chapitre 27
Pendant ce temps, Shawn, qui a décidé d’utiliser ses pouvoirs afin de gagner du temps, vole en utilisant la pression dégagée par ses mains. Il maîtrise de mieux en mieux cette faculté. Il arrive à atteindre une certaine vitesse et ne risque plus de se prendre par inadvertance un arbre ou un immeuble. Il adore cette sensation, c’est si grisant d’avoir l’impression de voler. De sentir le vent lui caresser le visage. Le jeune héros ne pense qu’à une seule chose ; arrivé à temps pour sauver son amie et les autres captives.
L’homme qu’il a agressé, lui a appris qu’ils sont en fait plusieurs et qu’ils cherchent à atteindre un but particulier. Ces fous sont décidés à sacrifier un certain nombre de jeunes filles afin d’ouvrir un portail avec un autre monde. Ils sont convaincus qu’ainsi un démon pourrait en surgir. Mais pour cela, ils ont besoin de 10 filles innocentes.
Il s’agit d’un mythe et apparemment les kidnappeurs y croient durs comme fer. Si Shawn n’avait pas conscience que le surnaturel existe, il aurait cru avoir affaire à des malades mentales. Mais aujourd’hui, il se dit que le but que cherche à atteindre ces psychopathes est peut-être réalisable.
Le jeune homme finit par atteindre une ancienne fabrique de chaussures, aujourd’hui abandonné. Il s’agit du bâtiment en brique rouge prés duquel Morgan a été agressée. Shawn se laisse tomber au sol sans bruit, après s’être assuré que personne ne faisait le guet à l’extérieur.
Le bâtiment est assez large mais n’est composé que de deux étages. Ce serait un endroit idéal pour des squatteurs, la police n’entrant jamais à l’intérieur. Mais pour des raisons inexpliquées, le lieu semble ne pas attirer les foules. Sans doute en raison du coté austère qui se dégage de l’édifice. Les malfrats ont donc tout loisir pour en faire leur repère secret, sans être inquiétés une seule seconde.
Le groupe de délinquant est composé de cinq hommes, dans la trentaine. Ils ressemblent à « monsieur tout le monde ». Rien dans leurs attitudes ou leurs tenues vestimentaires pourraient faire penser qu’ils s’agissent de personnes dangereuses. L’un d’entre eux dénote quelque peu. Il est plus imposant, chauve, musclé, un revolver dans la ceinture. Des longs tatouages à connotation tribal sont visibles le long de ses bras et de son cou. Ils attendent leur camarade qui était censé les rejoindre. Surtout, qu’il devait amener leur dernière victime afin qu’ils puissent commencer le rituel. Ils sont tous impatients car le jour J est enfin arrivé. Ils meurent d’envie de faire couler le sang. Ils se demandent où leur camarade a bien pu disparaitre. Il sait pourtant pertinemment qu’ils ont un timing à respecter s’ils veulent agir dans les règles.
Les filles qu’ils ont kidnappées sont toutes enfermées dans une pièce au fond, sans fenêtre, qui servait de cagibis. Le seul accès est une porte qui est verrouillée et un des leur groupe la surveille au cas où elles auraient l’idée de s’enfuir.
Morgan est avachi contre un mur, près de sa cousine. Celle-ci pleure en silence, serrée contre elle. Toutes les filles ont les mains et les pieds attachés par une corde et un haillon autour de la bouche. Morgan réussit, après avoir forcé longuement, à enlever son haillon. Elle respire un bon bol d’air, la bouche grande ouverte. Elle aimerait prendre sa cousine dans ses bras et la rassurer. Lui promettre à elle et à toutes les autres que tout va bien se passer. Mais Morgan n’aime pas donner de faux espoir. Et dans la situation actuelle, elle ne voit vraiment pas comment elles vont pouvoir s’en sortir. La jeune étudiante aimerait avoir la force de dix hommes afin de pouvoir rabattre le caquet à ses agresseurs. Mais malheureusement dans le monde réel, ce sont les faibles qui prennent des coups et elle en fait partie.
