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Qu'est-ce que ça veut dire écrire ?

Qu'est-ce que ça veut dire de mettre des mots sur le papier ? Qu'est-ce que ça veut dire, que je parle, que je murmure, que je crie, que je chuchote, que je hurle, et qu'un jour, je décide de me taire ?

Et de ne plus jamais m'épancher sur les raisons qui m'animent, qui font de moi ce que je suis ou ce que je ne suis pas encore, ne serai peut-être jamais ? Peut-être bien qu'il y a des choses qui ne sont pas faites pour être expliquées, et que celle-ci en fait partie ? Une innombrable myriade d'impossibilités contradictoires visant à décrire un monde : celui réel qui voit évoluer la vie des personnes ayant existé, existantes ou qui auraient pu exister.

Il y a aussi celui inventif, sortant des normes, créant ses propres règles... Peut-on pour autant dire qu'il est imaginaire ? Il a peut-être sa spécificité, sa superbe, ce qui le rend authentique et indiscutablement original. Cela ne veut pas dire qu'il n'a jamais pris d'inspiration dans ce qui forme la vie de tout un chacun. Les bases d'un univers, et la compréhension de ses couches de matières, de matrices, d'atomes et particules. Ce qui fait d'un monde un monde fonctionnel agréable à contempler, et cohérent. Il peut être empreint d'une logique implacable et mécanique, carré sans arrondis, ou un amalgame désarticulé d'anomalies et de supercheries amorphes... Dans les deux cas, il est impossible que la fonction du monde soit remplie si aucune loi ne le régit.

Une fois le monde découvert, il fait souvent état d'introduction, de justification, ou de signification pour l'évolution des personnages. Sans personnages le récit ne va nulle part. On ne peut pas raconter un monde de vide. Et même en essayant très fort de le faire, alors le vide deviendrait un personnage à l'instant où on en ferait l'apologie et l'éloge, ou si même nous nous contentions de le décrire et si alors nous ne le décrivions ni ne parlions de lui, alors les mots qui sortiraient auraient sans nul doute la capacité de nous faire ressentir ce qu'est le vide, ce qu'est sa contenance, sa consistance, sa forme ou plutôt son absence de forme, de volume, de taille, de masse, et les sensations qui y sont liées. Rien que comme exemple :

"Froid. Un froid immense et sans mesure qui se perd dans le temps. Lointaines réminiscences d'une nuit de satin et chaque mot disparaît. Happé sans bruit. Un murmure de chagrin..."

Les personnages sont donc inévitables. Qu'il s'agisse d'un humain, d'un animal, d'une créature vivante ou inanimée, de la nature morte, un brin de vent, une goutte de son, une indétectable lueur  au coin des chemins secrets...

Il est inéluctable que l'histoire se manifestera pour nous raconter le destin de personnages. Ou au moins, se servira de personnages pour nous amener à la compréhension d'un monde, faisant passer leur quête en sous-priorité. Il peut y avoir pléthore de personnages comme il ne peut y en avoir q'un seul.

Et les types, les différentiations et manières que l'on a de les créer, de les inventer, de les tirer de la réalité, ou au moins d'en tirer l'inspiration, que ce soit du nom, de la personnalité, du physique ou de la profession, de la mentalité et des actions, du passé, du présent ou du supposé futur...

Et comme pensée générale, on pourra distinguer les personnages de descriptions des personnages de sensations. Un personnage de description a bien souvent un caractère spécifiquement défini dès sa première apparition, qui nous fait également une revue complète de son apparence extérieure, sa manière de se déplacer, d'agir, et de se confronter à l'autre, si tant est qu'il y ait d'autres personnages. Mais bien souvent, un personnage de description ne peut pas évoluer seul. Toute la définition qu'on en fait est un outil de mise en place des bases de sa personnalité pour pouvoir ensuite se concentrer sur la façon qu'il aura de se confronter aux obstacles, de parvenir à les franchir ou les éviter, réchapper à des situations mettant en danger leur santé, leur fierté, ou leurs valeurs. Une façon qui permettra ensuite à l'écrivain de le faire passer par une phase de réflexion qui le forcera à remettre en question ses attitudes et son comportement ou qui au contraire renforcera ses convictions, que ce soit dans la certitude ou le déni. La description première et soudaine permet donc en premier lieu d'identifier le personnage dès qu'il entre en scène pour ne pas avoir à l'introduire trop longuement par la suite et se concentrer soit sur ses actions, soir sur ses pensées, et sa manière d'évoluer. Il permet également à ce que le lecteur puisse s'y comparer, se prendre de compassion pour elle ou pour lui, et se considérer comme s'il était un ami à qui l'on racontait les exploits et les mésaventures de ce semblable, parti quelque part pour vivre une histoire.

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