CHAPITRE 39 : « Royaume de Fram » « Maître Lee Wong Yo »
CHAPITRE 39 : « Royaume de Fram » « Maître Lee Wong Yo »
C’est le chant du coq qui cette fois encore réveille Florian, sa première pensée « - Hum ! Un bon coq au vin ! » Allant vers le pauvre gallinacé qui s'il se doutait n'aurait certes pas entamé ses vocalises.
Une torsion du cou à sa droite puis à sa gauche lui amène le sourire, Nam et Nok maintenant âgés de vingt-cinq ans, dorment encore du sommeil du juste après une nuit riche en intenses « émotions ».
Il lui a fallu attendre presque un an avant que l’intérêt pour eux devienne suffisant pour que l’envie de les avoir comme amants lui vienne sérieusement en tête.
Au contraire de Ben et de Rom qui n’ont montré aucune curiosité sur les amours autres que ceux apportés par la gent féminine qui ma foi n’a jamais semblé s’en plaindre.
Ils sont devenus également ses gardes du corps, mais surtout deux amis sur qui il peut compter et qui le lui rendent bien au quotidien.
Un sourire lui vient en repensant à la tête de Tim quand il a appris ses sentiments pour Nam et pour Nok, son visage alors qu’il s’attendait à y voir de la jalousie, de la rancune voire même de la colère, n’a exprimé qu’un soulagement si visible qu’il en a été lui-même fortement troublé.
Florian se souvient alors de la conversation qui lui a appris bien des choses ignorées jusqu’alors.
- Je ne m’attendais vraiment pas à ce que tu sembles aussi soulagé !! Peut-être te lasses-tu de moi après tout !!
- Mais non enfin !! Ne dis pas n’importe quoi !!
- Alors explique-moi pourquoi j’ai eu cette impression ?
- C’est juste parce que… enfin, je…
Florian s’est alors approché de Tim pour le prendre amoureusement par la taille, sentant bien son corps vibrer au diapason du sien et lui ôtant ainsi le doute qui commençait à s’immiscer en lui.
- Je te fatigue trop à chaque fois, c’est bien ça ?
- Non !! Enfin, oui… peut-être… mais il n’y a pas que ça, je les aime aussi beaucoup tu comprends et je me…
- Tu t’es dit que ce serait mieux nous quatre, que cela te permettrait de souffler un peu et d’avoir d’autres sensations en les partageant avec eux.
Le sourire rassuré de Tim fait comprendre à Florian que ce n’était que ça et qu’en fin de compte il n’y avait pas de quoi s’inquiéter outre mesure.
Ses sentiments pour Tim se sont renforcés d’année en année et de le voir maintenant en homme fait lui amène toujours cette envie de plénitude à se retrouver dans ses bras, Tim étant le seul à avoir le rôle actif avec lui, ce que même Ale ne tente plus sans qu’il y ait besoin d’en expliquer la raison et ce depuis qu’ils se sont retrouvés.
Florian se secoue en s’asseyant sur sa couche, le mouvement réveille comme il se doit ses deux amants qui dans un ensemble parfait viennent l’embrasser chacun sur une joue en guise de bonjour.
Nam a encore des frissons plein le corps du ou plutôt des plaisirs de la nuit, son regard va vers son ami d’enfance qui a le même sourire béat démontrant qu’il en est au même point que lui.
D’un mouvement vif il fait voler la couverture pour diriger son regard là où à chaque fois il rencontre avec toujours cette même stupeur juvénile dans le regard, le mât de cocagne dressé fièrement orné de sa touffe de poils roux flamboyant.
Il va pour prendre la chose en mains comme il le fait à chaque occasion qu’il a de le faire et de ce côté-là il doit bien reconnaître qu’il n’en est que très rarement privé, quand sa main est bloquée par celle de Nok qui lui fait un signe négatif de la tête.
- Nous partons ce matin rappelle-toi !!
- Oui et alors ?
- Tu veux vraiment avoir la tête dans le sac toute la journée ?
- Nok a raison, j’aurais bien aimé aussi mais ce n’est pas raisonnable et de plus je préférerais qu’on le fasse quand je suis vidé de mon énergie et là avec cette nuit je suis à bloc pour un moment.
Florian voit bien la moue déçue de Nam, pourtant et bien que l’envie soit également là pour lui, il doit bien reconnaître que Nok a bien fait de l’arrêter et cela pour plusieurs bonnes raisons dont la première est de tenir le planning qu’il a donné à sire Timan pour sa protection rapprochée.