Les kidnappeurs sont réunis sur les marches de l’escalier qui sépare les bureaux des vieilles machines et se disputent à cause de leur camarade absent.
- Je suis sûr qu’il s’est encore arrêté dans un bar et qu’il est bourré à l’heure qu’il est.
- Ne dis pas de connerie, Harry ne nous ferait jamais ça. Il sait ce qui est en jeu.
- Il ne répond pas au téléphone soupire un troisième en reposant son téléphone portable.
- L’imbécile, il est en train de tout gâcher. On ne retrouva pas une nuit parfaite avant un long moment.
Leur leader du nom de Karl lève son bras en l’air, réclamant le silence avant de leur dire :
- Arrêtez de vous crêper le chignon comme des bonnes femmes. On a autre chose à faire ce soir.
- Qu’est ce que tu proposes ?
- Si ce crétin ne rapplique pas dans une demi-heure, on va en trouver une autre. La nuit sera encore claire pour qu’on puisse faire le rituel. Quelqu’un a quelque chose à redire à mon plan ? demande Karl, d’une voix sifflante et menaçante.
Aucun de ses acolytes n’osent broncher, ni le regarder droit dans les yeux. Karl a une certaine influence sur eux. Ils ont tous peur de sa nature violente et ne veulent pas lui donner une excuse de se défouler sur eux.
Soudain, un grand bruit provenant de l’entrée se fait entendre. Ils se lèvent tous sur le qui vive et ramassent prés d’eux des barres de fer. Ils sont prêts à en découdre avec le premier intrus qui aurait eu la mauvaise idée de s’aventurer dans ce bâtiment. Avant même qu’ils aient le temps d’organiser un plan, le disjoncteur qui se trouve à l’extérieur explose et toutes les lumières s’éteignent. Les voyous poussent des hoquets de stupeur et de surprise, se demandant ce qui est en train de se produire. Karl ne laisse pas la panique l’envahir et appuie sur le bouton d’un appareil qui se trouvait à côté de lui. Dix projecteurs s’allument et fournissent une bonne visibilité sur l’ensemble du bâtiment. Il s’agit d’un système qu’ils ont mis en place pour la cérémonie, mais le mystérieux intrus les a obligés à changer leur plan.
- C’est quoi ce bordel !
- Je n’en sais rien, ce n’est peut-être qu’une simple coupure de courant mais il faut s’en assurer. Faites tout de même le tour du bâtiment ! On n’est jamais assez prudent, si un individu est là, je veux qu’on le chope leur ordonne Karl.
Les autres hochent la tête, avant de descendre l’escalier et de se séparer pour vérifier l’ensemble du bâtiment. Ils sont tous en sueur et serrent fermement leur arme de fortune. Karl reste en haut de l’escalier afin de garder une vision globale sur la situation. Il sort son revolver et s’empresse d’enlever la sécurité. Il est prêt à ouvrir le feu sur le premier qui tenterait de jouer au héros.
L’un des kidnappeurs voit de la fumée qui se dégage de sous la porte. Il se dirige en courant vers celle ci et crie à l’attention de ses partenaires.
- Y’a le feu devant la porte !
Il sort de sa poche la clef qui ouvre la porte, il la déverrouille et s’apprête à ouvrir. Quand il entend la voix de Karl qui lui crie, depuis le premier étage :
- N’ouvre pas, c’est un piége !
Le subalterne ne réagit pas assez rapidement, il a déjà ouvert un pan de la porte. Avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit, les deux portes s’ouvrent en grand. La dernière chose qu’il voit c’est un extincteur qui tourbillonne dans sa direction, avant de le percuter en plein visage. Il pousse un grognement de douleur, la mâchoire en miette, avant de s’écrouler durement sur le sol, perdant connaissance.
Un épais écran de fumé se dégage à l’intérieur de l’usine. Il s’agit en fait de plusieurs gros sacs, remplis de poudre qui ont été placés devant la porte. Les sacs sont en feu et la poudre qui se trouvait à l’intérieur, en s’embrasant forme une fumée opaque. Il s’agit de sacs qui se trouvaient près d’un local juste à côté.
