Chapitre 57 : Retrouvailles

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DOCINI


Les pirates manquaient davantage à Docini qu’elle ne voulait l’admettre.

Submergeaient les réminiscences comme le voyage s’éternisait. Ces nuits à la belle étoile, sur la passerelle, où chacun contait ses histoires, éveillaient d’agréables sensations. Tout comme les beuveries à l’intérieur de la caravelle, entrecoupées de chants et de galéjades. Parfois avaient eu lieu des combats dans lesquels morts et blessés avaient atténué l’optimisme. Mais de manière générale, de la positivité émergeait de ces souvenirs.

Je dis adieu à la mer, même si je la longe.

Je dis adieu à ces braves gens. À Liliath, dont l’enthousiasme me ravivait le cœur. À Kwanjai, si enclin à me raconter ses péripéties. À Decierno, courageux et jovial au-delà de sa façade joviale. Et à Nidroska… Qui m’a secourue dans mes moments de détresse. Et dont les baisers m’ont couvert de frisson.

Ils m’ont endurcie et humanisée. À moi de leur rendre honneur.

Docini contemplait souvent le sud, ce pourquoi ses compagnons la hélaient. Il leur restait tant à cheminer nonobstant toute la distance qu’ils avaient parcouru. Ils avaient longuement parcouru les savanes arborées, si caractéristiques du centre de Souniera. La sécheur n’avait guère atténué l’accueil de certains villageois, qui pourtant s’interrogeaient sur la raison de leur présence. Ce jour-là, à Untari, les inquisiteurs devenus modérés étaient restés évasifs.

Nous ne pouvons pas tout dévoiler à quiconque. Et quel dommage, car eux au moins sont parfaitement honnêtes. Ils ont des rituels, des poèmes et des contes fascinants. Une partie de l’empire à laquelle je ne pense pas forcément. Leur vie a l’air plus simple loin des grandes cités, mais j’imagine qu’ils ont leurs propres responsabilités…

À mesure de la progression des inquisiteurs se tempérait le climat. Souvent ils subissaient les rafales du vent à cause de leur proximité avec le littoral, toutefois s’agissait-il d’une fraîcheur bienvenue par rapport à l’aridité du sud de l’empire. Des orages éclataient à une fréquence à laquelle Docini ne s’était jamais habituée. Une nuit, ébranlée par les frissons, Édelle lui demanda de s’abriter auprès d’elle.

Quand j’étais arrivée ici, même si j’étais à l’ouest, je ne me rendais pas compte de la distance sur laquelle s’étendait l’empire. Aller à pied, et accompagnée, procure une perspective différente. Chaque aurore les amenait à plus de découvertes. Cyprès et orangers supplantaient bientôt les baobabs, et par-delà les forêts sillonnaient des marécages en-deçà des mangroves, ; tout en abritant une faune autant dangereuse que captivante. Peu désireux de s’enfoncer dans de tels paysages, en dépit des routes les fendant, les inquisiteurs ne cessèrent de longer le littoral.

Se rapprocher de la frontière les heurta à croiser un plus grand nombre de voyageurs. C’était parce que s’étendait un réseau de villages connecté aux cités de Zelora et Lunero Dogah. Je me souviens de ces noms. Leur évocation donna envie à Docini de s’y rendre, mais ce serait un détour qu’il ne pouvait s’autoriser.

Au lieu de quoi ils payèrent le gîte dans le hameau de Huenave. Ils y côtoyèrent ses habitants, fût-ce le temps d’un soir. Ils étaient majoritairement de peau cuivrée malgré la présence de myrrhéens des terres intérieures et de belurdois. Ils s’attifaient de vestes et chemisiers de brillantes nuances, aux chevelures souvent extravagantes sous leurs couvre-chefs. Même dans une modeste auberge, les inquisiteurs combien la musique au violoncelle dominait, tout comme les alcools fruités.

Tout essaie de me rappeler mon séjour chez Les maîtres de la mer. Hélas, nous ne sommes pas des voyageurs ordinaires.

Si les inquisiteurs profitèrent des lieux, ils repartirent dès les premières nitescences. Ils achetèrent des provisions au marché du hameau avant de regagner les routes, où ils s’engagèrent sans que les locaux les assaillissent trop de questions, une fois de plus.

Ils campèrent le soir subséquent en contrebas d’une vallée, en contrebas d’une vallée de yeuses. Leur feu crépitait par-dessus un lit de rouvres, sous le chant d’oiseaux qui berçaient les voyageurs. Docini en particulier s’imprégnait du grésillement tout comme de la voix d’un de ses compagnons.

— C’est dommage de ne pas être passé par les cités ! s’exclama-t-il.

