CHAPITRE 70 : « Forêt interdite » « Kim »
CHAPITRE 70 : « Forêt interdite » « Kim »
L’habitation troglodyte qui est la sienne depuis son sauvetage de la condition d’esclave qui lui était réservée, garde une température idéale et constante qui permet à son habitant d’y vivre quasiment nu et c’est d’ailleurs bien souvent le cas, le jeune homme ne s’en privant pas vu l’état de solitude qui est le sien.
Chaque matin pourtant, quelqu’un lui dépose devant l’entrée de la grotte, l’eau et la nourriture nécessaire à sa subsistance.
Il a maintes fois tenté tout au long de ces longues années de découvrir qui s’occupait de lui, sans jamais y parvenir, les provisions l’attendant toujours quelle que soit l’heure où il se présente devant l’entrée.
Il a bien tenté de rester éveillé pour surprendre le ou la, voire "les" personnes responsables de sa survie, mais étrangement il a toujours ressenti un moment d’endormissement aussi bref soit-il pour, à son réveil s’apercevoir que les provisions se trouvaient à leur place habituelle.
Il s’est donc rapidement avoué vaincu et depuis environ quatre ou cinq ans, il ne cherche plus à piéger ceux qui malgré tout font tout pour sa survie.
Kim termine son repas pour ensuite aller faire une toilette à cette source d’eau chaude près de sa grotte, il ressent comme souvent cette étrange impression d’être épié et sans en avoir l’air il cherche un indice allant dans ce sens, indice qu’il n’a jamais trouvé et qu’il désespère de trouver un jour.
Un soupir lui vient alors, mélange de contrariété et de désappointement à l’idée de ne jamais découvrir qui ils sont, soupir qui une fois poussé, lui amène la sérénité suffisante pour cesser de s’apitoyer sur lui-même, profitant cette journée encore, de cette vie sans soucis qui est la sienne depuis l’attaque et le massacre de ceux qui l’avaient si gentiment accepté parmi eux.
Une fois son corps détendu par son bain revigorant, il s’assoit au bord de la source et commence à se caresser tranquillement, son esprit le ramenant encore et toujours, à ces trop brèves journées et nuits passées avec Florian et Alexandre, où le plaisir sans commune mesure qu’il a découvert le fait encore trembler rien qu’à se le remémorer.
Et de fait son corps réagit comme de coutume avec une fière érection, sa main jusque-là caressante devient alors plus virile, sachant très bien comme chaque matin comment en sera le dénouement.
Un sourire lui vient à la pensée que ceux qui peut-être l’espionnent doivent s’en mettre plein la vue, son reflet dans l’eau montrant bien combien son corps peut-être attirant.
Le va-et-vient s’accélère doucement jusqu’à ressentir les prémices de l’orgasme, son corps basculant alors en arrière en dévoilant sa plaque abdominale dessinée et contractée, recevant la manne poisseuse alors que tout son être tremble sous l’effet du plaisir intense qu’il ressent.
Kim reste un long moment sans bouger, reprenant le contrôle de ses sens sous la chaleur bienveillante de l’astre de jour maintenant au-dessus de la cime arborescente qui l’entoure.
Il replonge un bref instant dans la source pour se débarrasser du fruit de son récent plaisir, retournant ensuite jusqu’à sa chambre pour vérifier une dernière fois qu’il a gardé suffisamment de provisions pour tenir au moins une semaine.
Environ deux fois par an, il part pour trois jours de marche en choisissant une direction à chaque fois différente, le but étant de trouver une issue à cette forêt ne semblant jamais en finir.
Le chemin choisi cette fois est sans doute le plus ardu auquel il se soit attelé, passant par l’escalade de cette chaîne de montagnes au pied de laquelle il s’est retrouvé le premier jour et qui depuis est devenu son principal lieu de vie.
Sa chemise des premiers jours lui servant de baluchon pour le transport de la nourriture, une gourde contenant l’eau potable et vêtu de son pantalon qu’il préserve justement dans ce seul but, car apparaître nu devant des inconnus ne lui disant rien qui vaille, surtout conscient de la beauté de son corps comme il peut l’être que le voilà prêt au départ.
