chapitre 19
Shawn fait signe à son camarade, celui ci hoche la tête. Il a compris le message. Le jeune français veut remettre les cartons à leur place afin de ne pas éveiller des soupçons et qu’on ne puisse faire aucun rapprochement entre l’effraction et les cartons en question.
Les deux garçons réussissent à les remettre en place, sans bruit. Shawn met dans sa poche la carte trouvée dans le dossier. Il n’a toujours pas pu y jeter un coup d’œil et pourtant ce n’est pas l’envie qui lui manque. Ils avancent lentement et se mettent chacun, dos contre une étagère au bout d’une allée.
Les pas se font de plus en plus proches. Les deux garçons se regardent et se demandent si l’autre, à une idée miraculeuse pour les sortir de ce pétrin. Mais ils semblent l’un comme l’autre être à court d’initiatives.
- On est cuit ! s’exclame Jamie, le visage grave, imaginant déjà le pire.
- Pas encore. Gardes la foi dit Shawn.
Jamie allait lui répondre une remarque bien sarcastique, lorsqu’il se rend compte que l’attitude de son ami à changé. Le jeune français vient d’avoir une idée derrière la tête, c’est risqué mais ce n’est pas comme s’ils avaient le choix. Shawn regarde dans l’allée principale, il n’y a aucune trace du surveillant. Il sait que c’est maintenant qu’ils doivent agir, ils n’ont pas de temps à perdre.
- Prépare-toi ! On va y aller à la barbare dit Shawn, en lui montrant la porte du doigt.
- Tu déconnes là ! C’est une putain de mission suicide.
- Tu as mieux à proposer ? je suis ouvert aux suggestions.
Jamie prend quelques secondes pour se triturer l’esprit, mais il finit par pousser un long soupir et hausser les épaules.
- Non, pas mieux. Mais bon c’est toujours préférable que de rester planter là, les bras croisés. Je te suis dit Jamie, en acquiesçant la tête.
Le français attend quelque secondes avant de se mettre à courir vers l’escalier. Il s’élance rapidement. Il pique un sprint, courant le plus vite possible, faisant de grandes enjambés, suivi de près par Jamie. Ils prient pour ne pas glisser au sol car leur fuite serait de courte durée. Mais la chance ne les abandonne pas et le pire est évité. Le vigile fait volte-face en les entendant passer derrière lui. Mais les deux jeunes sont trop rapides pour qu’il puisse les intercepter, ni même voir leurs visages.
Ils profitent de l’effet de surprise, sortent de la pièce sans être arrêter et se précipitent vers l’escalier. Ils gravissent les marches deux à deux, possédant une énergie nouvelle. Ils entendent quelques secondes plus tard, la voix du vigile qui leur ordonne de s’arrêter. Puis ce dernier se lance à leur poursuite, en comprenant qu’ils n’ont pas l’intention d’obtempérer. Shawn est toujours en tête et se dirigent vers la cafétéria, voulant prendre le même passage que lors de son intrusion.
Soudain, un autre vigile apparaît devant eux et fait barrage de son corps, prêt à les intercepter sans ménagement. Jamie pousse un hoquet de stupeur, imaginant sans peine la fin de leur cavale, mais Shawn n’est pas du même avis. Il ne réfléchit pas, continue sur sa lancée, sans perdre l’allure. Tout en se cachant le visage avec son bras afin de ne pas être reconnu. Le jeune intrus est bien décidé à s’enfuir et personne ne l’arrêtera. Pas si prés de la sortie, peu importe ce qu’il devra faire.
Shawn n’hésite pas, il percute le vigile d’un coup d’épaule à pleine vitesse, tel un bulldozer. Le vigile ne s’attendait pas à cette action, pensant que sa présence et sa stature dissuaderaient les jeunes. Il perd son équilibre et s’écroule en arrière sur une table, en poussant un cri de douleur.
