaille ici-bas; puis elle ajouta en baissant le ton ; Moi je pense que l’idée d’Henri a du bon, Basile et Henri ferait une très bonne paire, Basile est tout à fait capable de s’occuper du domaine et Henri avec sa formation académique, plus tous ses contacts partout dans le monde, pourrait très bien commercialiser notre vin, ce serait une bonne façon pour nous de prendre la retraite ; ce qui te permettrait de t’intéresser à ce qu’il fait au lieu de le critiquer. Je te rappelle qu’il a fait des études, ce qui n’est pas le cas de vous autres, dit-elle en jetant un regard circulaire, alors que tous baissaient la tête comme des enfants qui venait de se faire gronder par leur mère. Je persiste à dire que nous pourrions très bien nous absenter pour aller visiter notre fils au Canada et peu importe si ce n’est pas aux États unis. Alors Armand ! On t’écoute…
Celui-ci était bouche bée devant les propos, sans équivoques, de sa femme.
- Pécaïre ! t’as perdu la parole maintenant qu’il est question de parler d’avenir avec ton fils ?
- Heu ! Bredouilla Armand, mais qu’est-ce qu’on va faire au Canada ?
- Macarel ! Mais c’est pas possible, il se demande ce qu’on va faire au Canada, t’as pas déjà oublié que ton fils était au Canada ? Pourquoi ce serait toujours à lui de venir nous voir ?
- Heu ! Et bien…
- Eh bien moi je vais te le dire, on va aller visiter son coin de pays, cela nous fera à tous de belles vacances et au retour vous pourrez vous asseoir et regarder ensemble comment vous pourriez assurer la transition avec Basile. Qu’en penses-tu Henri ?
- Ce serait avec grand plaisir, affirma Henri.
- Oh bonne mère ! Armand va allait s’enrichir l’esprit au Canada, il va aller visiter les Amériques, ironisa Antonin.
- Toi ! Le bricolaïre, tu ferais mieux de t’occuper de tes tracteurs cela pourrait t’enrichir la cocologie.
- La cocologie !!! S’esclaffa Émile en regardant Antonin et Armand, elle est bonne celle-là….
- Ça te fait rire toi, mécréant ! Tu sais même pas ce que ça veut dire, parce que t’en a pas toi.
- Et tous partirent à rire, sauf Émile qui effectivement ne savait pas et n’osait pas l’avouer.
- Si je comprends bien, dit Joséphine tout sourire, je dois préparer les bagages ?
- Déjà ? Fit Basile étonné.
- Il faut bien commencer un jour, alors pourquoi pas tout de suite, à moins que tu n’aies une objection Armand ?
- Euuuh ! Non ! non ! Si Basile est d’accord, alors je suis d’accord.
- Armand ! Je ne sais pas ….comment te remercier pour la confiance que tu me portes, mais il y a une chose que je peux t’assurer, c’est que tu peux compter sur moi.
- Alors buvons ! Lança Antonin, qui avait déjà levé son verre.
Et pendant que les cloches de l’église sonnaient à la volée, annonçant le mariage de Mireille, nos compères sirotaient à l’ombre de la tonnelle, en devisant sur la suite des choses.
Les cigales semblaient propager la nouvelle, seul, le chat, allongé sur la terrasse, bâillait et s’en foutait, il avait bien d’autre chose à faire que d’écouter les divagations de ces bipèdes.
Armand, tirant sur sa bouffarde, laissa échapper un rond de fumée, celui-ci dériva lentement au-dessus de la table basse, comme pour sceller ce qu’il venait d’être déclaré, comme un signe divin…
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