Au même moment, appartement de Sarah. Les occupants ignorent être surveillés et que leurs vies sont en danger. Ils s’amusent comme des fous. Jenny rit, la main sur sa bouche, elle a du mal à s’arrêter, tellement la situation l'amuse. Shawn se trouve devant elle, à genou sur le sol afin d’être à la même hauteur que la jeune fille. Il a mis un oreiller sous ses jambes afin de ne pas être gêné par des courbatures. Cela fait un petit moment qu’il se trouve dans la même position sans pouvoir bouger. Mais il tient bon et ne faiblit pas. Prenant son mal en patience pour plaire à sa jeune protégée.

Tout son visage est recouvert de maquillage. Il ressemble à un indien à qui on aurait massacré ses peintures de guerres. On trouve toute sorte de couleurs sur sa face. Des traits rouges, des étoiles jaunes et d’autres signes bizarres en bleue et en blanc issue de l’imagination de Jenny. Le tout ressemble à du grand n’importe quoi. S’il n’était pas le cobaye, Shawn serait aussi en train de se moquer du ridicule de la situation.

Lorsque Jenny en a enfin terminé, Shawn peut regarder le résultat. Il se relève et se dirige vers le premier miroir qui se trouve sur son chemin. Il reste immobile, déglutissant avec peine avant de faire la moue. Il n’arrive pas à croire qu’il ait accepté ce carnage de plein gré. Il a toujours eu des difficultés à dire non aux gens et encore plus aux enfants. C’est une faiblesse qui finira un jour par lui jouer des tours. Et, c'est ce qui vient de se produire. L’étudiant se tourne vers Jenny en secouant la tête. Il essaye de paraître sérieux, mais avec un visage barbouillé comme le sien, il n’a aucune crédibilité.

- Il est hors de question que je garde ça sur le visage. Si quelqu’un me voyait, il me prendrait pour un malade mental dit Shawn, décidé à tout enlever.

- Allez, ça va être drôle ! insiste Jenny, le regard empli de malice.

- T’es gentille ! Mais au niveau humiliation, j’ai assez donné. Et puis, tu es sûr qu’un indien ressemble à ça ? demande Shawn, qui a de gros doutes sur la question.

- Oui, oui, je les aie vus à la télé dit Jenny en mentant, un gros sourire sur le visage.

Jenny commence à bouder, en voyant que Shawn ne veut pas jouer le jeu. Ses deux mains posées sur les hanches. Elle le fixe droit dans les yeux, sans ciller, telle une adulte. Shawn se retient de rire en la voyant agir ainsi. La jeune fille donne plus l’impression de mimer quelqu’un, que de vraiment prendre une attitude sérieuse. Shawn sait qu’elle tente de copier sa mère ou sa tante.

- Si tu ne le gardes pas, je dis à Sarah que je me suis ennuyée avec toi. Elle sera très déçue dit Jenny.

- Tu sais comment on appelle ça ? C’est du chantage. Je vois que c'est un trait de famille.

- Tu as le choix ajoute-t-elle en mimant une personne intransigeante.

Shawn amusé par le caractère précoce de Jenny, hoche la tête. Il décide de jouer le jeu jusqu’au bout, pour lui faire plaisir. Il fait semblant de s’avouer vaincu et pousse un long soupir, avant de dire :

- Ok, ça marche, tu as gagné !

- Tope là dit Jenny, en lui tendant sa main, toute gaieté revenue sur son visage.

Les deux complices tapent dans la main, scellant ainsi leur pacte. En compagnie de Jenny, Shawn a l’impression de redevenir un enfant et ce n’est pas pour lui déplaire. Tout est si simple, pas besoin de jouer sur différents tableaux ou de penser au futur. Ce qui importe pour les enfants, c’est juste l’instant présent et être entouré d’amour. Il se demande parfois quel homme il serait devenu si ses parents ne l’avaient pas abandonné. Est ce qu’il aurait connu une enfance emplie d’amour et de douceur ? C'est une question à laquelle il n'obtiendra malheureusement jamais la réponse.

Le jeune homme ne veut pas dire que sa vie à l’orphelinat a été un enfer. Le personnel était très gentil et prévenant. Mais malgré leurs bonnes intentions, les religieuses ne pourront jamais remplacer la présence de véritables parents. Shawn sort de ses pensées, voyant que Jenny attend patiemment qu’il réagisse.

