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chap 1

J’ai vingt-huit ans. Je n’aurais jamais davantage. Je n’irai pas plus loin. La seule chose qui reste devant moi, c’est mon passé me barrant la route. Ma vie a été coupée net. Ma carrière, mon amour, mes amis, le monde que j’avais construit autour de ma vie s’est brisé. Ses débris acérés m’empêcheront à jamais d’avancer. Par où commencer pour expliquer cette tragique fin ? L’expliquer sans l’excuser, la raconter dans toute ma culpabilité. Après tout, les etres que nous sommes, notrre personnalité véritable, ne sont jamais excusables. Les pires existences mènent tout autant aux meilleurs des humains. Les psychologues ont fait plus de mal à la clairvoyance de ce que nous sommes que les curés avant eux. D’une destinée définie par une puissance supérieure, dont nul ne connait les desseins, nous somme passés à la croyance que nous ne résultons de l’expérience que nous avons vécue, perdurant dans notre inconscient au point qu'il deccide à notre place. Dans les deux cas, nous sommes des coupables absouts d’avance. Il suffira de trois paters ou de dix séances chez le psy. Nous irons tous au Paradis...

Moi je suis un salop et un con et j’ouvre les bras en croix pour recevoir le châtiment mérité. Et cent fois pires, s’il le faut.

Il n’y a pas d’excuse à ma violence, et encore moins à ma stupidité. La première m’a fait grandir et réussir ce que j’ai entrepris, ma bêtise m’a permis de ne jamais voir le mal que je faisais et m’a finalement, pour d’autres raisons, conduit là où je suis. Ce discours ne sera pas celui de la repentance, mais celui de l’accusation. Si je me repents maintenant de ce que j’ai commis, ce n’est pas par intelligence, c’est la souffrance, ma propre souffrance égoïste, qui m’a ouvert les yeux.

Ma violence était là, depuis l’enfance, elle s’en est prise à tout. À mes parents et au reste de ma famille, à ceux qui ont simplement croisé mon chemin de trop près, à ma propre personne. C’était ma façon d’avancer, la seule source que je trouvais pour puiser l’énergie dont j’avais besoin. Cette lutte permanente, cette recherche du défi, de la difficulté à vaincre, ne sont que l’expression même de cette violence. Si je voulais m’améliorer, c’était pour être meilleur que les autres, pour le leur prouver, et finir par les humilier en leur montrant leurs failles et leur faiblesse. Si j’ai voulu avoir davantage, c’est pour être plus riche qu’eux, pour gagner ce qu’ils ne gagneraient jamais, pour avoir le plaisir de ne pas les aider alors que je le pouvais, pour les voir crever sans pitié comme l’expression de ma victoire. J’ai pris tout ce que je pouvais en faisant en sorte que les autres n’aient rien.

Après mes études, je me suis lancé dans la musique. J’avais déjà un bagage, la clarinette, la batterie, puis j’ai commencé à travailler toutes sortes de logiciels de DJing, mixage, production, remix, etc. Le programmeur d’une discothèque connue sur Paris et dans le monde a repéré mes morceaux sur une plateforme internet. Il m’a proposé directement un passage sur une des meilleure sccene parisienne. Tout de suite, fort de ce petit succès et de mes présentations durant les soirées lycéennes m’amenèrent une gloire suffisante pour avoir le choix des corps à prendre et des cœurs à briser. Je papillonnais ainsi le cœur léger et l’égo gonflé à bloc, butinant de fille en fille, jusqu’à rencontrer Marion. Elle représentait tout ce que je pouvais imaginer rechercher chez une fille, et même davantage, bien caché. Je n’eus de cesse de tout faire pour la rendre amoureuse, car je savais que c’était mon seul moyen de la posséder, elle était bien trop libre, de caractère indépendant. Ce faisant, je me rendais, par simple retour des choses, moi-même très amoureux. Une terrible relation commençait alors à s’installer dans le triangle infernal, possession, domination, souffrance. De l’envie de posséder naquit une jalousie maladive, de celle qui vous assure que vous n’arriverez jamais à posséder l’autre complètement. De la recherche de domination réciproque, un engrenage de violence sans fin. De la frustration de vivre tous ses désirs jamais totalement assouvis, la douleur infinie de chaque insatisfaction. La souffrance lièe à la violence tant intellectuelle, sentimentale que physique. J’avais la plus belle des femmes, qui m’aimait comme l’homme de tous ses désirs. Partout, je l’exigeais à mes côtés, pour mieux montrer à quel point elle était à moi. Partout, je la voulais comme un trophée qu’on soulève bien haut, ou des médailles qu’on arbore sur la poitrine avec fierté. Elle était mienne, elle m’aimait, je pouvais alors tout exiger d’elle pour mieux le prouver aux autres et à moi-même.

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