— C’aurait été une perte de temps, contesta un confrère. Nous nous sommes bien amusés à Huenave, mais nous devons nous rendre en Belurdie le plus vite possible. Depuis combien de temps nous sommes sur les routes, déjà ?

— Tu es vraiment rabat-joie, toi ! On m’a raconté que Zelora et Lunero Dogah étaient des merveilles architecturales, aux habitations bariolées surplombant des collines couvertes de pins, avec un entrelacement de ponts joignant aux îlots voisins. De nombreux belurdois s’y rendent pour leur beau temps et leur qualité de vie !

— Pas nous. Et puis, j’ai tendance à me méfier de ce qui est présenté comme un lieu de rêve. Comment les pauvres vivent dans un tel endroit ?

— Des pauvres se trouvent dans chaque ville…

— C’est bien ça le problème.

Les deux inquisiteurs se renfrognèrent faute de mieux. Ainsi se braquèrent-ils sur le feu, source d’apaisement au milieu de leurs tourmentes. Discrètement, Docini les examina, et elle se rétracta au moment où elle croisa leur regard.

Ils sont des êtres humains avant tout. Des jeunes à qui on a promis un avenir brillant en désignant un faux ennemi. Et tout comme moi, ils ont fini par s’apercevoir de leur erreur.

S’ils avaient tué des innocents dans leur parcours, c’aurait peut-être été trop tard… Heureusement cela s’est déroulé d’une autre façon. Ils ont réalisé à temps.

Pas que je sois irréprochable non plus… Ce couple de mages que j’ai fait arrêter en Amberadie. Cette femme que j’ai lanciné de ma lame juste en raison de son statut, même si elle a réussi à s’enfuir… Tout ce temps à avoir accompagné la milice, jusqu’à la bataille de toutes les horreurs. À force de vivre dans la peur, de faire des concessions, j’ai commis des actes répréhensibles.

Le temps de l’expiation est venu.

Muette, songeuse, Docini mit du temps avant d’aviser le timide sourire d’Édelle.

— Encore les affres du passé ? devina-t-elle.

— Et les craintes de l’avenir, ajouta l’inquisitrice.

Docini recula en étendant les jambes. Alors Édelle s’approcha un peu, sous le regard curieux de leurs confrères et consœurs. J’attire encore l’attention sur moi…

— Tu peux tout nous dire, murmura-t-elle. Cette scène t’assaille de nouveau ? Nous sommes désolés…

— Lorsque les inquisiteurs m’ont tabassée ? Vous n’étiez pas là, vous avez seulement rejoint Adelam dans son détachement. Et pour répondre à ta question, mon séjour chez mes amis pirates m’a aidé à m’en remettre. Cette peur continue quand même de sommeiller en moi…

— Elle est difficile à surmonter. Pour être franche, Godéra nous effrayait aussi quand nous étions sous ses ordres. Je t’en avais déjà parlé…

Les autres inquisiteurs opinèrent, les traits fendus d’une sombre lueur. Piégés dans de tels effrois, sous le témoignage de leur cadette, leur silence s’avérait suggestif. Nous partageons une expérience commune. Nos doutes n’en deviennent que plus grands.

— Elle s’est imposée par la force plus que quiconque, expliqua Docini. L’intimidation comme meilleur outil, l’idée qu’il faut craindre ses ennemis, mais aussi redouter les représailles de ses alliés. M’avoir cognée paraît clément en comparaison de ce dont elle est capable.

— Mais elle n’y a pas eu recours qu’une fois ! rétorqua Édelle. Pour toi, hélas…

— Je m’en apercevais malgré mon déni. Je me suis soumise pour éviter que ses coups ne redoublent de fracas. Seulement, elle me détestait tant que mes tentatives étaient vaines. Elle trouvait toujours une raison pour me blâmer. Et le cycle continuait… Insidieux, toxique. Et puisque je me suis mieux découverte, ma sœur a maintenant une autre excuse de haine.

— Je te comprends totalement sur cet aspect.

Docini pencha la tête et lui offrit un coup d’œil empathique. Pourquoi me fixe-t-elle autant ? Une subite rafale souleva sa chevelure dorée, l’incitant à se réchauffer davantage à proximité des flammes. Au rythme des crépitements jaillirent ses idées.

— Je connais mon aînée mieux que quiconque, avança-t-elle. À l’exception de notre pauvre mère, bien sûr… Sa propension à écraser autrui découle du mur qu’elle a érigé autour d’elle pour camoufler ses faiblesses. Godéra méprise les sentiments, la compassion en particulier. Elle ne valorise que la violence et la domination, persuadée que c’est la principale caractéristique de l’être humain. Décrite ainsi, j’aurais presque pitié d’elle, si elle n’était pas aussi dangereuse.

