chapitre 22 : Vous avez dis super héros ?

17 minutes de lecture

Samedi soir à Chicago. La semaine est passée à une vitesse incroyable, Shawn n’a pas vu le temps s’écoulé. Trop occupé par ses cours à l’université et les différentes sorties organisées par ses camarades. Il n’a pas eu besoin d’utiliser ses pouvoirs durant toute cette période et il s’en réjouit. Il a pu se comporter comme n’importe quel étudiant lambda et cela lui procure une certaine sérénité. Mais il ne se fait aucune illusion, il sait que cela ne va pas durer et qu’il sera obligé un moment ou un autre de reprendre le combat. Mais en attendant, il vit au jour le jour. Lui qui aime tant tout organiser dans sa vie, il doit reconnaitre que cela lui fait le plus grand bien. Il se sent en paix, plus de colère ou de déprime à l’horizon. Ses amis se sont rendus compte du changement de son comportement et semblent en être ravis.

Le jeune homme se hâte de pénétrer dans la station de métro la plus proche, situé dans un quartier animé du centre ville. L’étudiant revient d’une soirée dans un bar karaoké en compagnie de Sarah et de Jamie. Il les avait pourtant prévenus qu’il était hors de question qu’il chante. Mais une fois sur place, l’alcool aidant, il s’est laissé convaincre. En même temps, il sait qu’il lui ait impossible de dire non à Sarah. C’est sa kryptonite, sa faiblesse, mais également sa plus grande force. Il ne serait jamais devenu l’homme qui l’est sans l’avoir rencontré.

Depuis sa tentative de fuite, il se sent obligé de se faire pardonner en passant le plus de temps possible avec eux. Ce qui n’est pas pour lui déplaire. Au contraire, il s’amuse comme jamais et découvre tous les jours des nouvelles facettes sur ses compagnons. Il arrive aussi à se dérider, à se confier plus facilement et il doit avouer que c’est agréable de se sentir plus léger. Comme quoi, il n’avait pas besoin de thérapie pour mieux appréhender la vie, mais seulement de rencontrer de vrais amis, sur qui il peut compter. Mais malheureusement, tout n’est pas rose. Même si l’étudiant réussit tant bien que mal à ne rien laisser paraître, au fond de lui beaucoup de questions le taraudent.

Il s’engouffre dans le premier métro qu’il voit et reste debout contre la rambarde, le visage tourné vers la vitre. Le jeune a les yeux rivés sur l’extérieur, le regard hagard, perdu dans ses pensées.

Il sait maintenant qu’il n’est pas le seul sur terre à posséder des pouvoirs. Avant cette nouvelle aurait pu le rassurer, il n’est plus seul au monde. D’autres personnes traversent les mêmes épreuves que lui, ils pourraient tous s’épauler et en sortir grandis. Mais ce n’est prévu au programme car il sait qu’il sera obligé de les combattre un jour et qu’il y’aura des morts. Shawn a vu suffisamment de cadavres mais il sait pertinemment que la liste est loin d’être arrivée à son terme.

Il s’en veut de ne pas avoir donné de nouvelle à Max et Hayden. Il n’a pas osé les contacter alors que finalement, il est toujours à Chicago. Il se sent lâche de ne pas avoir été avec eux, jusqu’au bout. En même temps, il se dit que grâce à ses capacités, Cheyenne a dû les informer qu’il n’était pas parti. Mais il a surtout beaucoup de difficultés à oublier le visage de Myrick avant que ce dernier ne meure. Le jeune français sent que cette image va le hanter jusqu'à la fin de sa vie, ce qui est loin de lui apporter le moindre réconfort. Il ignore comment il pourrait s’en débarrasser.

Shawn sort brusquement de sa rêverie lorsque le signal sonore du métro se fait entendre. Il regarde à l’extérieur et s’empresse de sortir lorsqu’il se rend compte qu’il s’agit de la station où il doit descendre. Il réussit à se faufiler hors du wagon à la dernière seconde. Shawn souffle en secouant sa tête, heureux d’avoir eu le temps de descendre. Le fait de faire un aller-retour inutile en métro ne l’enchantait pas vraiment. Il aimerait bien ne plus être autant étourdi. Un jour, ce trait de caractère va lui jouer des tours et sa bonne étoile ne pourra rien pour le sauver. Mais bon, il espère que ce jour ne sera pas d’actualité, en tout cas avant très longtemps. Au moins, qu’il puisse profiter d’avantage des joies de la vie et découvrir quelques réponses sur le véritable but de son existence.

