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J’aurais pu lui porter secours, j’ai préféré chercher à fuir dans une mort égoïste et confortable. Ne pas affronter les conséquences, ne pas accepter l’injustice de ce qui allait venir, injustice de tout perdre pour le geste de trop, affronter le pire pour une sorte d’accident. Ne voyant pas clairement ce qu’il y avait à assumer dans tout ça, la mort était la seule sortie de secours de l’impasse d’une vie qui venait de perdre tout son sens.
Condamné. Symbole de la violence faite aux femmes, assassin. Tous mes anciens amis me trainèrent dans la boue dans la presse. La justice fit son travail. Je suis sorti de prison, 5 ans plus tard. Notre consommation de drogue et d’alcool et nos disputes permanentes ont donné des circonstances atténuantes. Ma fortune a été dilapidée, par ma condamnation, par les avocats, les maisons de disques qui m’ont attaqué, et les sponsors de même. Il ne reste rien de ma gloire passée. Mon visage est défiguré malgré les multiples chirurgies. Je suis devenu dépendant à l’héroïne après les longs traitements à la morphine que me proposaient l’hôpital puis la prison. J’ai été violé plusieurs fois durant ma détention, la dernière fois, ils se sont aidés d’un bâton qui a transpercé l’intestin et fait exploser la vessie. Je suis obligé de me promener avec une poche en plastique qui se remplit d’urine en permanence. Je ne suis que la pâle déchirure de moi-même. Un papier de toilette usagé. Je suis le perdant, la victime de ma propre personne. Mais tout cela n’est surement qu’un début, alors j’attends le pire. Quelque chose qui me ressemble, qui ressemble à ce que j’ai toujours été, à la hauteur de la gravité de la faute que j’ai commise.
Pourtant, certains fans reviennent me supporter sur internet, une partie de ma famille m’a pardonné, la psychologue, qui me suit depuis le début de mon incarcération, parait amoureuse de moi maintenant…
Malgré tout, j’ai vingt-huit ans, et je n’irai pas plus loin.
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