CHAPITRE 85 : « Imperia » « Le Kannn »
CHAPITRE 85 : « Imperia » « Le Kannn »
Il se passe alors quelque chose d’inimaginable tellement les forces mises en œuvre semblent à la fois disproportionnées et colossales, les projectiles de toutes sortes se concentrant sur le « Kannn » ne lui font pas plus d’effet qu’un nuage de confettis, sa colère par contre prend une ampleur qui dépasse l’entendement humain.
La ligne de front ennemi composée de plusieurs dizaines de milliers de vaisseaux prend la charge du « Kannn » sans pouvoir s’échapper, les pertes se comptent vite également par milliers alors que l’ombre noire mortelle semble infatigable à fondre sur eux dans des collisions d’une telle brutalité qu’elles en occasionnent d’autres tout aussi nombreuses par effet de rebonds.
Dans la salle de retransmission c’est le silence absolu, généraux, ministres et autres fonctionnaires, ont les yeux rivés sur ce qui ressemble fort à une apocalypse et qui petit à petit réduit inéluctablement le nombre de taches grises représentant les vaisseaux ennemis.
Les minutes et bientôt les heures passent, tandis que le « Kannn » toujours infatigable continue sa moisson dans les rangs de plus en plus clairsemés d’un ennemi maintenant à l’évidence en pleine panique.
Apparemment un ordre de repli vient d’être donné, les vaisseaux survivants se dirigeant indubitablement vers le vortex qui pourtant continue inlassablement à déverser de nouveaux vaisseaux qui très vite entrent en conflit de circulation avec ceux qui sont tellement terrorisés, qu’ils ne répondent même pas aux demandes d’explications venant des officiers nouvellement arrivés.
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« Salle de réunion des dirigeants militaires de l’Imperium, douze heures plus tard. »
La holo-vision ne montre plus que quelques vaisseaux ennemis épars que le « Kannn » semble chasser avec un plaisir évident, jouant au chat et à la souris avec eux jusqu’à ce qu’enfin ils soient tous en plein embouteillage devant l’ouverture du vortex.
Le grand maréchal suit avec attention ce qui se trame sous ses yeux, la fatigue de cette longue période sans repos disparaissant soudainement une fois son intérêt redevenu devant ce qui pour lui semble dorénavant inéluctable.
- Le rush final ne devrait pas tarder !! Le « Kannn » est décidément un grand prédateur, il a su se reprendre rapidement de sa fureur pour imaginer un magnifique plan de chasse.
- Ne me dites pas qu’il va se jeter tête baissée, les emportant tous sur son passage !! Ce serait du suicide !!
Le grand amiral va pour répondre quand la chose se produit brusquement, le « Kannn » menant l’attaque de front en annihilant les quelques centaines de vaisseaux occultant l’entrée du vortex, se jetant ensuite à l’intérieur de ce dernier pour ne laisser derrière lui qu’un amas de débris représentant les restes de ce qu’a été la puissante force ennemie.
- Il est vraiment unique reconnaissons-le !!
- Qui ça ? Le « Kannn » ?
- Oui aussi mais là je pensais à son créateur qui l’a gardé comme une arme ultime en secret de tous, l’ennemi quel qu’il soit n’a jamais envisagé qu’une telle puissance à l’état sauvage existât dans notre univers.
- Il avait donc prévu tout cela depuis la nuit des temps ? J’ai du mal à y croire, comment pouvait-il savoir ?
Le grand amiral ne peut s’empêcher de laisser échapper un sourire d’ennui, en comprenant que même ceux aux plus hauts postes de l’Imperium n’ont toujours pas idée de ce qu’est l’unique et qu’un simple retour dans le passé lui aura suffi pour mettre en place cette dernière barrière de défense alors que déjà l’ennemi avait commencé à se mettre en mouvement.
Il préfère garder ses réflexions pour lui, se contentant de fixer le holo-cube qui maintenant montre un champ de bataille couvert d’épaves, l’œil noir du vortex ne montrant plus qu’un vide sidéral.
Une réponse à une question souvent posée depuis l’apparition de l’armada lui vient, alors qu’il ne remarque ni corps, ni scaphandre, ni même de navettes de sauvetages autour des épaves, prouvant qu’à part les pilotes et quelques techniciens, les vaisseaux ne transportaient pas de troupes.