Il sort donc sans non plus se cacher, personne ne s’étant jamais manifesté pour le restreindre dans ses déplacements et le voilà empruntant la direction choisie, le plaisir de l’espoir bien visible sur son visage souriant.
***/***
« Troisième jour d’escalade et de marche. »
L’astre de nuit commence à disparaître à l’horizon quand Kim prend un temps de pause, son visage soucieux de n’avoir encore cette fois plus qu’à faire demi-tour s’il n’arrive pas bientôt à sortir de cette prison qui est la sienne.
Il ouvre son balluchon pour vérifier ses rations de nourriture qu’il mange avec parcimonie mais qui baissent inexorablement, ne lui donnant plus qu’une demi-journée pour sortir de là avant d’être contraint de revenir en arrière.
Kim n’essaie même plus de mettre des pièges pour attraper quelque animal inconscient du danger, n’ayant jamais réussi à attraper quoi que ce soit malgré toute l’ardeur et l’ingéniosité qu’il y a mises les premières années.
Un bref coup d’œil vers le dernier pic montagneux et sa décision est prise d’aller au moins jusque-là pour voir ce que l’horizon lui fera découvrir.
Il laisse toutes ses affaires là où il se trouve afin de ne pas s’encombrer outre mesure pour cette ultime ascension assez périlleuse en soi.
Ce n’est qu’après trois heures d’efforts soutenus qu’il arrive enfin au bout de ses peines, profitant d’un reste de luminosité pour scruter au-delà de la montagne.
C’est à ce moment que son cœur se serre, quand son regard tombe sur ce qui ressemble à la toiture d’un temple, perdu au milieu d’une forêt encore plus dense que celle où il a vécu ces dernières années et ceinturée par de hautes montagnes, lui donnant une étrange impression de solitude liée à ce bâtiment perdu au milieu de nulle part.
Un rapide calcul lui donne encore au moins deux bonnes journées de marche pour y arriver, laissant Kim dans une décision difficile à prendre car rien ne dit que le bâtiment qui maintenant s’estompe à sa vue par la nuit tombée, n’est pas abandonné et qu’il pourra y trouver de quoi se nourrir.
Pourtant sa décision se prend rapidement, sa solitude lui pesant suffisamment depuis toutes ces années pour qu’il en accepte le risque et une fois sa décision prise, il redescend jusque-là où se trouvent ses provisions, s’allongeant ensuite à même le sol dans un sommeil peuplé enfin d’espoirs.
***/***
« Sixième jour de marche. »
Kim termine ses dernières provisions et reprend sa marche vers ce qui n’est plus maintenant que son dernier espoir de survie, le retour en arrière le laisserait rapidement trop faible pour qu’il ne soit même pas question de le tenter, son dernier espoir étant cette bâtisse vers laquelle il se dirige et qu’il a désespérément perdue de vue depuis qu’il a rejoint la vallée boisée, se dirigeant dans la direction voulue juste par son sens de l’orientation acquis durant ses précédentes excursions.
La fatigue commence à fortement se ressentir, fatigue due principalement par l’ascension de cette montagne et par le stress lié à sa condition depuis sa décision de poursuivre au risque d’y perdre la vie.
Sa démarche vacillante lui donne l’alarme sur l’état de son corps qui bientôt ne supportera plus l’effort, l’hésitation entre prendre un dernier repos ou poursuivre jusqu’à destination se pose alors.
Pourtant malgré sa volonté d’avancer, son corps le lâche et ses jambes ne le soutenant plus, il finit par s’effondrer sur place, le visage couvert de larmes de se sentir aussi faible.
Ses yeux se ferment un instant tandis qu’il puise au plus profond de lui l’énergie nécessaire pour faire les derniers kilomètres afin d’atteindre son but.
- Qu’est-ce que… !!!
La surprise lui amène un geste instinctif de fuite, comprenant ensuite qu’il n’en a plus la force et l’ombre lui ayant amené cette frayeur qui s’avance vers lui prend une ampleur qui le terrifie jusqu’à ce qu’une voix douce et apaisante ne se fasse entendre, venant de la direction même d’où arrive cette ombre.
- Nous t’attendions mon enfant !!
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