Je suis affolée, je viens de lire l'article sur le Dauphiné et les coups de fil n'arrêtent pas de pleuvoir depuis ce matin.

Les différents officiels préparant les cérémonies d'ouverture et de clôture, l'office de tourisme du village qui se résume en un simple bureau d'accueil téléphonique (Amandine en l'occurrence) me harcèlent pour me demander de l'aide dans l'organisation et le couchage des dizaines de personnes.

Notre commune n'avait jamais accueilli autant de monde et les lieux vont manquer. Il faudra faire appel aux habitants pour qu'ils ouvrent leur porte. Amandine a d'ailleurs réquisitionné les deux-trois chambres inoccupées de la maison.

J'ai eu un mouvement de recul intérieur, n'aimant guère l'envahissement de ma vie privée.

Mais je comprends que c'est pour le bien de la commune, que cela fera bonne presse, bla bla bla... Tu parles.

J'ai une soudaine envie de prendre l'air, de m'échapper de cette pression que je sens m'entourer comme un étau. Je pressens des bouleversements qui vont me déplaire, je ne sais pourquoi un sentiment de malaise m'envahit.

J'attrape ma veste et sors marcher dans les bois.

Ces lieux m'apaisent et l'odeur de la terre riche d'humus me calme.

Je m'assieds sur une souche et je sors machinalement mon carnet de ma poche.

Je gribouille rapidement quelques mots selon l'inspiration du moment.

Toi l'ancêtre de mon enfance

qui habite dans les profondeurs

viens calmer mes frayeurs

En notant ces quelques lignes, les paroles de Sébastien me reviennent. Je ne me suis toujours pas inscrite au concours.

Je sors mon téléphone de la poche, hésite devant le clavier puis appuie sur une touche.

"Allô ?"

"Bonjour, c'est Claire, est-il encore possible de s'inscrire pour le concours de poésie ?"