Il généra une source de lumière et regarda autour de lui. Le bureau était parfaitement rangé quoiqu’un peu vide. Les rideaux tirés filtraient la lumière de la lune que reflétaient divers objets en argent. Sur le mur de gauche étaient fixées des étagères peu fournies en livres et au centre se trouvait une table de travail. Il reporta son attention vers celle-ci et faillit sursauter. Dessus avait été posé un étrange assemblage. Trois livres empilés, rouge, bleu et vert, deux miches de pain à côté, et sur les ouvrages un crâne blanc couronné d’or. Sa première surprise passée il s’en approcha pour mieux l’observer.

« Nikita. »

Il se retourna vivement.

« Oui, Gavriil ?

- Je t’ai fait peur ? sourit celui-ci.

- Non, c’est juste l’atmosphère de cette maison que me met mal à l’aise. Vous avez fini ?

- Oui, le bureau était la dernière pièce à inspecter.

- Parfait, rassemble les autres, je termine et on y va. »

Son camarade acquiesça et repartit. Cela faisait plusieurs heures qu’ils fouillaient la vaste maison pour récolter des indices. Il s’agissait de celle de l’assassin, qu’ils avaient pu localiser dans une ville voisine après avoir investigué la chambre qu’il louait à la capitale. Chacun était parti explorer de son côté après que Pavel ait allumé toutes les bougies de la maison d’une incantation. La seule pièce à ne pas contenir de candélabre était celle que le Lieutenant venait de découvrir.

Il passa de l’autre côté du bureau et remarqua plusieurs tiroirs du côté droit. Après avoir désactivé les incantations qui les protégeaient il ouvrit le premier. Il en sortit un certain nombre de documents et s’assit pour les consulter. Il s’agissait de contrats d’assassinats divers et variés semblables à ceux qu’ils avaient trouvés dans les autres pièces de la maison. Rien de bien extraordinaire mais ils constituaient tout de même des preuves intéressantes malgré l’ancienneté de certains. Il les posa sur la table avant de passer au deuxième tiroir. Celui-ci, plus profond, contenait davantage de dossiers, et sur le dessus se trouvait un épais carnet relié. Le soldat le prit, délia le ruban marine qui le fermait, ouvrit la couverture de cuir sombre et commença à en parcourir les pages. Au début étaient listés divers éléments et leurs propriétés, suivis d’instructions annotées ayant trait à l’élaboration de poisons. Il reconnut les compositions les plus classiques et finit par arriver à celle qu’il avait apprise récemment, car elle correspondait à la substance retrouvée sur les gants de l’assassin. Il demeura quelques instants à regarder les lignes sans les voir, puis laissa l’ouvrage de côté et s’occupa de la liasse de feuilles demeurée dans le compartiment. Quand il prit connaissance de son contenu son intérêt s’aviva. Il avait sous les yeux la correspondance de sa cible avec différents membres du complot, et elle contenait beaucoup trop d’informations sur les services secrets et les mouvements à venir de l’Armée.

Le coup classique de l’agent double… pensa-t-il en esquissant un sourire.

Des coups discrets à la porte le tirèrent de son étude. Les quatre autres entrèrent et Gavriil prit la parole :

« J’ai pensé à m’annoncer cette fois.

- Je t’en remercie. » s’amusa le Lieutenant.

Son frère d’armes sourit avant de reprendre :

« Tu t’en sors ?

- Il va me falloir un peu de temps pour tout trier, d’autant que je viens de trouver une compilation de renseignements assez importante. Vous allez pouvoir m’aider.

- On peut ramener tout ça à la maison et s’en occuper demain ? tenta Sergey.

- Tu crois que l’avenir du pays peut attendre ? plaisanta son chef sans en avoir l’air.

- Il est tard, il pourra au moins patienter quelques heures.

- Je suis plutôt d’accord, déclara Pavel, on sera plus efficaces après s’être reposés.

- Eh bien, si même toi tu le dis…

- Je suis fatigué.

- Bon, dans ce cas rentrons. Mais j’attends de vous la plus haute productivité demain matin !

- Entendu ! approuva Sergey. Je me chargerai de préparer les cafés ! »