— En fait, commenta Édelle, combattre des mages paraît presque plus facile qu’elle.

Un rire nerveux s’empara de Docini. Ses compagnons la dévisagèrent, dubitatifs. C’était peut-être inapproprié.

— Il est certain que nous n’y arriverons pas seuls, concéda Docini. Nous en revenons sur la nécessité de rejoindre nos alliés. Plus que quelques jours et nous atteindrons la frontière. Il ne restera plus qu’à rejoindre le repaire des inquisiteurs modérés. Enfin, si nous le trouvons… Si c’était aussi simple, ma chère sœur l’aurait déjà attaqué.

— Il faudra aussi être clair sur nos intentions, songea Édelle. Nous connaissons notre loyauté, mais eux ne le savent pas encore. Ton nom reste attaché à la franche la plus radicale de l’inquisition belurdoise…

— J’en suis consciente. J’ai vécu en marge de la société pendant plusieurs mois, et c’est seulement maintenant que je vais reprendre mes responsabilités.

— Comme nous tous.

— Reposons-nous. Voyons ce voyage comme un calme répit avant les choses sérieuses…

Tous ravalèrent leur salive. Tous se figèrent, l’air méditatif, partageant leur destinée au milieu de la nuit froide.

Et quand les braises s’éteignirent, ils avaient déjà plongé dans les limbes du sommeil.

C’était toujours un moment que Docini appréhendait. Si longtemps revivait-il ce jour où elle avait été trahie, bigornée, humiliée. Bramait son for intérieur lorsque les coups pleuvaient. Malgré l’approche de l’objectif, il n’y avait peu de résurgence. Chaque moment vécu auprès de l’équipage pirate compensait la négativité répandue en elle.

Le plaisir se diffuse facilement… Et il vient à nous manquer. J’espère ressentir de tels sensations dans le futur, mais en attendant, nous approchons de temps difficiles où il faudra s’unir.

Au lendemain, reposée, Docini reprendrait la route de plus belle. D’inévitables craintes ne sauraient surpasser son apaisement.

Mais au moment d’ouvrir les yeux, des ombres envahissantes les encerclèrent.

— Debout ! fit une voix masculine.

Son cœur rata un bond. À contrecœur, l’inquisitrice s’extirpa de sa couchette et remarqua combien ses homologues exsudaient. Non ! Nous sommes au milieu de nulle part, loin de routes ! Comment ont-ils pu nous trouver ? Des lames en acier étaient braquées sur eux. Flottèrent des capes attachées aux épaulières de ces hommes et femmes équipés de plastrons en acier, au milieu duquel flamboyait le symbole de la suprême épée. Ils vont achever la mission d’Adelam…

Bras levés, Docini se retourna lentement. Et écarquilla les yeux en même temps que l’homme en face de lui.

— Taarek ? s’étonna-t-elle.

— Oui, c’est bien moi. Taarek Diosis.

L’interpellé scruta la jeune femme sous un œil dubitatif. De bonne carrure, il avait le teint ébène, tout autant que sa courte chevelure crépue. Des larges fossettes creusaient son visage au nez camus et aux yeux mordorés. Un fourreau battait son flanc tandis qu’une dague était fixée sur sa ceinture argentée. Il est bien équipé, c’est certain. Cela rend le malentendu d’autant plus ardu à résoudre. Et pourquoi est-il là ? Il est censé avoir quitter l’inquisition !

Taarek eut beau avoir identifié Docini, il ne cessa de pointer sa longue épée en acier vers lui, tout comme de la foudroyer du regard.

— Vous vous connaissez ! s’écria Édelle, ignorant l’inquisitrice qui la menaçait. Y’a-t-il moyen de régler ceci pacifiquement ?

— Je suis confuse, admit Docini.

— Moi de même, répliqua Taarek. Nous n’avons plus eu aucune nouvelle de toi depuis cette fameuse bataille. Jusqu’à ce que l’on entende parler d’un groupe d’inquisiteurs rôdant au nord-est de l’empire. Nous devions en avoir le cœur net. Nous voilà donc. Désolés de vous avoir réveillés aussi tôt.

Docini pesta en silence. Nous sommes moins discrets que prévu !

— Vous tombez bien ! s’exclama Édelle. Figurez-vous que vous nous cherchions. Ainsi nous gagnons du temps !

— Pour nous tuer ? répliqua Taarek. Nous ne nous laisserons pas faire ! En tant qu’otages, vous auriez une certaine valeur, surtout si nous avons avec nous la petite sœur de Godéra… Par contre, je me demande pourquoi vous vous êtes détachés du groupe d’Adelam.

— Non, non ! se défendit Docini. C’est de ce malentendu dont nous parlions ! Godéra m’a bannie de l’inquisition et m’a laissée pour morte ! Mes compagnons ici présents ont aussi abandonné la branche radicale juste après que j’aie décapité Adelam !