Shawn a toujours été convaincu qu’il ne vivrait pas très vieux. Il ne sait pas d’où lui vient ce pressentiment, mais il l’a toujours eu. Pourtant il a très envie d’avoir des enfants un jour, il ne pense pas être suicidaire, mais c’est ce qu’il ressent au plus profond de son être. Quand il a essayé d’en parler à ses camarades en France, on lui reprochait d’avoir des pensées morbides. Il a donc préféré arrêter d’en discuter, mais ce n’est pas pour autant qu’il n’y pense plus. Le jeune homme est bien décidé à se battre jusqu’au bout, à vendre chèrement sa vie. Il finira bien par découvrir ce que son destin lui réserve. S’il a appris quelque chose depuis ces derniers mois, c’est que quoi qu’il arrive, certains événements ne peuvent pas être évités. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut baisser les bras et s’avouer vaincu. Ça Shawn le refuse !

Il traverse un couloir désert afin de se diriger vers la sortie. Il est près de minuit et personne ne circule dans la station. Shawn a l’impression d’être en plein cœur d’un film d’horreur. Il s’attend presque à voir un tueur en série lui sauter dessus. L’étudiant sourit en secouant la tête, se disant qu’il faudrait qu’il arrête de regarder des films d’épouvante. Cela ne lui réussit pas.

Lorsque soudain, il entend un cri étouffé provenant d’un couloir, un peu plus loin, sur sa gauche. L’étudiant s’arrête, prêtant l’oreille. Il hausse les épaules n’entendant plus rien, il pense avoir rêvé. Au moment où il se remet à marcher, il entend un sanglot féminin. Il fronce les sourcils et décide d’aller voir ce qui se trame. Il ne peut pas partir sans rien faire, surtout si quelqu’un a besoin d’aide. Il se colle contre le mur et avance silencieusement, à l’affut. Il marche sans faire de bruit, comme un chat agile qui a repéré une proie.

A quelques mètres, une jeune femme dans la vingtaine tente tant bien que mal de se débattre contre un homme d’une trentaine d’année. Ce dernier semble chercher à la violer. L’individu est d’allure musclé et malgré tous les efforts de sa victime, cette dernière ne fait pas le poids contre lui. Il la tient fermement à la gorge d’une main et de l’autre tente de forcer le passage sous sa robe. La jeune femme a les yeux en larmes et pousse un râle, les yeux exorbités, lorsqu’elle sent la main de son agresseur se balader au niveau de son bas ventre. Elle se résigne, ne pensant même pas à prier. Tout ce qu’elle souhaite, c’est que son calvaire ne va pas durer longtemps. Elle ferme les yeux, prête à souffrir en silence. Lorsque soudain, elle sent comme un courant d’air chaud passé près d’elle. L’instant d’après son agresseur lâche prise et recule en hurlant de douleur. Il s’écroule à genou, son manteau en feu. La jeune femme crie, totalement paniquée, ne comprenant pas ce qui vient de se produire.

C’est à ce moment que Shawn fait son apparition. Il a utilisé son pouvoir et vient d’embraser le manteau du violeur, afin de le perturber dans son action. Il profite de l’effet de surprise pour agir. Le jeune sauveur s’approche rapidement, pendant que l’homme se débarrasse tant bien que mal de son manteau. Il s’empresse de le jeter violemment au sol, ne comprenant pas comment une telle chose a pu se produire. Il pousse un cri de douleur, un de ses avants bras est brulé au deuxième degré. Il a à peine le temps de tourner la tête, qu’il reçoit un violent crochet du droit en pleine mâchoire. Du sang coule de sa lèvre inférieure, fendue sous le choc. L’homme recule contre un mur et secoue la tête, sonné avant de s’en aller en courant, sans demander son reste. Shawn ne cherche pas à lui courir après, il ne veut pas que sa colère prenne à nouveau le contrôle. Si cela se produisait, il risquerait de tuer l’agresseur et Shawn a suffisamment de sang sur les mains. Pas la peine d’en rajouter inutilement. Il lui a donné une bonne leçon et avec un peu de chance, le violeur arrêtera de s’en prendre à d’autres personnes. C’est tout ce qui compte.