Shawn ne prend pas la peine de s’assurer que le garde n’est pas blessé. Il n’en a pas le temps. Le jeune court et défonce d’un coup d’épaule la porte de la pièce par laquelle il a pénétré dans le bâtiment, abandonnant la carte de la discrétion. Il laisse Jamie se faufiler à l’intérieur, puis se dépêche de refermer la porte. Pendant qu’il fait cela, il voit les deux vigiles qui se dirigent vers eux. Il verrouille la porte et serre la poignée avec sa main droite.
Shawn se concentre quelques secondes avant de lâcher prise et sourit en voyant la poignée rougir. Il a de plus en plus de facilité à utiliser son pouvoir et cela lui fait peur. S’il se concentre un minimum, il arrive à faire ce qu’il veut. La solution est donc de ne pas perdre le contrôle de soi même et de ne pas laisser sa colère prendre le dessus. Cela semble simple quand il le dit, mais il sait que c’est plus facile à dire qu’à faire.
Il entend un des gardes pousser un cri de douleur, lorsque celui ci tente d’ouvrir la porte. Shawn n’est pourtant pas du genre à trouver de la satisfaction dans la douleur des autres, mais pourtant un petit sourire se dessine sur son visage. Mais sa satisfaction est de courte durée, en voyant la porte vibrée sous les coups d’assauts des agents de sécurité. Il recule jusqu’à entendre la voix de son ami qui cherche par tous les moyens à attirer son attention.
- Grouilles-toi ! qu’est ce que tu fous ! s’exclame Jamie depuis l’extérieur de la fenêtre, en lui faisant des grands gestes de la main.
Shawn s’empresse de le rejoindre avant que des possibles renforts ne leur mettent la main dessus. Il sort à son tour par la fenêtre et sans plus attendre, les deux amis courent aussi vite que leurs jambes le leur permettent. Ils veulent mettre le plus de distance possible entre eux et ce bâtiment.
Après avoir couru comme des fous pendant un temps qui leur paru une éternité. Ils s’écroulent sur l’herbe, hors d’haleine. Ils restent allongés un long moment, laissant leurs corps se reposer après tant d’émotions, tout en s’assurant que personne ne les recherche. Ils respirent bruyamment et ont l’impression que leurs poumons ont pris feu. Ils se contentent de regarder le ciel sombre et la lune, dont seulement un quart est visible.
Ils sont trempés de sueur et des gouttes dégoulinent le long de leur front. Ils ont des difficultés à retrouver leurs rythmes cardiaques normaux. Shawn est le premier à se relever, il est tout de même plié en deux en raison des courbatures. Il a les mains sur les hanches et respire bruyamment, avant de se tourner vers son ami, qui n’est pas dans un meilleur état.
- On peut dire que c’était sportif ! s’exclame t’il en passant la main sur son front en sueur.
Jamie est affalé sur l’herbe, il a les mains sur son visage et semble avoir plus de difficulté à récupérer ses forces.
- J’ai vraiment cru qu’on était foutu. J’ai vu ma vie défilée devant mes yeux et ce n’était pas très glorieux dit Jamie, en fronçant les sourcils, se rendant compte qu’il n’a pas fait grand-chose dans sa vie jusqu'à présent.
- Tu n’es pas le seul. Mais au fait, comment tu as fait pour entrer dans le bâtiment?
- Bah, c’est connu. La porte de derrière n’est jamais fermée.
- Autant pour moi dit Shawn en se rendant compte à quel point il s’est compliqué la vie.
- Tu as trouvé quelque chose d’intéressant j’espère? Ne me dis pas que j’ai risqué mon joli cul pour rien.
Shawn sort la carte de sa poche, en raison de la course poursuite, il l’avait oublié. Sur la carte rouge aucune trace d’information essentielle. Il s’agit juste d’un document officiel qui autorise le déplacement d’un dossier d’élève. Mais ce qui est le plus troublant, c’est qu’il porte le sceau du FBI.
