chapitre 23
Il existe une petite clairière isolée à une vingtaine de kilomètres de Chicago. Il faut prendre l’autoroute nord I-294 en direction de Milwaukee pour l’apercevoir. Elle est paisible et peu de personne s’y aventure car il n’y a absolument rien autour. Si on fait abstraction du bruit des voitures, l’endroit donne l’impression qu’on est plongé dans la campagne profonde.
On ne trouve aucune habitation dans les environs. C’est un coin à l’abri des regards, un long mur sépare l’autoroute de la clairière. Les arbres sont hauts et touffus, couvrant de leurs feuilles la plupart du terrain. Malgré le fait que l’on soit en automne. Les arbres ont toujours leurs feuilles, offrant un très beau spectacle avec leur couleur orange.
Le lieu est idéal quand on souhaite se retrouver avec soi-même. On est sûr de ne pas être dérangé. Il ne serait pas étonnant que des personnes mal attentionnées en aient profités pour y manigancer de sombres affaires.
Au milieu de la clairière, on peut apercevoir une silhouette d’environ 1m50 constituée de paille. Elle ressemble vaguement à un épouvantail, en plus menue et sans le joli chapeau sur la tête. Elle est plantée dans la terre et sous la brise du vent, s’agite légèrement sur les côtés.
Soudain, un rugissement se fait entendre et une boule de feu atteint la tête de l’épouvantail. Ce dernier prend feu dans la seconde. La silhouette vacille presque au sol sous la puissance de la déflagration. Mais étant bien plantée dans la terre, elle ne s’écroule pas.
Quelques mètres plus loin, Shawn se tient debout. Sa main droite tendue en direction de la cible qu’il vient d’atteindre. Sa main est encore rouge dû à l’utilisation de son pouvoir mais reprend petit à petit sa teinte normale. Il vient de créer une boule de feu et a réussi l’exploit d’atteindre une cible à plus de 30 mètres de distance. Le jeune étudiant ébauche un sourire de satisfaction. Il est heureux de pouvoir réellement profiter de ses capacités. Au moins ici, il peut agir sans blesser personne et sans se faire remarquer. Il sait qu’il doit s’exercer s’il veut un jour les maîtriser. Vu les récents événements, il sent qu’il aura besoin de toutes ses capacités.
Le jeune homme a décidé d’utiliser son don et de ne plus faire comme s’il n’existait pas. Sa vie ne sera jamais banale, il a fini par le comprendre et l’accepter. Si le destin a voulu qu’il dispose d’un tel pouvoir, il ne doit pas en avoir peur. On dit souvent que rien n’arrive par hasard. Alors peut-être qu’il existe une raison à ce qu’il dispose de telles habilités. Shawn va pouvoir faire de grandes choses avec. Mais comment savoir s’il les utilise correctement. Il ne les a pas obtenus avec un manuel d’instruction.
Une des particularités de Shawn, c’est qu’il est surprenant et qu’il fait souvent le contraire de ce qu’on penserait. Il aime prendre les choses à contre-pied.
Il ferme les yeux et se concentre tout en puisant de l’énergie dans son corps. Il souffle un bon coup, avant de pivoter à 90 degrés et d’utiliser le pouvoir dans ses yeux. Il réussit à atteindre une autre silhouette, à une quinzaine de mètres. Ses yeux projettent des flammes meurtrières. Par contre il a du mal à les arrêter et à contrôler leurs portées. S’il ne faisait pas attention, il pourrait facilement provoquer un incendie de forêt. Ce qui ne fait partie des objectifs de sa journée, mettre le feu à un gymnase lui a suffi.
En utilisant ce pouvoir, il a l’impression d’être le super héros du nom de « cyclope » dans les comics X-men. Il ne lui manque plus que la visière en cristaux liquide et un costume moulant. Même s’il n’est pas sûr d’être aussi sexy avec.
Malgré ses gestes maladroits, il réussit tout de même à atteindre sa cible. Les rayons qu’il a créés, traversent le torse de la silhouette, y laissant un large trou béant. Le corps tout entier prend feu à son tour rapidement.
Il serre le poing de sa main droite et le lève en l’air, en signe de victoire. Il se sent invulnérable. C’est une sensation très agréable, qu’il n’a pas l’habitude de ressentir. Il a envie de danser sur place pour exprimer sa joie.
Le jeune étudiant a installé trois autres similis d’épouvantails derrière lui. Cela ne lui a pas demandé beaucoup de temps et d’efforts pour installer son terrain de jeu. Tout était à portée de main près de la clairière.