Il s’accroupit doucement près de la victime, qui est recroquevillée en position fœtus. Elle est parcourue de frisson, plongée en état de choc. Elle a la tête baissée et sanglote les yeux fermés, marmonnant des propos incompréhensibles. Shawn n’ose pas la toucher, de peur qu’elle réagisse mal. Il aimerait la réconforter, n’importe qui en aurait besoin après une telle épreuve. Mais il n’a jamais été très doué pour trouver les mots justes afin de consoler les autres.

Shawn a toujours été maladroit, ne sachant pas quoi dire. Sarah ou Jamie seraient plus à l’aise dans ce rôle. Il se demande s’il ne manquerait pas de sensibilité, peut être que cela fait partie de son héritage satanique. Mais il veut tout de même essayer, au moins lui montrer qu’elle n’est pas toute seule.

- Vous n’avez rien plus rien à craindre. Il est parti et il ne reviendra plus. Vous êtes en sécurité maintenant lui murmure Shawn, d’une voix douce

La victime ne réagit pas tout de suite, prenant le temps de réguler son rythme cardiaque, avant de relever la tête et de découvrir son héros du jour. Elle ouvre la bouche, mais doit se reprendre à deux reprises avant de réussir à articuler, d’une voix tremblante :

- Vous m’avez sauvé. Sans vous, je serais...

La jeune femme ne réussit pas à finir sa phrase. Elle se blottit dans les bras de son sauveur et s’agrippe fermement à lui, ayant besoin de se sentir protégée. Shawn est pris au dépourvu, ne s’attendant pas à une telle réaction. Mais il se reprend rapidement et serre la jeune femme contre lui. Ses gestes sont maladroits, mais la jeune femme semble se sentir mieux, ses tremblements se font plus rare. Le jeune homme lui dit des mots rassurants, afin de la faire sortir de son état de choc.

- Vous êtes mon héros dit la jeune femme entre deux sanglots.

Shawn lui assure qu’il n’a rien fait d’extraordinaire, mais au fond de lui, il se sent mieux. Une flamme nouvelle brûle dans son cœur. Il n’a pas vraiment l’âme d’un élu comme Cheyenne tend à le penser, mais l’idée d’être un héros ne lui déplait pas du tout. Il s’imagine braver mille et un dangers afin de porter secours aux personnes en détresse.

Il se voit recevoir une médaille et être harcelé par de nombreuses femmes, qui auraient créé un fan club en son nom. Il secoue la tête, arrêtant de fantasmer inutilement. Si l’origine de son pouvoir est vraiment satanique et qu’il s’agisse d’une malédiction et bien il va tout faire pour changer la donne. Le jeune héros va tourner la malédiction en bénédiction et apporter de l’aide aux innocents. Héros est un mot qu’il commence à bien apprécier ! C’est un rêve de gosse qui en train de devenir réalité.

Lendemain matin, appartement de Sarah Butler. La jeune femme révise un cours de science politique dans son salon, les pieds posés sur la table basse. L’étudiante a quelques lacunes avec cette matière et elle sait qu’elle doit réussir le prochain examen. Elle a besoin d’avoir le plus de points possibles afin de valider le maximum de cursus. Sarah n’a pas le droit à l’erreur. Elle repense encore à sa conversation embarrassante avec le doyen de l’université. Ce dernier lui a bien fait comprendre qu’elle était sur la sellette et qu’il s’en faudrait de peu pour qu’elle soit renvoyée. Sarah ne permettra pas que cette situation se réalise, elle ne doit pas échouer. Mais du coup elle est facilement tendue et irritable. Même si elle fait de gros efforts pour ne rien laisser paraitre.

