Les montagnes se dressaient dans un ciel sans nuages, étincelantes de neige. Après de longues heures de voyage, ils s'étaient arrêtés à la croisée de plusieurs sentiers pour se reposer. Ils avaient rassemblé leurs Ipsa pour les désactiver, et profitaient de la vue avant de repartir.

« Quelle est notre prochaine étape ? S'enquit Sergey qui vérifiait les automates.

- Sitellenheim, indiqua Nikita, nous devrions y parvenir avant le coucher du soleil.

- Le général Sichel y est toujours en poste ? Voulut savoir Pavel.

- Oui, et il n’est pas près de céder sa place. Cela fait longtemps que je ne l’ai pas vu, je me demande ce qu’il devient.

- Vu sa réputation, dit Sergey en terminant son contrôle, je pense que malgré ses soixante ans il n’a pas encore quitté la force de l’âge. »

Pendant qu’ils discutaient, Desya avait rejoint Gavriil et s’était assis à côté de lui.

Tu te sens mieux ? demanda-t-il.

« Un peu, mais je suis toujours incroyablement fatigué. J’espère être rétabli rapidement.

- Tu as intérêt, plaisanta Nikita, car sinon je me verrai obligé de te laisser derrière.

- Hors de question, je n’abandonnerai jamais mon poste. Et je ne vais pas laisser mes camarades s’amuser sans moi. »

Ils sourirent. Gavriil s’adressa au plus jeune :

« Et toi, tout ira bien ? »

Oui, ne t’en fais pas. Tant qu’on ne descend pas trop vers le sud-est, je devrais m’en sortir...

Un silence s’installa. Pour éviter qu’il ne dure, Sergey appela son frère qui observait le paysage :

« Pavel ! Réflexe ! »

Celui-ci se tourna juste à temps pour esquiver une boule de neige. Il hésita entre l’agacement et l’amusement, puis se contenta de soupirer :

« Mais quel gamin ! »

Voyant que l’intéressé préparait une deuxième munition, il matérialisa une flamme près de sa main pour la faire fondre.

« Tu triches ! Protesta Sergey.

- Je me défends, nuance.

- Tu n’as aucun sens de l’humour.

- C’est toujours mieux que d’en avoir un désastreux.

- Eh bien, intervint Gavriil, quelle estime fraternelle !

- En même temps, répondit Pavel, je sais de quoi je parle. Il serait capable sur un quadrillage de marcher uniquement sur les carrés en évitant les lignes. »

À ces mots, Sergey eut un drôle de sourire. Son frère lui lança un regard désabusé.

« Je n’ai pas dit que je l’avais fait !

- C’est bien ce que je disais, il est irrécupérable. »

Gavriil et Desya rirent. Nikita prit la parole, sans parvenir à masquer son amusement :

« Excusez-moi de mettre un terme à cette scène fort divertissante, mais il est temps de nous remettre en route.

- Ton intervention est la bienvenue, répondit Pavel, il est plus que temps de réintégrer nos rôles de sauveurs de l’Empire. »

Il ajouta à l’attention de son jumeau :

« Et restons dignes.

- Restons quoi ? » plaisanta celui-ci.

Son frère soupira exagérément avant de rejoindre les Ipsa. Tous les cinq réactivèrent leur monture, et ils reprirent leur voyage.