Shawn inspire un bon coup avant de prendre une puissante impulsion sur ses jambes. Il s’envole dans les airs grâce au gaz secrété par les paumes de ses mains. Il contrôle difficilement la trajectoire mais réussit à se poser sur le sol sans être trop déséquilibré. Il roule sur le sol, tout près de deux autres cibles et envoie des projectiles simultanément. Un de chaque main.
Les épouvantails s’affaissent au sol sous la pression. La boule de feu commence à brûler l’épouvantail dans un petit crépitement de bruit de paille. Shawn se relève et utilise à nouveau son pouvoir aérien. Il ne s’en lasse jamais, c’est tellement grisant pour lui de voler tel un oiseau. Il parvient tout en volant à faire une sorte de prise de karaté, en levant son pied dans les airs. Son but est d’atteindre le dernier épouvantail qu’il a mis en scène. Mais il contrôle mal sa trajectoire et atterrit de plein fouet sur la dernière silhouette. Le jeune étudiant ne peut rien faire pour récupérer le coup et finit par s’écrouler sur l’épouvantail.
Shawn se relève en époussetant ses vêtements, recouverts de poussière et de paille.
- Ok, je crois que je peux mieux faire !
Soudain, il entend un bruit de grincement de pneus. L’étudiant fait volte-face et voit un vieil homme sortir précipitamment d’une voiture. Il est armé d’une batte en bois et ne semble pas animé des meilleures intentions. Il est tout près des silhouettes qui prennent encore feu.
- Espèce de pyromane, tu vas voir si je t’attrape, je t’emmène à la police.
- Je crois qu’il serait peut-être temps de battre en retraite se dit Shawn à lui-même.
Shawn n’attend pas son reste et court à travers la clairière, profitant de la végétation très dense pour se faufiler. Il ne peut pas s’envoler dans les airs à la première occasion, cela doit rester un secret. Shawn n’a aucune envie de voir une photo de lui en première page d’un journal. C’est le genre de publicité qu’il aimerait éviter.
Il parvient sans difficulté à semer le vieil homme, c’était tout autre chose avec les agents du FBI. Il se demande si l’homme pourrait le reconnaître, s’il le revoyait dans la rue, mais Shawn en doute. Il se trouvait à plus de 15 mètres de lui. Il lui aurait été facile de se débarrasser de cette menace. Shawn mentirait s’il disait que l’idée ne lui avait pas traversée l’esprit. Mais il refuse de franchir certaines limites. Il se considère encore comme un homme bon et n’a pas envie de basculer du côté obscur.
Il ne doit surtout pas attirer l’attention, surtout depuis que les agents du FBI sont présents à Chicago. Il aimerait tant pouvoir en parler à Sarah et Jamie. Ce secret est lourd à porter. Mais il n’a pas le choix. Il ne veut pas les entrainer dans l’enfer qu’est devenu sa vie.
Il réfléchit à tout ça pendant qu’il marche afin de regagner la route principale. Il aimerait retourner directement au campus par la voie des airs. Mais il doit arrêter de jouer avec le feu et surtout mieux maitriser ses pouvoirs.
- Oh et puis merde. On jouera à superman un autre jour !
Au même moment, centre-ville de Chicago dans le quartier du nom de Loop. Il s’agit du deuxième plus important quartier d'affaires des États-Unis, après celui de Manhattan à New York. On y trouve de nombreux gratte-ciels, dont le Home Insurance Building, considéré comme le premier gratte-ciel au monde et la Willis Tower, actuellement le plus haut édifice d'Amérique.
Le Loop est un quartier très animé. On y trouve de nombreux magasins et commerces, dont le siège du CAS. Il s’agit d’un immeuble très sophistiqué, remis à neuf quelques années plus tôt. Il appartient à un groupe privé. Ce dernier a reçu de nombreuses offres d’achats de différentes entreprises mais n’a jamais cédé. Aux yeux de la population, il s’agit d’une filiale de la société Sony. Une filiale qui n’intéresse pas grand monde. Il s’agit de l’effet recherché.
Des vigiles et des secrétaires au rez-de-chaussée sont là pour repousser les éventuels curieux. Personne ne doit apprendre les véritables activités de cette agence. L’immeuble compte une dizaine d’étages et une quarantaine d‘agents y travaillent. Ils sont tous sous les ordres de Cross. Certains sont sur d’autres enquêtes liées au paranormal, tandis que leur supérieur est uniquement concentré sur les phénomènes de pyromanie.
Après l’incendie du gymnase, les cadavres à la morgue et l’intrus d’il y’a une semaine, il est sûr d’être sur la bonne piste. Pour lui, tout est lié. Il compte bien résoudre tous ces mystères et en finir une bonne fois pour toute avec cette histoire. Elle a duré trop longtemps à ses yeux.