Jamie, quant à lui est d’une humeur beaucoup plus joyeuse. Il sort de la salle de bains en se séchant les cheveux avec une serviette. Il se dirige vers la cuisine, en sifflotant et se sert un verre de jus d’orange avant de s’asseoir prés de sa colocataire. Ils sont tous les deux fatigués, dû à l’heure tardive à laquelle ils sont rentrés hier soir.

Ils remarquent tous les deux qu’ils ont plus de difficultés que par le passé pour se remettre d’une soirée bien arrosée. Avant, ils pouvaient faire la fête toute la nuit et remettra ça sans problème le lendemain soir. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, ils ont besoin d’un peu plus de temps pour être à nouveau à bloc. Ils trouvent cela dingue alors qu’ils n’ont pas encore atteint la trentaine. Comme le répète souvent un des oncles de Jamie « la jeunesse ce n’est plus ce que c’était ! ». Les deux jeunes doivent reconnaitre qu’il n’a pas tout à fait tort sur le sujet. Ils en sont la preuve vivante.

- Tu en as du courage pour réviser après la soirée qu’on a passé. Moi je suis trop H.S pour faire quoi que ce soit soupire Jamie.

- Crois-moi, je lutte ! J’ai l’impression que rien ne rentre. J’ai un mal de crâne pas possible. J’entends encore la musique techno dans ma tête. Je crois que j’ai trop bu hier soir.

- Eh oui ! Tu commences à te faire vieille ma petite ! Tu récupères moins vite qu’avant.

Pour toute réponse, Sarah lui jette un oreiller en pleine face. Jamie n’a pas le temps d’éviter le coup. Il fait semblant d’avoir mal et se laisse tomber au sol, en poussant un râle de douleur. Ses amis lui ont dit à plusieurs reprises qu’il devrait faire du théâtre, il a toujours été doué pour jouer la comédie.

- C’est ça moque toi, on verra bien comment tu seras dans un an dit elle, en secouant la tête, faussement vexée.

Sarah remarque que son ami à l’air de vouloir lui dire quelque chose, mais que ce dernier n’ose pas parler. Elle le connait trop bien.

- Bon ! Quand est-ce que tu comptes déballer ton sac ? Qu’est ce qui te tracasse ?

- Rien du tout ! Pourquoi tu me demande ça ?

- Vas-y craches le morceau ! Tu meurs d’en parler, ça se voit sur ta tronche. Tu n’es pas très doué pour cacher tes sentiments.

Jamie souffle avant d’acquiescer de la tête et finit par exprimer le fond de ses pensées.

- J’aimerai bien savoir ce qui s’est passé avec Shawn quand tu l’as retrouvé à la gare. Qu’as-tu fait pour le dissuader de s’en aller ? Je veux dire, il semblait très décidé et quand il est revenu, il semblait si enjoué ! Et ce n’est pas un reproche, loin de là.

- Ah c’est ça qui te chiffonne dit elle avec un petit sourire au coin des lèvres.

- Mais bon je comprendrais que tu ne veuilles pas en parler, ça ne me regarde pas ! Je suis juste curieux de nature, tu me connais ! s’exclame Jamie, levant les mains en l’air.

Sarah secoue négativement la tête, Jamie est son meilleur ami. Elle le connaît depuis très longtemps, elle n’a rien à lui cacher et ne veut pas commencer aujourd’hui. Ils ont toujours été des confidents l’un pour l’autre et elle n’a aucune envie que cela change. Même si elle n’est pas très fière de ce qu’elle a fait.

- Je l’ai embrassé dit elle, le plus simplement du monde.

Jamie, qui au même moment, buvait son jus, déglutie avec peine et recrache sa gorgée. Sarah a répondu sur un ton si naturel qu’on aurait eu l’impression qu’elle parlait du beau temps.

- Tu as quoi ? demande Jamie, d’une voix enrouée, en essuyant sa chemise tachée.

- Oui je sais, je n’aurai pas dû. Mais j’ai agi instinctivement, je n’ai pas réfléchi. Je me suis jeté sur ses lèvres d’un coup.

- Et comment il a réagi ? demande Jamie, les yeux écarquillés, n’en revenant toujours pas.