Les deux garçons n’en reviennent pas, ils n’ont pas besoin de parler pour penser la même chose. Cette histoire devient de plus en plus étrange. Le FBI n’intervient pas dans des histoires scolaires sauf si la personne est un danger pour l’état. Shawn se demande dans quelle histoire il vient encore de se fourrer. Il n’a obtenu aucune réponse et se pose encore plus de questions. Il ne peut pas dire que cette mission soit une réussite.
- Je ne sais pas ce que ça veut dire. Mais il y’a quelque chose de vraiment pas normal derrière tout ça dit Jamie.
- Je suis d’accord avec toi, y’a quelque chose qui cloche !
- Tu as vu le nom de la personne sur le dossier.
- J’ai juste vu le nom de famille, le vigile est arrivé à ce moment là. Je n’ai pas eu le temps de voir le prénom et franchement, je ne me vois pas y retourner.
- C’est clair, en tout cas ce serait sans moi. J’ai eu ma dose d’émotion forte pour un bon petit moment.
- Je partage ton avis ! En tout cas, je ne saurai te remercier pour tous les risques que tu as pris pour moi.
- C’est bon, c’est rien. Si on ne peut plus s’épauler entre potes !
- Je n’en connais pas beaucoup qui auraient fait ce que tu as fait. Ça compte beaucoup pour moi. Je ne l’oublierai jamais, je te le promets.
Jamie hoche timidement la tête, semblant mal à l’aise avec les compliments de son ami. Du coup, il ne sait plus comment se comporter, ni quoi dire. Il n’est pas le plus doué pour parler aussi ouvertement de ce qu’il ressent. Il rougit et s’empresse de changer de sujet :
- Vaut mieux qu’on bouge, on ne sait jamais ! Tu m’offriras ton verre plus tard, je suis vanné. On se retrouve demain.
- Ok, a plus ! Fais gaffe en sortant de la fac, ils doivent continuer à nous rechercher.
Les deux amis se séparent rapidement et chacun prend une direction différente.
Shawn se dépêche de rentrer chez lui, tout en s’assurant que personne ne le remarque. Il ne rencontre aucune âme qui vive, tout le monde semble être dans leurs appartements. Le campus est désert, une vrai ville fantôme. Shawn regarde sa montre, il est prés de minuit et demi. Il est étonné, n’ayant pas eu l’impression d’être resté aussi longtemps dans le bâtiment administratif. Mais il doit reconnaitre que sous la tension, le temps file à une vitesse hallucinante. L’adrénaline de la fuite a disparu, remplacé par une immense fatigue et lassitude.
En tout cas, il espère qu’il n’y avait pas de caméras de sécurité dans le bâtiment car sinon, il risque d’avoir une très mauvaise surprise. Shawn est sûre que les vigiles ne pourront pas le reconnaitre, tout s’est passé trop vite. Mais ce n’est pas non plus passé loin. Il aurait pu perdre beaucoup en se faisant attraper et il en a bien conscience.
Il n’arrête pas de penser à son histoire, essayant de recoller tous les morceaux, mais sans succès. Tout lui semble si confus, si compliqué. En même temps, il se dit que ce n’est pas parce qu’une personne porte le même nom, qu’il fait automatiquement parti de sa famille. Peut être que cet individu n’a rien à voir avec lui et qu’il se prend la tête pour rien. Mais le fait de trouver une personne avec le même nom, dans la ville où il a décidé de s’exiler et dans la faculté qu’il a décidé de suivre. Shawn se demande si ce n’est pas le destin ou l’univers qui lui fait des signes, car cela fait beaucoup de coïncidences.
Mais, il reconnaît qu’une chose est sûre. Le mystère qui couvre autour de son existence est loin de s’éclaircir, c’est même plutôt le contraire. Plus il avance, plus le brouillard s’intensifie.
Shawn sait qu’il va avoir beaucoup de difficultés à trouver le sommeil, malgré les courbatures et la fatigue qu’il ressent. Trop de questions sans réponses trottent dans sa tête. Il pousse un long soupir avant de pénétrer dans sa résidence, dépité par les événements.
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