Cross sort de son bureau, après avoir violemment claqué violement la porte. Il avance d’un pas rapide et décidé dans les couloirs. Les agents qui se trouvent sur son chemin, s’écartent à son approche. Ils connaissent trop bien son tempérament de feu.
Il aperçoit la personne qu’il recherche, devant le distributeur à café. Celle-ci en le voyant pousse un soupir silencieux. Ce qui n’échappe pas à Cross, mais ce dernier ne fait aucun commentaire. Il s’agit de son adjoint, ils travaillent ensemble depuis près de deux ans. Mais ils ne sont pas proche pour autant et ne discutent que lorsque c’est vraiment nécessaire. Cross n’est pas connu pour être une personne très communicative, Peterson a fini par s’y faire.
L’agent a dans la quarantaine, grand, musclé, les yeux bleus et les cheveux bruns. Il est marié et a une fille en bas âge. Il travaillait pour le gouvernement, avant qu’on ne lui fasse une offre qu’il ne pouvait refuser. Il a rejoint le CAS et a fait ses preuves sur différentes enquêtes liées au paranormal. On lui a proposé le poste que personne ne voulait. Être le bras droit de Cross n’est pas de tout repos. Mais il a accepté, sachant que cela pourrait être bénéfique pour sa carrière.
- Peterson, je vous ai demandé d’entrer en contact avec les hautes sphères. Pas de perdre votre temps devant cette stupide machine.
- J’allais justement me rendre dans votre bureau lui répond le dénommé Peterson, qui déglutie avec peine.
- Quel hasard, alors ! Bon je suis tout ouïe dit Cross en continuant à marcher d’un pas rapide vers l’escalier.
Peterson ne s’offusque pas d’un tel comportement, il a l’habitude. Il est presque obligé de courir pour rattraper son supérieur, celui-ci descend jusqu’au 1ér sous-sol.
- J’ai réussi à les joindre et ils ne veulent pas que vous enquêtiez près de l’université, ni que vous y placiez des agents.
Cross s’arrête entre deux marches et fait volte-face. Son regard haineux plongé dans celui de son adjoint. Ce dernier se sent obligé de baisser les yeux au bout de quelques secondes.
- Vous pouvez répéter ? demande Cross, en détachant bien chaque mot.
Peterson ne se laisse pas démonter pour autant et continue ses explications.
- Nos actions doivent rester secrètes, ils ne veulent pas que nous débarquions dans une faculté.
- Rester dans l’ombre jusqu’à la fin. Ils peuvent toujours courir, ce sont des lâches. Mais ce n’est pas notre cas, n’est-ce pas ?
- Tout à fait répond Peterson, n’osant pas le contredire.
Cross entre à l’intérieur d’un bureau composé d’appareil informatique en tout genre. On y trouve les derniers ordinateurs, les plus sophistiqués. Impossible de les pirater ainsi que des serveurs opérationnels 24heures sur 24. Cela permet une transmission d’information en continu.
C’est dans cette salle qu’un jeune homme de 27 ans, du nom d’Eric Thompson travaille. Il a été arrêté par le « FBI » pour de nombreux délits informatiques, avant d’être recruté par le « CAS ». On lui a donné le choix entre passer sa vie derrière les barreaux ou travailler pour le gouvernement. Son choix a été vite fait.
Eric est un jeune homme très intelligent et très bavard. Il ne sait jamais quand s’arrêter lorsqu’il commence à ouvrir la bouche. Ce qui lui a déjà valu plusieurs soucis avec son directeur par le passé. C’est une personne qu’on pourrait qualifier de « Nerd ». Il n’a pas véritablement d’amis et tout son temps libre, il le passe sur des ordinateurs. Ces derniers n’ont plus de secrets pour lui. Il n’a pas accès à beaucoup d’informations concernant le projet sur lequel il travaille, mais il s’en moque. Du moment que le gouvernement tienne sa promesse et ne l’inculpe pas pour ses erreurs de jeunesse, cela lui convient parfaitement.
- Thompson ! Vous avez du nouveau, j’espère dit Cross en insistant bien sur le dernier mot comme l’ombre d’une menace.
- Bien le bonjour à vous (puis voyant qu’il n’obtiendra aucune réponse). C’est à dire que c’est assez délicat surtout à cause de l’obscurité, enfin je veux dire que...
- Venez-en en au fait pour une fois, ça vous changera l’interrompt sèchement son supérieur.
Le jeune informaticien hoche la tête sans rien dire avant de pianoter rapidement sur son clavier.