- Il avait l’air … bien et m’a rendu mon baiser. C’était vraiment...beau. Il n’y a pas d’autres mots.

Sarah sourit béatement, se remémorant ce délicieux moment. Elle ne l’oubliera pas de sitôt et ne serait pas contre pour le renouveler. Sarah sait que le deuxième baiser ne peut pas être meilleur que le premier, il y’a la découverte en moins. Mais elle est sûr, au plus profond d’elle que si un deuxième baiser devait être échangé avec Shawn, il serait tout aussi magique.

- C’est génial tout ça ! Mais excuse-moi si je me trompe, mais vous n’avez pas vraiment l’air d’être ensemble ?

Sarah sort de sa rêverie et fait la moue en regardant son ami.

- Bah en fait, on n’en a pas reparlé depuis. Aucun de nous n’ose aborder le sujet, donc on fait comme s’il ne s’était rien passé.

- J’hallucine, on se croirait dans une série d’adolescent du genre « Dawson » ! C’est n’importe quoi ! s’exclame Jamie, hilare.

Sarah s’affaisse au fond du fauteuil et pousse un long soupir.

- Je ne sais vraiment pas quoi faire. J’aimerai mettre les choses au clair, mais d’un autre coté, je ne sais pas comment. Je n’ai pas envie que notre amitié en prenne un coup. C’est vraiment important pour moi, mais d’un autre coté, j’aimerai être à fond dans cette relation. Ne pas me poser de question car je suis sûr que je serai heureuse avec lui.

- Il n’y a pas 36 solutions, tu dois lui en parler. Je suis sûr que lui aussi t’aime vraiment beaucoup.

- Shawn ! Shawn ! Shawn ! Il est tellement mystérieux ! s’exclame Sarah en soufflant.

- C’est ce qui fait son charme, non ? Tu n’arrêtes pas de le dire.

- Oui, c’est clair, mais bon je suis tout de même dans la merde.

- Ça je te l’accorde ! En même temps, ce ne serait pas marrant sinon.

- Merci pour ton réconfort, ça fait plaisir dit Sarah, sur un ton sarcastique.

- Quand tu veux, je suis là pour ça !

Sarah sourit en secouant la tête, amusée par le comportement de son colocataire. Elle aimerait bien que la situation se décante d’elle-même. Mais au fond d’elle, l’étudiante sait qu’elle va devoir faire quelque chose pour y remédier. Elle soupire avant de reprendre ses cours et d’essayer de se replonger dedans.

Campus de l’université de Chicago, logement des étudiants. Shawn enfile une veste avant de se diriger vers la porte de sa chambre. Il a décidé d’aller rendre visite à Cheyenne, afin d’avoir une discussion constructive. Tout le monde semble savoir ce qu’il doit faire de sa vie. Les choix qu’il doit entreprendre alors que de son coté, il se sent toujours aussi perdu. Il ne sait pas comment modifier l’ascendant. Mais il doit reconnaitre qu’il existe au moins un point positif dans cette histoire. Il peut enfin parler librement de ses pouvoirs et de son destin, sans qu’on le prenne pour un fou ou un monstre. Et ça c’est une grande avancé. Il aimerait que ce soit également le cas avec Sarah, mais bon, chaque chose en son temps.

En sortant de son appartement, il tombe nez à nez avec Griffin dans le couloir. Son voisin tient entre ses bras, un carton avec de nombreuses bandes dessinées. Les deux amis se saluent d’un signe de tête en souriant, heureux de se croiser. Griffin n’a demandé aucune explication à Shawn par rapport au comportement qu’il a eu quelques jours plus tôt. Il ne lui a jamais non plus parlé de sa conversation avec Sarah. Quant à Shawn, ce dernier n’a pas abordé le sujet.

C’est comme s’il y avait un accord tacite entre les deux amis. Le jeune français est reconnaissant vis-à-vis de son camarade, n’étant pas fier de ses actes.

- Comment ça va Griffin ? Qu’est-ce que tu fais avec ça ?

- Je reviens d’une brocante en ville. J’ai acheté à peu prés une trentaine de comics à des prix défiant toute concurrence lui répond Griffin, s’attendant à ce que Shawn se moque de lui, en lui disant qu’il agit comme un enfant.

