« Je ne pensais pas que les ennuis arriveraient si vite.

- Tu crois vraiment que c’est le moment de te plaindre ?

- Sérieusement, Pavel, étions-nous obligés de tomber sur une meute de loups ?

- Contente-toi d’éviter de mourir, Sergey. »

Les Chasseurs jumeaux se trouvaient dans une situation plus ou moins dangereuse. En traversant une forêt de l’ouest de l’Empire, leur route avait croisé celle d’une dizaine de loups affamés.

Au moins ce ne sont pas des loups géants. pensa Sergey.

Il descendit de son Ipsa et dégaina son épée. L’un des animaux se jeta immédiatement sur lui. Il l’arrêta facilement.

« Sergey, utilise tes incantations !

- Pas envie. Pour une fois qu’il y a de l’action, autant pimenter la chose. »

Il s’interrompit le temps de tuer un autre carnassier.

« Et puis franchement, reprit-il, que crois-tu que des plantes puissent faire contre des loups ?

- Ce n’est pas à moi de t’apprendre comment utiliser ta capacité spéciale. » répliqua son frère.

À cet instant, un prédateur le fit tomber de son Ipsa. Il se retrouva au sol, les mâchoires de l’animal à quelques centimètres de son visage.

« Pavel ! » s’écria Sergey.

Il tenta de le rejoindre, mais son frère parvint à se débarrasser du loup d’un coup de couteau. Il se releva et se mit en garde. Un animal arrivait de chaque côté. Il ferma les yeux et des flammes commencèrent à l’entourer. Quand il les rouvrit tous les loups prirent brusquement feu. La combustion fut instantanée et dura quelques secondes. Finalement Pavel étendit la main et les flammes cessèrent de dévorer les carcasses des animaux. Il y eut quelques crépitements, accompagnés d’une odeur de chair brûlée. Les jumeaux considérèrent la scène un instant puis Sergey esquissa un sourire sombre et déclara :

« Joli. Pourquoi ne pas avoir fait ça dès le début ?

- Un réflexe. J’en ai eu assez.

- Rappelle-moi de ne jamais t’énerver. Mais en tant que Chasseur, tu es censé pouvoir le contrôler, non ?

- Dit celui qui n’utilise jamais sa capacité spéciale.

- Elle est inutile.

- Vraiment ?

- Très franchement, à quel moment contrôler les plantes peut me servir à quoi que ce soit dans ma vie ?

- Il y a bien… »

Mais Pavel ne termina pas sa phrase.

« Quoi ? demanda Sergey.

- Rien, j’allais faire une plaisanterie digne de ton esprit d’enfant.

- Ce serait bien une première ! Et merci pour le compliment. ironisa-t-il. Mais poursuis, je suis curieux de savoir ce que tu t’apprêtais à dire à propos du fait que je sois un ëar.

- Tu peux toujours offrir des fleurs à Shynar.

- Idiot.

- Pour une fois que je me laisse aller à une plaisanterie.

- Tu aurais pu en choisir une autre. Mettons-nous en route à nouveau.

- Tu as raison, approuva Pavel, notre mission ne peut attendre.

- Je crois déceler une once de moquerie dans ton ton.

- Mes soupçons ont été confirmés.

- Si tu dis ou sous-entends quoi que ce soit en présence des autres, je me chargerai de ton enterrement.

- N’oublie pas les coquelicots, ce sont mes fleurs préférées.

- N’oublie pas d’éviter les plaisanteries de ce genre, surtout.

- En ce cas, il ne me reste plus qu’à redevenir comme d’ordinaire. Sérieux.

- Excellente idée. Sur ce, oublions cette conversation et repartons. »