Un écran vidéo apparaît et les trois hommes peuvent voir en image l’agression de l’agent Samson ainsi que la fuite du jeune homme. L’image est en noir et blanc et on ne distingue pas Shawn, c’est comme si l’écran était brouillé.
- Il est rapide, l’enfoiré ! s’exclame Cross
- Je n’ai pas réussi à améliorer l’image, l’installation vidéo a dû être mal effectuée. Ça grésille dit Thompson, voulant prouver que ce n’est pas de sa faute.
Deux secondes plus tard la vidéo s’achève, Thompson entend le soupir agacé de son supérieur. Il n’ose ni bouger, ni dire quoi que ce soit. C’est à peine s’il s’autorise à respirer. Il préfère se faire tout petit et garder le silence. C’est souvent la meilleure solution avec Cross. Il ne veut surtout pas l’énerver, pas quand il est dans cet état.
- Ne me dites pas que c’est tout ce que nous avons, il y’avait au moins 6 caméras quadrillant la zone.
- A l’endroit où il se trouvait, on a que celle-là.
Cross frappe durement la table du plat de sa main en poussant un grognement de colère. Ses deux subordonnés ne peuvent s’empêcher de sursauter. Un silence pesant s’installe dans la pièce. Au bout d’un moment, qui semble avoir duré une éternité, Cross reprend la parole.
- Envoyez cette vidéo aux hautes sphères. Je veux une meilleure résolution. Et surtout, je veux savoir s’il s’agit d’un habitant de cette ville, d’un fugueur ou… dit Cross n’ayant pas besoin de finir sa phrase.
- Vous pensez que c’est l’un d’entre eux ? demande Peterson
- Oh que oui ! Je le sens et les autres ne vont pas tarder à débarquer, soyez en sûr dit Cross, un sourire diabolique se dessine sur ses lèvres.
- Je m’en charge, j’ai connu pire comme qualité d’image dit Thompson.
- Je veux des résultats, sinon des têtes vont tomber dit Cross en regardant ses deux agents droits dans les yeux.
Ces derniers hochent la tête, ne pouvant s’empêcher d’imaginer le pire. Ils savent pertinemment que leur patron n’est pas réputé pour être une personne qui pardonne aux autres. Et que si des têtes doivent tomber, ils seront dans le lot. Ce qui ne les enchantent pas outre mesure. Mais ils se gardent bien de donner leur avis sur la question, sachant que cela ne servira pas à grand-chose.
Dimanche matin, campus de l’université. La plupart des étudiants dorment encore, se remettant de leur soirée de la veille. Il est près de 9 heures et Shawn vient à peine de se réveiller. Il était en train de s’habiller lorsqu’il entend des coups frappés avec insistance à sa porte. Il sursaute de surprise, le visage pâle, n’attendant aucun visiteur. Il ne peut s’empêcher de se demander s’il ne s’agit pas des personnes qui l’ont pourchassé une semaine plus tôt.
Il se sent perdu et ignore ce qu’il doit faire, prendre la fuite par la fenêtre ou les affronter. Mais il sait que s’il s’agit du FBI, ils auront déjà pensé à bloquer toutes les issues, ne lui laissant aucune échappatoire. Il n’a pas le choix, Shawn va devoir aller au-devant de son destin.
Il s’avance lentement, sans bruit, vers la porte et jette un rapide regard à travers le judas. Il pousse un soupir de soulagement en reconnaissant Jamie. Shawn tente de calmer les tremblements de son corps avant d’ouvrir la porte en ébauchant un petit sourire
- J’aurai préféré que ce soit une fille qui avait envie de mon corps.
- Rêves pas trop, ce n’est que moi lui indique Jamie.
- Je vais faire avec. Quel bon vent t’amène ? Fais comme chez toi déclare Shawn en ouvrant en grand la porte.
- Non faut y aller, sinon Sarah va nous tuer. Elle poirote en bas.
- Pourquoi elle n’est pas montée ?
- Elle doit garder la voiture et éviter que la sécurité du campus s’y intéresse.
- Quelle voiture ? C’est quoi ce traquenard ?
- On t’emmène en virée lui répond Jamie, avec un large sourire sur les lèvres.
- Où ça ?
- Secret défense.
Shawn n’insiste pas en voyant le visage de son ami. Il sait que son camarade ne crachera pas le morceau. Il doit avouer que cela lui fera du bien de se retrouver entre amis, il en a besoin. Et surtout, cela lui permettra d’éviter de tourner en rond, à se poser des questions existentielles. Autant sortir et profiter de cette belle journée. Il n’hésite pas longtemps, avant de prendre son manteau et de suivre Jamie.