Soudain Taarek recula, plaquant sa main sur son front moite. Il n’était pas au courant ? Ha, parce que nous agissions en marge de la société… Son poignet oscilla comme il manqua de faire tomber son épée, toutefois il se ressaisit.

— Tu as tué le second de l’inquisition radicale ? s’écria-t-il. Mais il est un épéiste hors norme !

— Eh bien, clarifia Docini, il m’a vaincue la première fois…

— Prouve-le.

— Quoi ? Nous avons laissé son cadavre là où je l’ai occis ! Au village de Nobak.

— Jamais entendu parler.

— D’accord, tu as du mal à me croire. Mais tu me connais, Taarek ! Je n’obéissais à Godéra juste à cause de la terreur qu’elle exerçait sur moi ! Libérée de son emprise, je ne la ressens plus. Je reviens en Belurdie pour combattre mon aînée. Et si tu as finalement pris position… Nous sommes alliés.

Taarek s’immobilisa, bouche bée. Tout le temps qu’il gambergea se suspendit la situation, tant les tressaillements des compagnons de Docini que l’hésitation de ses alliés. Pitié, sois raisonnable. Ce serait dommage que les choses se finissent mal pour cause d’incompréhension.

Il rengaina son épée sans lâcher son interlocutrice des yeux.

— À force d’en vouloir à tout le monde, dit-il, n’importe qui devient un ennemi potentiel. J’avais refusé de prendre position lors de la scission de l’inquisition. Au fond de moi, je n’étais même pas persuadé que les mages étaient une menace pour la société, je voulais juste venger mon père. Et puis j’ai appris que Kalhimon m’avait trompé…

— Mais tu le savais déjà, répondit Docini. Qu’est-ce qui a changé pour que tu reviennes après plus de deux ans d’absence ?

— Les récents événement. Ça ne suffisait pas à Godéra de rester en Belurdie. D’abord dans l’Empire Myrrhéen, puis en Enthelian.

— En Enthelian ? Que s’est-il passé là-bas ?

— Difficile de résumer tout ça… Un ordre de gardes défendant les mages s’est allié avec l’inquisition mordorée. Godéra a attaqué leur base, décapitant Kalhimon après un duel, même si en réalité, Emiteffe avait détruit son âme pour contrôler son corps. Ils ont cherché de l’aide dans la cité à Thouktra, mais l’inquisition radicale s’est alliée avec le pouvoir local. Une bataille a mis la ville à feu et à sang… Heureusement, Godéra et ses troupes ont été repoussées, et Thouktra n’a pas subi le même sort que Doroniak.

À son tour Docini faillit basculer, seulement retenue d’embrasser la rugosité du sol grâce à Édelle. Ses mots s’étranglèrent dans sa gorge.

J’ai manqué tous ces événements ?

Des gens mouraient pendant que je picolais…

Enfin, j’ai contribué à sauver des réfugiés, j’espère que c’est une compensation.

Taarek se rembrunit davantage, tête inclinée vers le bas, larmes naissantes.

— Ce n’est pas une victoire totale, murmura-t-il. Mon ami Zech a été enlevé, et notre consœur Janya aussi ! Et même si Aïnore est captive de l’inquisition modérée, Godéra dispose d’autres outils pour les torturer…

Comme son regard restait sombre, Taarek fixa Docini du plus profond de son être, laquelle réprima un frisson.

— Docini Mohild, interpella-t-il. Si tu dis vrai, si tu t’es débarrassée d’Adelam Ordun, alors tu serais une alliée de taille pour la guerre à venir. Rengainez vos armes !

Les inquisiteurs s’exécutèrent aussitôt. Au regain d’espoir du groupe demeurait cette confuse silhouette. Cette jeune femme qui ne pouvait guère soupirer de soulagement, ce malgré l’issue du conflit.

Déjà cette troupe unie se mut vers leur nouvel objectif. Ni une, ni deux, Docini se précipita vers Taarek, et le sollicita sitôt qu’elle atteignit sa hauteur.

— Je ne comprends pas, fit-elle. Où allons-nous ?

— Tu t’es affirmée parée à affronter ta sœur, dit Taarek. Quant à moi, je suis prêt à tout pour libérer Zech. Ne perdons pas de temps. Si tu contribues à le secourir, tu auras pleinement ma confiance.

Docini acquiesça, quoiqu’elle déglutît en poursuivant le voyage avec ses nouveaux alliés.

Le répit est bel et bien fini.

Prenez soin de vous, amis pirates, car j’ignore si je vous retrouverai un jour.

Affronter Godéra n’a jamais semblé si concret.

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