- Dis-moi, qu’est-ce que tu as envie de manger? demande Shawn.

Jenny réfléchit quelques secondes en dodelinant de la tête, avant de finir par ébaucher un grand sourire. Il s’agit du même que lorsqu’elle a eu envie de lui peinturer le visage. En le reconnaissant, Shawn imagine déjà le pire et agite négativement ses mains. Même s’il sait que la jeune fille est dure en affaire et qu'il va finir par céder.

- Eh ! je te préviens tout de suite. Je ne suis pas cuistot, moi.

Une heure plus tard, les deux compères sont en train de se préparer des crêpes. Shawn mélange les ingrédients, tandis que Jenny lui donne les indications en suivant une recette trouvée sur internet. Ils ont disposé tous les accessoires dont ils vont avoir besoin sur la table de la cuisine. Les pâtissiers en herbe veulent être sûr de n'avoir rien oublié. Jenny est aux anges, encore plus que lorsqu’elle maquillait Shawn.

Ce dernier sourit également, le bonheur de la jeune fille est communicatif. Il est content qu’elle passe un bon moment en sa compagnie. Il aurait été triste s’il n’avait pas été à la hauteur. Shawn a bien conscience que son gros problème vient de son manque de confiance. Il devrait croire un peu plus en lui et en ses capacités. Il verrait la vie en rose et arrêterait de se torturer la tête pour un rien. Comme quoi, pas besoin d’aller voir un psychologue pour mieux se comprendre, on possède les clefs en nous. Il se demande si à terme, il acquerra plus de confiance en lui avec l’aide de ses pouvoirs. L’avenir le lui dira.

- Je suis sûr que ça va faire plaisir à Sarah et à maman dit Jenny.

- C’est gentil de penser à elles dit Shawn, en battant énergiquement une dizaine d’œufs dans un grand bol.

- Je n’ai pas d’amis. Ça a toujours été ma maman et moi. C’est tout.

- Tu n’as pas d’amis ? j’ai du mal à le croire.

Jenny se contente de faire la moue et de hausser les épaules, avant de répondre :

- On ne reste jamais dans la même ville très longtemps. Je change d’école tous les 6 mois. Pas facile pour se faire des amis. Avant, on était à Las Vegas, c'était nul mais maman était si heureuse. Elle était tout le temps de sortie.

Jenny est si mature, elle n’arrête pas de le surprendre. Il n’aurait jamais pensé qu’il aurait une conversation d’adulte avec une fille de son âge. A huit ans, Shawn était très différent, intéressé uniquement par les dessins animés. On lui a toujours expliqué qu’il existe une grande différence de maturité entre les garçons et les filles. Il y croit maintenant.

- Ça ne doit pas être facile. Pour moi aussi, c’était pareil quand je suis venu faire mes études dans ce pays. Je ne connaissais rien, ni personne. Je me suis dit que ça allait être très difficile pour me faire des amis. Mais grâce à Sarah et à Jamie, je me sens maintenant chez moi. J’ai beaucoup de chance de les connaitre. Je suis sûr que tu feras aussi des belles connaissances qui changeront tout.

- Sarah, tu l’aimes bien dit Jenny, d’une petite voix, changeant complètement de sujet.

Shawn regarde la jeune fille avec de gros yeux, pris au dépourvu. Il n’en revient pas qu’elle lui pose cette question alors qu'elle vient à peine d'arriver. Cela se voit tant que ça sur son visage et dans son attitude ? Si une fille de 8 ans a réussi à le percer à jour, tout le monde doit voir clair en lui. Et cela ne le rassure pas, mais alors pas du tout... Shawn ne se rend pas compte mais dans son embarras, il continue à battre les œufs et une bonne partie dégouline du bol et se répand sur la table.

- Attention à ce que tu fais, tu en mets partout

- Mince !

- Ah, ah, j’ai raison alors !

- Ok, petite maligne ! Ce n’est pas ce que tu crois lui répond Shawn, souhaitant reprendre le contrôle de la situation.