Les deux garçons descendent et se dirigent vers la sortie du campus. Une petite voiture flambant neuve est garé devant. Elle ressemble à une Twingo de couleur rouge. Sarah est assise sur le capot, prenant un bain de soleil et les regarde en tapotant sa montre :
- On est à la bourre.
- C’est bon, maintenant on peut y aller. Shawn., mets-toi à l’aise dit Jamie.
Shawn sourit, il ne comprend rien à ce qui se passe. Mais il ne dit rien car il adore les surprises. L’idée de partir en virée avec ses amis l’enchante énormément. Le jeune noir s’installe du côté passager, Sarah à l’arrière et Jamie derrière le volant.
- En route mauvaise troupe ! s’exclame Jamie en mettant ses lunettes de soleil.
- Vous ne m’en direz pas plus, j‘imagine dit Shawn, en mettant sa ceinture de sécurité.
- Non, tu ne sauras rien. C’est la surprise ! s’exclame Sarah, toute excitée.
Jamie se dirige vers l’autoroute et quitte la ville, en direction du sud. Shawn se rend compte que des Etats Unis, il ne connaît pas grand-chose. Il n’a pas encore eu le temps de jouer les touristes. Il reste scotché à la fenêtre et profite du paysage. C’est limite, si de la bave ne lui coule pas de la bouche. Pendant la première demie heure, les trois amis s’échangent des banalités et se chamaillent sur la station de radio qu’ils veulent écouter. Jamie ne leur laisse pas beaucoup de choix, prétextant que c’est au conducteur de choisir. Jamie est pour une fois assez silencieux, totalement concentré sur la route.
- Alors, tu vas mieux ? demande Sarah.
- Bien mieux, surtout maintenant. Mais ne me dites pas que vous faites tout ça pour me remonter le moral ?
- On a été invité à une fiesta alors on a pensé que ce serait une bonne idée de te changer les idées.
- C’est une excellente surprise. Par contre, c’est à qui la voiture ? demande Shawn
- A un des potes qu’on va rejoindre, il me l’a confié dit Jamie.
- Génial ! mais dis-moi, il est au courant que tu n’as pas encore le permis ?
- Ben, c’est à dire que…… balbutie Jamie, ne sachant pas quoi dire pour sa défense.
- Eh oui avec Jamie, il faut toujours faire gaffe, c’est un vrai casse-cou dit Sarah.
- Merci Sarah, je me sens soutenu, ça fait vraiment plaisir dit Jamie sur un ton sarcastique, avant de se tourner vers elle et de lui jeter en regard noir.
- Regarde plutôt la route, mec dit Shawn, ne se sentant pas rassuré.
- T’inquiète ! Je maîtrise la situation.
- Si tu le dis et au cas où on arrive entier, on va où là ? demande Shawn, mort de curiosité.
Sarah secoue la tête négativement tout en souriant. Shawn lui fait son regard de chien battu mais ça ne suffit pas pour la faire changer d’avis. Elle peut être du genre intraitable quand elle le souhaite. Il sait que quoi qu’il puisse dire, elle gardera sa langue dans sa poche.
- C’est une surprise. Sinon ça ne serait pas marrant.
- Vous êtes doué pour mettre quelqu’un au supplice ! y’a pas à dire ! s’exclame Shawn, en faisant semblant de bouder dans son coin.
Ils roulent pendant près de trois quart d’heure avant d’arriver au lieu secret, c’est à dire une plage qui n’est pas très loin du lac Michigan. Les rives du lac Michigan sont réputées pour être idéales lorsqu’on souhaite passer une journée à la plage. Shawn l’ignorait et il l’apprend avec plaisir. Ils se garent dans un petit parking où se trouve déjà une dizaine de voiture.
Shawn sort le premier et reste bouche bée en regardant autour de lui. Il ne s’attendait vraiment pas à un tel panorama. Cela dépasse toutes ses attentes. Il n’a qu’une envie, c’est de sauter sur place comme un fou, pour montrer sa joie. Mais il se retient, ne voulant pas s’afficher auprès de ses amis et se contente donc d’un large sourire.
Il va finir par croire à croire au paradis sur terre. Comment peut-il en être autrement ? Il l’a devant ses yeux. Comme quoi la vie peut être simple. Du soleil, une plage, cela suffit à poser un cadre idyllique. Bien sûr, le fait que des filles en bikinis courent un peu partout, aide aussi grandement. Shawn n’en demande pas plus, il est au paradis, entouré d’amis. Il ne voit rien qui pourrait faire défaut.
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