- Sans déconner ! j’adore les comics depuis que je suis tout petit dit Shawn en s’approchant de son ami pour voir d’un peu plus prés ses trouvailles.

- C’est vrai ? je l’ignorai. Tu es fan de qui ? Moi c’est les x men et spiderman.

- Je ne sais pas. Moi ça serait plus Batman ou daredevil.

- Ah je vois, les héros torturés ! Ça colle bien avec ton caractère.

- Merci monsieur le psy. Je vous dois combien pour cette analyse.

- Je vais réfléchir à mes honoraires, je te le dirai plus tard ! En tout cas, j’ai acheté un peu de tout, donc si tu veux en lire n’hésites pas. Par contre, il y’a une question que je me suis souvent posé.

- Vas y, envoies !

- Si tu avais le choix tu aimerais avoir quel pouvoir de quel x-men ?

- C’est marrant ! Je me suis souvent posé la même question ! j’aimerai bien avoir le pouvoir de Mystique. Pouvoir prendre n’importe quelle apparence, ça pourrait être utile pour la drague. Mais j’avoue qu’être comme Charles Xavier, ça doit être le pied. Pouvoir lire dans les pensées et contrôler les esprits.

- Tu commences à me faire flipper ! Moi, j’ai toujours voulu avoir le pouvoir de Pyro. Bon, je sais que c’est nul, comparé à d’autres mutants. Mais pouvoir contrôler le feu et créer des flammes, je trouve ça classe ! C’est peut-être mon côté gamin qui ressort, j’ai toujours aimé jouer avec des allumettes.

- Là c’est toi qui me fais peur.

- Ne t’en fais pas, je ne mettrai pas le feu aux bâtiments le rassure rapidement Griffin.

- Je déconnais ! Non franchement je te comprends, le feu a un coté magique qui nous éblouie tous.

Il ne peut rien dire de plus, même si l’envie de se confier à son voisin est très tentant. Mais il sait qu’il doit faire preuve de sagesse et de retenue. Depuis qu’il a découvert ses nouvelles aptitudes, Shawn comprend exactement ce que son ami vient d’essayer de lui expliquer. Il n’a jamais vu le coté magnifique de la chose, mais il doit reconnaitre que créer une boule de feu peut sembler très beau. Pouvoir sentir la chaleur parcourir chaque fibre de sa main est tout simplement enivrant. Il n’existe pas d’autres mots.

A chaque fois qu’il utilise ses pouvoirs, Shawn se sent comme une personne puissante, que rien ne peut arrêter. Mais cela l’effraie également, il a peur de se laisser aller et qu’il détruise tout sur son passage. Il a tellement peiné à se construire une identité à peu près normale, il ne veut pas tout gâcher. Jusqu'à maintenant, son pouvoir était pour lui une malédiction. Mais suite à ce qui s’est passé dans le métro, il se promet de réfléchir un peu plus longuement sur le sujet.

Au moment où les deux amis s’apprêtent à se séparer pour vaquer à leurs occupations respectives. Scarlett sort de la cuisine, un yaourt à la main.

- Vous êtes vraiment de vraies pipelettes, on vous entend à l’autre bout du couloir. (Elle regarde le carton de Griffin et secoue la tête) Je ne savais pas que tu avais gardé l’âme d’un gamin pour lire ces bêtises.

- Tu te trompes ma vieille, la plupart des personnes qui lisent les comics sont des adultes. Tu devrais en lire quelques uns avant de porter des jugements.

- Plutôt mourir oui !

- Fais gaffe avec ton yaourt, stp. Ce sont des biens précieux.

- Oh excuse-moi ! s’exclame Scarlett, en reculant, amusée.

Griffin secoue négativement la tête en grimaçant. Il se demande si un jour la jeune rockeuse changera d’attitude envers lui. Tandis que Shawn regarde ses deux voisins, amusé par leurs joutes verbales quotidiennes. Il ne s’en lasse pas et il doit avouer que cela lui avait manqué ces dernières semaines.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Tewfik Alimoussa ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0