Shawn tente de rattraper les dégâts à l'aide d'une cuillère en bois. Il réussit tant bien que mal à récupérer le liquide sur les bords. Mais il a bien conscience que dans certains domaines, les gens auront toujours des difficultés. Même avec la meilleure des volontés, parfois ce n'est juste pas possible. On ne peut pas être bon en tout. Pour lui, son talon d’Achille, c’est la cuisine. Une véritable catastrophe !

« Que Dieu bénisse celui qui a inventé les plats cuisinés ! » pense-t-il dans sa tête.

Le jeune homme sait pourtant que ce n’est pas bon pour la santé. On lui a suffisamment répété que c’était cancérigène. Mais sans ces plats, il mangerait toujours la même chose : omelette, pâtes, riz et pomme de terre. Il ne connaîtrait même pas la plupart des légumes. Il revient à l’instant présent, lorsque Jenny lui transmet les nouvelles instructions.

- Maintenant tu dois verser délicatement la farine et le lait.

- Ok, ça, ça va. Je peux y arriver.

Shawn commence à verser les deux ingrédients dans le récipient. Il procède avec précaution et minutie, donnant l’impression de réaliser une expérience de chimie. N’importe qui aurait fait le tout en quelques secondes, Shawn a besoin d’un peu plus de temps. Il ne veut pas que la situation lui échappe à nouveau. Et en même temps, cela lui permet de faire semblant d’oublier le sujet sur lequel Jenny voulait le diriger. Malheureusement pour lui, la jeune fille n’est pas décidée à abandonner si facilement.

- Eh, tu ne m’as pas répondu !

Shawn sait qu’il est bloqué et qu’il est obligé de répondre. Cela serait trop suspect s'il refusait de dire quoi que soit. Il tente de parler sur un ton détaché, comme si cela ne l’affectait en rien.

- On est juste de bons amis. Pourquoi elle t’a parlé de moi ? demande-t-il.

Le jeune noir a posé cette question sans insister, faisant comme si cela lui était égal. Mais la vérité, c’est qu’il meurt d’envie d’entendre la réponse. Si Sarah parle de lui, c’est peut-être bon signe. Cela voudrait dire qu’elle ressent quelque chose pour lui autre que de l'amitié. Son cœur bat la chamade dans sa poitrine, mais son visage reste indéchiffrable.

La jeune fille se contente de hausser les épaules et de faire la moue, jouant au même jeu que son partenaire de cuisine.

- Peut-être, je ne sais plus.

- Merci, tu m’aides beaucoup

- Je croyais que tu t’en fichais.

Shawn allait rétorquer lorsque Jenny ouvre grands ses yeux et montre des doigts le mélange qu'il est en train de remuer. La mixture qui se trouve dans le bol est d’une couleur marron pâle, des grumeaux sont visible un peu partout. L’étudiant se demande quelle étape il a raté. Il sait qu’il ne pourra pas rattraper le coup, le mélange est trop immonde.

- Tu as mis trop de farine, la pâte va être dur comme du béton.

- Eh attends ! C’est toi mon second, tu ne m’as rien dit et tu m’as déconcentré avec tes questions. Bon, on laisse tomber. On va acheter un gâteau, cela sera moins prise de tête et surtout moins risqué.

- Ok, si tu veux !

Shawn se tourne vers la petite fille et en voyant son visage triste et déçue, il ne peut se résoudre à abandonner. Même si cela doit lui prendre toute la nuit, il va réussir à préparer ces satanées crêpes. Pas besoin d'être un pâtissier hors pair pour y arriver. Jenny veut faire plaisir à sa famille et Shawn est bien décidé à aider la fillette dans sa tâche. Il ne va pas tout gâcher. Il n’est peut-être pas doué pour la cuisine, mais c’est un battant qui va jusqu’au bout. Ce ne sont pas des crêpes qui vont avoir raison de lui, ni de sa volonté. Il ne le permettra pas.

C’est important pour Jenny. Il veut lui faire plaisir et la voir sourire à nouveau. Peu importe l’effort que cela lui demandera. L’étudiant prend le récipient et jette la mixture à la poubelle. Cela lui fait mal au cœur, après le temps passé dessus. Mais il sait que c’était la meilleure chose à faire. Il regarde Jenny qui l’observe avec des grands yeux. Shawn relève les manches de son pull et prend de nouveaux œufs.

- Ok, c’est parti pour le deuxième round !