Un impressionnant nuage de fumée se disperse à l’intérieur, donnant très rapidement une visibilité quasi nulle aux kidnappeurs. Ils ont l’impression d’être face à un brouillard et tentent de discerner ce qui les entoure, sans succès. Ils essayent de rester dans les zones où la fumée n’a pas encore réussi à se propager.
Soudain, l’un d’eux désigne une direction à ses camarades. Il a eu l’impression d’avoir vu une ombre dans le brouillard. Mais l’instant d’après, il n’y a plus personne.
- Bordel ! l’enfoiré a pu rentrer. Séparez-vous et fouillez tout de fonds en comble décrète Karl.
Ce dernier tente d’avoir une meilleure vue que ses acolytes, étant donné qu’il se trouve en hauteur. Mais il n’a toujours rien repéré. Il tient son arme fermement, prêt à appuyer sur la gâchette.
L’un de ses partenaires se dirige sur la droite, afin de vérifier si la zone est sécurisée. Il avance lentement, tenant fermement à deux mains son arme provisoire. Autour de lui, se trouvent plusieurs caisses dont certaines sont entassées l’une sur l’autre, s’élevant à une hauteur de 3 mètres.
Le haut des caisses n’est pas très visible, étant donné que la fumée s’est aussi dispersée en hauteur. Il ne remarque donc pas Shawn. Ce dernier est juste au dessus de lui, aux aguets, accroupi sur le haut d’une caisse. Le suivant du regard, comme un fauve après sa proie. Et malgré sa position centrale, Karl ne peut pas l’apercevoir non plus, la fumée est trop opaque.
Shawn sourit intérieurement, il a agi comme un tacticien pour une fois. Les sacs de poudre ont été une parfaite couverture, il ne pouvait pas rêver mieux. Foncer dans le tas n’aurait pas été une excellente stratégie et cela aurait pu être dangereux. Il ignore tout de la force de frappe de ses adversaires. Le nouveau super héros en herbe se concentre à nouveau. Il sent un courant d’adrénaline parcourir chacune des fibres de son corps. Une sensation pas désagréable du tout !
La proie sent comme un courant d’air au dessus de lui. Il lève la tête mais c’est trop tard, un homme tout vêtu de noir lui tombe dessus. Il a juste le temps de pousser un cri d’effroi avant d’être percuté de plein fouet par Shawn. Les deux hommes s’écroulent durement au sol. Shawn est le premier à se relever. Il se place au-dessus de sa victime et lui saisit les cheveux d’une main. Il lui relève la tête pour mieux la cogner durement contre le sol, à quatre reprises. Il finit par le relâcher et l’homme reste inconscient au sol. Shawn espère ne pas avoir frappé trop fort. Il ne cherche pas à le tuer, juste à le mettre hors d’état de nuire. Le vengeur masqué n’attend pas son reste et se faufile dans un coin afin de ne pas être repéré.
Il profite du fait que la fumée a atteint le plafond pour utiliser son pouvoir. Il prend de l’altitude sans faire le moindre bruit et se réfugie sur une poutrelle au niveau du toit. Il ne voit pas grand chose, mais l’avantage c’est que ses adversaires non plus. Il les entend s’agiter en bas, n’arrivant pas à lui mettre la main dessus.
- Il a eu Sven dit l’un deux.
- Restez attentifs vocifère Karl, excédé que la situation lui échappe.
Shawn remarque qu’un autre s’approche de l’entrée, afin de se débarrasser des sacs de poudre qui les gêne. Il a du mal à agir rapidement, étant donné qu’il a des difficultés à respirer. La fumée opaque lui irrite les bronches, ainsi que les yeux.
- Bordel ! On n’y voit rien, il n’y’a personne qui peut m’aider !
