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Il se trouvait au centre d’une vaste pièce, entièrement composée de miroirs. D'innombrables reflets l’entouraient, couvrant le sol, les murs et le plafond, le mettant mal à l’aise. Il s’approcha de l’une des parois, dans l’espoir de trouver un moyen de sortir. Alors qu’il posait la main sur l’une des glaces, un détail attira son attention. L'image face à lui se modifiait légèrement, et bientôt un individu différent lui rendit son regard méfiant. Le nouveau personnage était vêtu richement et portait une couronne d’argent, cependant ses traits n’étaient pas sans rappeler ceux du soldat. Ce dernier chercha dans sa mémoire à qui appartenait ce visage familier jusqu’à ce que l’évidence s’impose à lui. Il eut un mouvement de recul et retira sa main. Devant lui, de l’autre côté de la paroi, se tenait son père. Il ne s’agissait pas de celui qu’il considérait comme tel, qui après les avoir sauvés sa mère et lui avait pris soin d’eux et de sa sœur, mais du véritable auteur de ses jours. Il ne savait pas s’il avait quoi que ce soit à craindre de cet étrange reflet mais éprouvait un fort ressentiment envers l’Assassin et ses illusions. Des flocons de neige se mirent à tomber dans le monde des réflexions et l’image se troubla. Tout devint totalement blanc. Puis, progressivement, des touches de couleurs surgirent en divers endroits sur les glaces, laissant apparaître des décors, donnant vie à des personnages. Les miroirs reflétaient ses souvenirs désormais, à l’époque à laquelle il vivait encore à la cour. Sur le sol s’étendaient les jardins du palais, le plafond donnait à voir la capitale du royaume, et sur les murs apparaissaient les appartements et salles d’apparat de la demeure royale, parcourus par de nobles courtisans en grande conversation. Étrangement, aucun son ne franchissait les parois, et un impressionnant silence régnait dans la salle. Il observait tour à tour les scènes se jouant autour de lui, déconcerté. Il ferma les yeux un instant pour échapper à cet assemblage d’images éparses. Son passé était encore douloureux pour lui, mais depuis qu’il avait revu Alisa pour la première fois quelque chose avait commencé à se dénouer en lui. Il avait revécu ses souvenirs, pris le temps de considérer cette part de lui, et était résolu à ne plus les craindre. Il rouvrit les yeux, regarda le collier de sa sœur, accroché à la garde de son épée, et murmura :
« Merci de m’avoir rassuré. »
Il leva le regard, déterminé, et dit d’une voix forte :
« Tes illusions n’ont plus d’effet sur moi. Tu m’entends, Assassin ? Tu ne pourras me tourmenter avec mon passé ! »
À cet instant, une vibration parcourut la salle. Des fragments se détachèrent du plafond et tout commença à s’effondrer. Il matérialisa un bouclier mais le décor chaotique s’effaça.
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