2 heures plus tard. Une assiette remplie de crêpes repose fièrement sur la table de la cuisine. Le cuisinier et son assistante sont avachis sur le sofa du salon, épuisés, après tant d’efforts. Ils se sont endormis devant la télévision. Le deuxième essai a été le bon. Jenny a aidé Shawn à préparer la pâte à crêpes et ensemble, ils ont réussi à vaincre tous les obstacles.

Ensuite, ils ont fait la fête pour fêter l’événement à base de musique et de danse. Jenny lui a dit qu’elle avait passé une soirée magique, qu’elle n’est pas prête d’oublier. Cela a fait chaud au cœur de Shawn et il n'a pas pu s'empêcher de la serrer dans ses bras. Il se rend compte qu'il arrive facilement à être ému.

Quand Sarah rentre dans l’appartement, éreintée par sa longue soirée de recherche. Elle ne peut s’empêcher de sourire en voyant l’image devant ses yeux. La jeune femme reste quelques minutes dans le salon, à regarder dormir son ami. Il semble si paisible. C’est une image mémorable, elle aurait aimé prendre une photo pour l’immortaliser. Mais, elle n’a pas d’appareil sous la main. Elle n’arrive jamais à mettre la main dessus, le rangeant à chaque fois dans des endroits différents. Sarah abandonne l’idée de le chercher. Cela lui demanderait trop de temps et elle ne veut pas manquer le moment où il va se réveiller. La jeune étudiante prend plaisir à le regarder, sans qu’il ne puisse la remarquer. Elle pourrait rester longtemps ainsi, même si elle n’aime pas trop l’idée de l’espionner.

En tout cas, Sarah doit l’admettre, Shawn reste une véritable énigme pour elle. Malgré tout le temps qu’ils ont passé ensemble, elle a toutes les difficultés du monde à dire qu’elle le connaît. Il est si mystérieux, ne laisse rien transparaître. Il est très doué pour écouter les autres et elle sait au plus profond d’elle qu’elle peut compter sur lui. Sarah a envie de tout savoir à son propos. Mais elle a compris que le jeune noir n’a aucune envie de parler de son passé. C'est comme s’il l’avait enterré en venant dans ce pays. Faisant table rase de son passé.

Sarah ne veut surtout pas le brusquer, mais elle sera toujours là s’il souhaite parler. Elle espère qu’un jour il le fera, qu’il aura assez confiance pour tout lui raconter. Sarah sait qu’il n’a pas vécu des événements très drôles dans sa vie. Cela se voit dans ses yeux et dans son regard, même s’il est doué pour le cacher.

L’étudiante finit tout de même par le réveiller en lui caressant doucement le visage. Il faut quelques secondes à Shawn pour qu’il ouvre les yeux et se rappelle l’endroit où il se trouve. En voyant le visage de la jeune femme à quelques centimètres du sien, il se retient de l’embrasser. Il se contente de plonger son regard dans le sien. Il rompt à contrecœur le contact visuel avant de se redresser dans le sofa, en faisant attention de ne pas réveiller Jenny. Sarah apprécie beaucoup les marques d’attention que le jeune homme prend à l’égard de sa nièce. Shawn est si attentionné avec tout le monde. C’est un véritable amour.

Elle se demande pourquoi aucune fille ne se bat pour être l’élu de son cœur. Un gars comme lui ne court pourtant pas les rues. Sarah fantasme, se disant que c’est peut-être elle qui est destinée au jeune homme. Mais elle ne sait pas comment s’y prendre. Pourtant elle n’est pas du genre timide mais elle est perdue dès qu'il s’agit de Shawn. Elle a l’impression d’être rouillé en flirt lorsqu’il est près d’elle. Sarah n’arrête pas de se demander pourquoi elle se complique autant la vie, mais c’est plus fort qu’elle.

- Ce serait agréable de se faire réveiller tous les jours comme ça dit Shawn, d’une voix fatiguée.

- Arrête, crétin tu vas me faire rougir ! s’exclame Sarah, en secouant la tête, avec un petit sourire au coin des lèvres.

Shawn prend le temps de se lever et repose la tête de jenny, qui était contre son ventre, sur le sofa. La petite fille ne se réveille pas, se tourne juste sur le côté pour trouver une meilleure position.

- Alors, ça s’est bien passé ? demande Sarah

- Impec, Jenny est adorable. Mais, je me suis rendue compte que jouer les babysitteurs, ça peut être épuisant.