Shawn saute de son perchoir et atterrit sans bruit derrière lui. Avant que son adversaire ne remarque sa présence, il l’attrape par l’arrière de son pull avant d’utiliser à nouveau son pouvoir de lévitation. Le voyou pris de panique hurle, ne comprenant pas ce qui lui arrive. Shawn le tient fermement et l’emmène en volant vers le plafond. Le voyou continue à hurler, effrayé comme jamais. Il n’arrive pas à croire que ce qui arrive est réel.
- Lâche-moi hurle le voyou, qui se débat afin de se libérer.
- Avec plaisir susurre Shawn d’une voix grave dans l’oreille de sa proie.
Shawn relâche son emprise et le kidnappeur pousse un long hurlement avant de s’écraser durement sur le sol quelques mètres plus bas. Shawn reste perché sur une poutre et observe le corps de son adversaire. Ce dernier pousse un râle de douleur, tente de se relever à l’aide d’un de ses coudes, avant de s’écrouler de tout son poids. Il ne bouge plus, inconscient. Shawn est sûr que sa victime au moins plusieurs cotes de cassé, mais il ne ressent aucun remords dans le fait d’utiliser une violence extrême.
Il est prêt à aller jusqu’au bout pour libérer les jeunes filles. Les malfrats ont de la chance qu’il soit dans un de ces bons jours, sinon ils seraient déjà tous morts, brulés dans d’affreuses souffrances. Une partie de son être tente de le persuader d’agir ainsi, que ces individus méritent un tel sort. Qu’il doit libérer la sauvagerie qui sommeille en lui. Mais Shawn refuse d’écouter cette petite voix. Il doit arrêter de croire qu’il peut être juge et bourreau. Il a déjà pris sa décision et ne fera pas couler plus de sang que nécessaire.
Les derniers adversaires commencent à véritablement paniqués. Deux d’entre eux se regroupent afin de faire front commun pour lutter face à la menace qui les entoure.
- Putain, mais c’est quoi ce bordel ?
- Je n’en sais rien, mais on l’aura si on reste l’un avec l’autre.
- On devrait foutre le camp, tant qu’on le peut encore.
- Tu crois que Karl nous laissera nous barrer. Il préférait plutôt nous tuer.
- Fais chier !
Les deux voyous tiennent fermement leurs barres de fer, mais leur courage a des limites. Ils n’ont qu’une envie, celle de s’enfuir en courant avant que l’intrus ne leur tombe dessus. Entendre les cris de leurs camarades ne les a pas aidés à reprendre confiance. Ils savent qu’ils sont les prochains sur la liste. Ils sont dans un coin un peu à l’écart de la fumée et tente d’apercevoir quelque chose à travers, sans succès. Ils ne voient pas non plus leur chef, qui est resté en sécurité à l’étage.
- On devrait peut-être rejoindre Karl. Ici, on va tomber dans son piège.
Son partenaire n’a pas le temps de lui répondre car il voit une ombre à travers le brouillard qui se dirige d’un pas lent vers eux.
- Il est là chuchote le premier à son camarade, en lui désignant un point, droit devant eux.
- On va l’avoir à son propre piège lui répond son ami, reprenant du poil de la bête.
Les deux kidnappeurs sont prêts à sauter sur l’ombre, dés que celle ci sortira du brouillard. Les deux hommes pensent que l’intrus ne peut pas les voir à travers le brouillard et du coup, reprennent leur sang-froid. Lorsque soudain, deux boules de feu traversent le brouillard. Elles sont dirigées sur chacun des malfrats. Ces derniers écarquillent les yeux en voyant de la lumière incandescente foncer dans leurs directions. Ils n’ont pas le temps de comprendre ce qui leur arrive, pétrifiés de terreur.
Les projectiles les percutent en plein dans le ventre. Elles ont un effet de boule de canon. Les deux victimes ne peuvent rien faire pour se protéger. Ils hurlent avant de voler en arrière et de s’écrouler quelques mètres plus loin, pratiquement au pied de leur chef. Les boules de feu ont eu pour effet de faire un large trou dans leurs vêtements en brûlant une partie. Mais la vie de ces individus n’est pas en danger.
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