Je suis la douce musique

Qui te murmure

Des notes de fraîcheur

Calmant ta solitude glacée

Je suis le vent

Qui souffle dans la nuit

T'apportant le silence

De l'amour qui bat en secret

Je suis le temps

Que tu ne sais maîtriser

Qui apaise et console

Les plus grands tourments

Je suis l'âme nostalgique

Qui baigne de tendresse

Entoure tes faiblesses

D'un voile de douceur

Je feuillette les première feuilles de ce recueil, posé sur le bureau, l'aboutissement de durs mois de labeur, des corrections, des houleuses discussions, mais le bijou est là, une concrétisation de nos rêves.

Gustave tangue entre des moments éclairés et des périodes plus sombres sans perdre son intelligence. Il est conscient de son état et les exercices qu'on lui a conseillés lui font gagner des parcelles de mémoire. Nous passons par des épisodes euphoriques ou moroses mais ce combat a renforcé nos liens.

Je ne sais si le vaccin qu'on lui a injecté en version beta-test a amélioré son état ou au contraire détruit des neurones, mais l'équipe médicale est confiante et pour Gustave, je veux y croire de toutes mes forces.

Je te donnerai la clé

De mon âme

La douleur telle une lame

A tranché l'entame

Je te donnerai la clé

Tel un sésame

Tu l'utiliseras en dictame

Sur mon cœur de femme

Je te donnerai la clé

Dans mes yeux allumer la flamme

Jouer les notes de la gamme

Effleure-moi mon quidam

J'ai décidé également de faire confiance à l'avenir, notre avenir commun. Nous n'avons pas discuté ensemble, mais je me sens prête, mature pour cet engagement.

Mon doux mon tendre

A déposé au creux de mon cou

Un baiser doux

Je me suis laissée prendre

Dans ses bras tomber

Toute ma résistance abandonnée

Mon sourire a rejoint ses yeux acajou

Mes mains se sont tendues

Cueillir ses mots suspendus

Mon doux mon tendre

De sa main a caressé mon coeur

A déposé quelques bouquets

Des hélianthèmes à grandes fleurs

Pour essuyer toutes mes craintes mes peurs

Et j'ai laissé s'envoler doucement toutes mes terreurs

Et qu'importe de quoi sera fait demain, ce dont je suis sûre c'est que je l'aime tel qu'il est avec ses manques et ses défauts, ses folies et sa tendresse.

Il me vient comme des idées

Idiotes rigolotes

Insensées démesurées

Il me vient comme des pensées

Imbéciles imprécises

Interdites inédites

Il me vient des idées

Qui tournent et virevoltent

Qui s'envolent et retombent

Il me vient des soupirs

Profonds et insoumis

Silencieux et étouffés

Il me vient des désirs

Proches et lointains

Forts et doux

Tout cela

Avec toi

Pour toi

Le soir est là, Gustave est de l'autre côté de la porte, certainement en train d'écrire et de retoucher un dernier poème. Je dénoue doucement la ceinture de mon kimono en soie et le laisse glisser jusqu'à terre.

J'entre doucement dans la pièce, nue, et referme derrière moi.

Ce sera une belle nuit d'été.