Sans doute seraient-elles apparues plus tard une fois la ligne de front suffisamment pérenne, c’est donc avec ce constat qu’il quitte la salle pour aller faire son rapport à l’empereur.
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« Salon privé dans les appartements impériaux. »
L’empereur a suivi les grandes lignes du combat sans pour autant rester la demi-journée complète devant, préférant discuter avec le prince régent de sa décision à le laisser gouverner le temps de son absence.
Bien sûr il se heurte à l’avis différent de ce dernier qui depuis le retour de l’empereur a pu enfin reprendre une vie plus oisive, retrouvant les nuits douillettes avec son et parfois ses chéris.
- Si tu veux mon avis, c’est de la folie !! Tu ne sais même pas où tu vas atterrir, ni si le « Kannn » ne va pas se perdre en chemin.
- J’en suis conscient mais je ne peux pas rester ici les bras croisés, je n’en dors plus la nuit depuis que Florian a disparu avec Alexandre. Tu ferais quoi toi si c’était « Dami » à sa place ?
- Hum !! Oui, bon !! N’empêche que…
« Toc-Toc. »
Le prince régent respire mieux maintenant que l’attention de l’empereur va vers la personne attendant sa réponse derrière la porte, lui évitant ainsi à avoir à répondre et à contredire ses dernières paroles.
- Oui !!
Le grand amiral entre pour venir s’asseoir près de ses deux amis de longue date, il va pour faire un rapport exhaustif sur les dernières nouvelles du front, quand un bip sonore à son oreillette demande son attention.
Il enclenche et écoute le message sous le regard curieux de ses deux amis si semblables et qui soudainement le voient pâlir tandis que ses épaules se voûtent.
Thomas est le premier à s’en inquiéter.
- Quelque chose de grave ? Un malaise ? Je t’ai pourtant demandé de faire plus attention à ta santé en attendant qu’un clone soit en âge de te recevoir.
Le grand amiral reprend des couleurs, alors que d’un geste de sa main droite il dénie les paroles de l’empereur.
- Il n’est pas question de santé mais d’une chose aux conséquences bien plus graves.
- Qu’est-ce donc ?
- Le vortex s’est refermé derrière le « Kannn » alors qu’il partait en chasse.
Thomas se lève alors d’un bond.
- De quoi !! Tu peux répéter !!
- Tu m’as très bien entendu, d’un côté nous n’aurons plus à craindre une nouvelle invasion mais de l’autre cela stoppe net nos projets de recherche de l’unique avec en plus le « Kannn » perdu on ne sait où !! La poisse !!
Le prince régent se lève à son tour pour prendre son « frère » par le cou en tentant de le faire se rasseoir.
- Ce n’est pas la peine de dramatiser à l’avance, regardons déjà le positif avant de voir tout en noir.
- Je suis d’accord avec toi mon garçon, juste que c’est arrivé très vite, voire trop vite, mais tu as raison, après tout ce n’est pas aussi dramatique que ça le semble en y regardant de plus près.
- Ah non !! Je ne sais pas ce qu’il te faut alors !!
- Réfléchis un instant sans tout de suite ne penser qu’à ta séparation d’avec lui, le « Kannn » va suivre le vortex en détruisant tout devant lui, il va bien en sortir un jour et du coup se trouvera là où Florian s’est rendu avec Alexandre, ensuite à eux de trouver un chemin de retour.
- Je le sais bien, tu ne m’apprends rien de nouveau !!
Le grand amiral fixe alors son ami de toujours avec beaucoup d’incrédulité à ne plus trop comprendre l’objet de la conversation.
- Mais alors pourquoi tu t’en fais autant ?
- Parce que je voulais y aller, que cette attaque du « Kinouuu » et ces conséquences m’a laissée en arrière, je…
L’émotion soudaine que ressent Thomas lui bloque ses dernières paroles, l’idée de ne plus revoir celui qui est dans toutes ses pensées depuis toujours le laissant d’un seul coup comme brisé.
Une sorte de brouillard lui brouille soudainement la vue quand il se sent tomber, inconscient sur le tapis du salon.
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