- C’est clair. J’aimerai bien la voir plus souvent, mais bon ma sœur ne tient jamais en place. Jolie maquillage au fait dit Sarah, en désignant le visage de son ami.

Shawn se regarde dans un miroir et se souvient des dessins sur son visage, il les avait oubliés. Il fait la moue, se rendant compte que s’il sort ainsi, il va être totalement ridiculisé et on va le prendre pour un fou. Ce ne serait pas la première fois mais s'il peut l'éviter, il préfère.

- Tu peux aller te nettoyer si tu veux, je ne lui dirai pas que tu les as enlevés dit Sarah.

- Non, j’ai fait une promesse, je rentrerai chez moi comme ça. Même si je vais avoir la honte de ma vie.

Sarah hoche la tête, étonnée que Shawn respecte le marché qu’il a fait avec jenny, alors que celle-ci est profondément endormie.

- Qui sait, ça peut être sympa de voir la réaction des gens dans la rue. Ils vont me prendre pour un taré.

- Vu l’heure, tu n’as pas trop de risque. Mais c’est clair que j’aimerai bien voir ça.

Shawn regarde la montre de son amie, les aiguilles affichent 23 heures.

- Waouh Déjà ! Le temps passe vraiment vite. Tu as pu bosser au moins ?

- Oui. Mr Darcy ne va pas en revenir. En tout cas, je ne te remercierai jamais assez. Tu m’as vraiment enlevé une épine du pied.

- Je refais ça quand tu veux. Les amis, c’est fait pour ça dit Shawn, en haussant les épaules, comme s’il s’agissait d’une évidence.

- Tu peux rester dormir ici. Enfin dans le salon, je veux dire s’empresse d’ajouter Sarah, ne voulant pas que Shawn pense qu’elle l’invite dans son lit.

- Non, ça va aller, tu me connais j’adore les promenades nocturnes dit Shawn, avant de prendre son manteau, n’ayant pas relevé le changement de ton de sa camarade.

Sarah le raccompagne jusqu’à la porte d’entrée, le remerciant encore pour son aide.

- Rentre bien, et merci encore, tu es un ange.

- Arrête ou là c’est moi qui vais rougir dit Shawn en souriant, avant de prendre congé.

Shawn sort de la résidence de Sarah. Une fois devant le portail, il relève la tête en direction de l’étage où se trouve l’appartement de son amie. Il sourit lorsqu’il la voit à la fenêtre en train de lui faire un signe de la main, tout en faisant une grimace ridicule à son attention. L’étudiant fait de même avant de continuer son chemin. C’est toujours agréable de se sentir aimé. Cela lui a tellement fait défaut durant son enfance, qu’il pensait ne jamais connaitre cette douce sensation. Maintenant que c’est le cas, il ne pourrait plus s’en passer. Cela procure tellement de bien de se sentir apprécié, estimé et encore plus aimé.

Il est tellement perdu dans ses douces rêveries qu’il ne remarque pas une présence à quelques mètres de lui. Dans un petit renforcement au niveau de l'entrée de la résidence. Nina est allongée dans une position fœtus, à même le sol glacé. La jeune femme est en sanglots et tremble de tout son corps. Elle n’a pas la force de rentrer, ne voulant pas qu’on la voie dans cet état. Elle est trop atteinte émotionnellement pour réussir à cacher sa détresse. Nina ne voit pas comment elle va pouvoir s’en sortir cette fois.

Elle s’est entourée de mauvaises personnes et maintenant, elle doit en payer le prix. Si seulement elle était la seule à devoir en souffrir, elle l’accepterait. Mais ce n’est pas le cas. Tous ses proches sont en danger, surtout la plus chère à ses yeux. Les gens qui en ont après elle, ne sont pas des amateurs et iront jusqu’au bout. Ils ne ressentent aucune pitié et n’auront aucun repos tant que leur objectif ne sera pas atteint.

Elle pleure en silence, repliée sur elle-même, complètement dépassée par les évènements. Sachant que les prochaines 24 heures seront les plus horribles de sa vie. Elle se demande si elle survivra à cette journée. Nina n’en est pas sûre du tout. Si les événements se produisent, elle doute d’avoir encore la volonté de vivre.