Chapitre 50. Claire / Rayons de soleil
J'ouvre lentement la porte et c'est un Gustave joyeux qui me serre dans ses bras à m'étouffer. Je reste quelques instants ainsi, appréciant ces trop rares instants où le temps s'arrête, effaçant les derniers événements dramatiques. Est-ce que Gustave se rappelle de tous les instants "d'avant" ? Tous nos échanges, toutes les tendresses et les timides caresses ?
Il me regarde comme un noyé s'accroche à sa bouée, je sens qu'il a besoin de se cramponner à quelque chose qu'il connaît, ses amis sont aussi largués que lui et je suis le noyau de leur mémoire.
Ce rôle me pèse parfois et je voudrais tant revenir en arrière mais je sais que c'est impossible.
Je me détache et le prend par la main, nous nous asseyons tous les deux.
— Comment vas-tu Gustave ?
— J'ai peur...
— Peur de quoi ?
— Peur d'elle.
— Elle ?
— Oui elle me hante. Je ne sais pas qui elle est, mais je la vois dans mes nuits. J'ai besoin de toi Claire, tu es mon rayon de soleil, tu chasses l'obscurité.
Gustave me prend à nouveau entre ses bras comme si j'étais un rempart contre un ennemi imaginaire. Il faut vraiment que l'équipe médicale augmente les doses, son état m'inquiète.
Je cherche dans ses yeux un éclair de lucidité, cherchant l'ancien Gustave tel que je connaissais. Mon coeur se serre, j'aimerais tant pouvoir faire quelque chose. Le seul espoir qui nous reste se trouve dans le travail des chercheurs, s’ils arrivent à isoler la cellule battante et la dupliquer. Mais il leur faut un cobaye pour expérimenter et ils m'ont prévenu des risques.
Moi aussi j'ai peur...
Je serre Gustave très fort et le noie sous mes baisers, je l'aime tant...
Recommencer à zéro
Depuis le début
Ne pas exister
Et repartir de zéro
Oui si tout était possible
À partir de rien
Et décider de nos choix
En connaissant la fin
Effrayant n'est-ce pas
Idée impossible
Et pourtant
Qui de nous n'a pas souhaité
Une fois dans sa vie, recommencer
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