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Les armées étaient en ordre de bataille. Des directives fusaient dans les deux camps, tous se préparaient à l’affrontement. Une sorte de décompte figeait le centre de la scène. Soudain, comme d’un commun accord, les deux forces se mirent en mouvement. Quelques secondes irréelles s’écoulèrent. Et ce fut le choc. La mort commença son œuvre, fauchant les soldats dévoués à leur cause, impossible à arrêter. La violence des coups échangés défigurait le paysage alentour, la plaine se détruisait à mesure que le temps passait. Les armées poursuivaient leur devoir de mort, insatiables. Choc et brisure, chaque vague reculait tour à tour.
Un cavalier arriva au galop, rejoignant l’état-major impérial au sommet d’une colline. Il s’arrêta, mit pied à terre et porta un message au Général. Celui-ci l’ouvrit et une ombre soucieuse passa immédiatement sur ses traits.
« Qu’y a-t-il ? interrogea l’un des chefs de l’armée.
- Le douzième bataillon est en difficulté. Ils ont affaire à un teikhos d’une rare puissance.
- Pourtant ils sont l’élite de la deuxième armée.
- Si vous le permettez, intervint Gavriil, je vais m’en charger.
- Est-il dans votre intention d’y aller seul ? demanda le Général.
- Oui, je devrais m’en sortir. Ne vous en faites pas, je ferai attention à votre bataillon. Et au besoin, je demanderai du soutien.
- Êtes-vous certain de réussir ?
- L’avenir nous le dira. » sourit le Chasseur.
Et il s’éloigna. Satisfait de pouvoir enfin agir, il s’empressa de rejoindre son Ipsa et le lança au galop. Vers la gauche du champ de bataille, là où avait lieu la plus puissante offensive, se déroulait un combat acharné. Le bataillon d’élite tentait de vaincre le teikhos qui s’opposait à eux, leur interdisant toute progression. L’homme seul parvenait à les mettre en échec et les forces qui l’accompagnaient semblaient surnuméraires. Gavriil se rapprocha le plus possible de l’ennemi et observa quelques instants la façon d’agir de son futur adversaire. Alternant attaques ciblées et murs infranchissables, le combattant utilisait ses capacités défensives au maximum sans donner de signe de fatigue. Le Chasseur lança une incantation directement sur son bouclier. Le teikhos le remarqua et mesura immédiatement le danger qu’il représentait. Un duel s’engagea entre les deux hommes. Gavriil avait réussi à faire une diversion suffisante pour qu’il ne puisse plus empêcher l’avancée des impériaux, mais à présent l’homme concentrait ses forces sur lui et le mettait en difficulté. Attaques, parades et esquives s’enchaînaient dans le chaos de la bataille. Personne ne songeait à s’interposer entre les duellistes, un espace s’était même formé autour d’eux. Finalement, après une lutte opiniâtre le Chasseur eut raison de son adversaire. Il employa une double incantation de paralysie et de confusion qui lui permit d’achever son opposant. Sans perdre de temps il dégaina son épée et retourna aux combats. La bataille continuait.
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