Le souvenir de toutes ces tentatives d’assassinat étant encore bien trop présent pour qu’il prenne un quelconque risque, ignorant totalement comment réagirait son corps dans cet univers en cas de coups mortels pour un humain.
Ses pouvoirs ne sont toujours pas revenus ou la partie d’entre eux qui sont encore actifs sont si insignifiants qu’il n’ose même pas les utiliser, d’autant plus son énergie se vide alors rapidement, un constat fait durant quelques phases de tests pour faire un bilan de la situation.
Les deux hommes nus se lèvent en le laissant encore quelques minutes dans ses pensées, leurs corps à la musculature saillante quoique restée suffisamment fine pour leur garder une silhouette qui lui amène l’eau à la bouche.
Pourtant Florian résiste à l’envie qu’il a de remettre le couvert, ses pensées obscurcies par la peine soudaine que lui occasionne comme à chaque fois la vision de Thomas quand justement comme à cet instant précis, il lui apparaît semblant triste et apeuré à chercher de l’aide.
Cette prémonition lui vient de plus en plus souvent et toujours dans des moments où il ne s’y attend pas comme cette fois encore, lui faisant se rabâcher en boucle toujours les mêmes questions à savoir entre autres comment ils vont.
Les "cinq" qui les ont envoyés jusqu’ici ne l’ont pas fait comme un simple jeu mais bien avec des intentions inavouables, quelles sont-elles, pourquoi ne pas avoir cherché le dialogue avec lui, Alexandre ou même Kim, Kim !! Où peut-il bien être, est-il en bonne santé, quelqu’un a-t-il abusé de lui, frappé, violé, que sais-je encore.
Florian se prend la tête à deux mains en tentant d’arrêter ses pensées qui finiront par le rendre fou, alors qu’il se retrouve démuni de tout pouvoir dans un monde où la civilisation naissante n’a guère d’égard au sens profond de la vie humaine.
Des rois se combattant sans cesse alors que c’est le peuple qui pleure ses fils morts aux champs de bataille, ces nobles qui ne voient que leurs fortunes personnelles et sont prêts à passer sur le corps de tous ceux qui pourraient leur porter préjudices, ces notables imbus de leur personne traitant les autres au-dessous d’eux comme des moins que rien, ces roturiers trimant et suant, pour au final mourir dans la pauvreté et enfin ces esclaves n’ayant pas plus de droits qu’un animal domestique, nourris de rien, battus, violés et parfois tués sans vergogne pour la moindre erreur.
Ce monde, Florian en a connu des milliers avant de devenir lui-même, comme auraient dû en connaître Alexandre et Kim, s’ils n’avaient pas été brusquement jetés là où il semblerait qu’ils ne pourront jamais revenir ou tout du moins s’ils le faisaient, dans un temps tellement loin que tout serait mort à leur retour.
Le seul espoir qui reste et auquel Florian s’accroche sans jamais en parler, ce seul espoir et si ténu, si peu probable qu’il en devient comme un rêve.
Ce rêve s’appelle « le Kinnn », le vaisseau spatial organique vivant qui risquera tout, même son existence, pour suivre les derniers ordres de son créateur.
Florian se rappelle les instructions qu’il lui a envoyées mentalement alors qu’ils allaient traverser une nouvelle fois ce vide d’espace-temps, les envoyant lui et Alexandre, dans l’univers en fin de vie des cinq vieillards, ignorant encore la mystification à laquelle ils ont eue droit et qui les a conduits à cet instant de faiblesse qui l’amène dans le plus profond désespoir.
Florian redresse la tête en se levant pour aller observer le ciel depuis la fenêtre de sa chambre, seules les paroles de la prêtresse lui laissent un petit espoir quand elle a parlé d’une masse sombre dans le ciel et que deux d’entre eux quitteraient ce monde.
Une petite lueur d’espoir scintille alors dans son regard d’un vert si troublant, celui de voir apparaître un jour cette masse sombre et ses occupants si spéciaux qu’il serrerait alors avec force sur son cœur.
Une larme lui vient qu’il essuie d’un mouvement automatique de la main, se sentant ensuite tenu par la taille avec une douceur démontrant de forts sentiments de la part de celui qui le prend un peu par surprise dans ce moment qu’il aurait préféré vivre seul.
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