CHAPITRE 13 : « Quelque part » « Alexandre »
CHAPITRE 13 : « Quelque part » « Alexandre »
Sire Timan se retourne pour se rendre compte par lui-même et en effet, que ce soit le garde l’accompagnant ou les huit colporteurs les aidant à transporter les tentes et les vivres, tous sont comme hypnotisés à dévisager les trois inconnus.
Un sourire crispé vient au maître d’armes qui se rend enfin compte que le voyage risque de se retrouver beaucoup plus compliqué qu’il le voyait à première vue.
- La personne qui vous a donné ces vêtements ne vous a donc rien dit à votre propos ?
- A quel sujet parce qu’elle en a abordé plusieurs, je dois même vous avouer qu’elle était intarissable… surtout avec f… « Yo »
Le coup d’œil et l’hésitation d’Alexandre rendent sire Timan subitement suspicieux sur l’exactitude des informations que les deux garçons lui ont données jusqu’alors.
Son regard se reporte sur le plus petit qui semble être dans un état d’affaiblissement des plus critiques, au point où il se demande s’il ne vaudrait pas mieux le laisser là et faire plutôt venir un médecin à son chevet.
- Savez-vous pourquoi votre ami semblait autant l’intéresser ?
- Peut être qu’elle a agi ainsi suite à sa prédiction, en fait... c’était plutôt étrange.
Sire Timan retient avec peine de montrer combien ce qu’il vient d’entendre l’intéresse, les prédictions des grandes prêtresses s’avérant toujours exactes en soi, tout du moins si elles sont correctement interprétées.
- Pouvez-vous vous rappelez ses paroles à ce sujet ?
- Bien entendu, mais… répondez déjà à ma question.
En faisant sa demande, Alexandre met un coup de tête en direction des colporteurs.
- Hum !! C’est juste que vous avez un physique que seuls ont à ce point parfait quelques rares personnes en ce monde et toutes ou presque sont soit de la haute noblesse, soit de sang royal ou impérial. Mes gens sont donc curieux de connaître votre statut social mais surtout de voir de leurs propres yeux ce qui pour eux représente la beauté des dieux.
- Wouah !! J’avoue que c’était déjà un peu pareil là d’où nous venons, mais la façon qu’ils ont ici de nous dévisager et assez… flippante !!
- Je ne connais pas ce mot ?
- Effrayante, dérangeante si vous préférez !! C’est comme s’ils se retenaient avec peine de se jeter sur nous !!
Sire Timan prend ça avec humour quand il le rassure ou tout du moins les rassure, parce qu’il voit bien que l’autre garçon lui aussi a ressenti le même effet.
- C’est certain que dans la ville où nous nous rendons, les filles en vous voyant vont toutes « taper de la patte » ! Ah ! Ah ! Je pense même qu’un certain nombre de garçons feront pareil… Bien !! Revenons à ma question sur les paroles exactes de la grande prêtresse sur sa prédiction.
- Elle a dit un truc comme, « l’un de vous réunira les cinq royaumes alors que les autres quitteront le monde ou seront rejetés » mais je ne me souviens pas très bien.
Sire Timan ne peut retenir le tressaillement qui le prend à écouter la prédiction, le réunificateur du monde tant attendu depuis des générations serait donc l’un de ces trois garçons.
Il n’hésite pas longtemps avant de prendre sa décision et donner ses ordres.
- Vous allez devoir vous séparer durant un certain temps, il est bien trop dangereux pour vous de continuer à voyager de concert.
- Mais… je… nous !!
Sire Timan interrompt Kim d’un geste autoritaire de la main.
- Si ce qu’a dit cette prêtresse venait à se répéter, vous seriez tous les trois en danger de mort !! Chacun de vous deux partira seul avec deux aides pour rejoindre l’une des boutiques qu’a maître Wong en dehors des frontières de ce royaume, j’emmènerais votre compagnon avec le reste du groupe et je vous promets de m’en occuper du mieux possible, vous ne vous reverrez plus durant un long moment mais je vous promets de vous réunir de nouveau quand le risque sera passé ou que j’aurais trouvé une parade pour que vous ne couriez plus aucun danger.
Alexandre serre les dents et les poings, pourtant il ne trouve rien à redire aux explications du maître d’armes, aussi fait-il profil bas en stoppant net les velléités de contestation qu’il voit venir dans les intentions de son copain.
- Nous ferons comme vous dites, la sécurité de notre ami est primordiale pour nous.
- Pourquoi la sienne plus que la vôtre ?
- Je ne peux rien dire d’autre sans nous mettre encore plus en danger.
- Soit !!
Les ordres fusent alors d’un ton autoritaire n’appelant à aucune contradiction, les trois amis se séparent donc avec tristesse pour prendre chacun un chemin différent.
Florian est installé dans la charrette avec les quelques bagages résultant du partage, ce n’est que bien plus tard dans la journée que sire Timan s’aperçoit d’un phénomène étrange concernant l’animal de trait.
En effet ce dernier semble prendre toutes les précautions possibles et imaginables pour que le chariot soit le moins ballotté possible, ce qui n’était qu’un doute de sa part au départ devient vite une certitude, aussi commence-t-il à regarder d’un autre œil ce garçon aux cheveux roux toujours évanoui.
***/***
« Un peu plus d’un mois plus tard. »
La caravane de Maître Wong arrive à l’entrée de la capitale, chargée des produits directement obtenus grâce à son savoir-faire commercial auprès des quelques villages de haute montagne qu’il a visités.
Il est donc autant satisfait du gain financier que de retrouver enfin sa maison, les longs voyages n’étant plus guère de son âge.
Seule l’absence de son maître d’armes lui rappelle les trois inconnus et n’ayant reçu aucune nouvelle depuis son départ, il présume que tout s’est passé comme il en avait donné l’instruction.
La traversée de la ville le fait sourire, alors qu’il harangue les citoyens qu’il croise pour vanter les articles rares qu’il transporte.
***/***
« Maison de maître Wong. »
L’immense maison sert également de dépôt et de boutique pour cette partie de la capitale, le personnel s’active donc pour satisfaire à la demande des clients sous la protection des gardes noirs rattachés à l’établissement.
Tous les serviteurs ont chez maître Wong et cela où que ce soit dans les boutiques des cinq royaumes, statuts de roturiers alors qu’à chaque marché aux esclaves annuel il achète des familles entières.
Ces familles sont alors immédiatement libérées de leurs tristes sorts et placées dans un camp secret où elles sont instruites et formées, pour ensuite prendre un poste suivant les capacités physiques et/ou intellectuelles retenues lors des tests d’aptitudes.
Il va sans dire que la reconnaissance et la fidélité, sont alors le maître mot pour ces gens qui voyaient leur vie se terminer dans la pauvreté et la servilité.
Un de ses serviteurs justement arrive au pas de course avec un plaisir évident dans le regard d’annoncer la bonne nouvelle, il vient se tenir à quelques pas de sire Timan en le saluant avec respect, relevant très vite la tête pour prendre la parole.
- Le maître est annoncé, il traverse actuellement la ville.
- Le voilà donc enfin de retour !!
En disant cela le visage de sire Timan devient des plus soucieux et le serviteur l’entend marmonner sans comprendre ce qu’il dit.
- Voyons voir quelle décision il va prendre quand je vais lui montrer ce qu'il est advenu du garçon !!
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