À toi qui ouvre et lit cette lettre
Je suis mort, car autrement je n’aurais jamais laissé trainer ces écrits. J’en ai eu assez. Assez d’avoir à supporter cette vie. Que plus personne ne soit là. Chez moi, les murs n’écoutent pas ce que j’ai à raconter. J’entends seulement ma propre voix se briser…
L’air autour de moi est lourd, me fait sentir comme dans une cage. Serré. Tordu. Desséché. J’ai le cœur noir. J’ai le cœur vide. Je ne peux détruire ce qui n’est pas. Ce qui n’est plus…
Chez moi, l’amour n’existe pas. Il habite à côté. Mon lit est un royaume déserté. Je ne voulais plus y dormir, sauf accompagné. Mais ça n’est plus jamais arrivé. Je me suis auto délivré. Je ne peux haïr si je suis seul. Je ne peux pas aimer non plus. On m’a dit que je ne les méritais pas. On m’a arraché mon sourire il y a longtemps déjà…
Je ne peux plus affronter la vie sans lumière. Plus personne ne peut m’en apporter. Plus personne n’y arrive, bien essayé. L’amour s’assoit près de moi, mais il ne me voit pas. J’aurais aimé qu’elles veulent être plus que mes amies; j’aurais pu les aimer et tout leur donner. J’aurais aimé qu’elles ne soient pas mes amies; j’aurais pu me permettre de les blesser…
Je n’ai rien d’un saint, je n’ai jamais clamé en être un! Celui que j’avais a été banni. Il a chuté et m’a entrainé avec lui. Même mon amour a été puni. Vous n’avez pas besoin de moi. Vous vous êtes servi de moi, vous m’avez émotivement dépouillé. Vous auriez vendu mon âme pour sauver la vôtre, et je vous aurait laissé faire contre un peu d’amour! Vous êtes toutes parties, une après l’autre! Vous êtes toutes les mêmes…
Et la nuit, dans ma solitude, je crie. Les murs n’écoutent plus ce que j’ai à pleurer. L’amour s’est tu. C’est foutu. Je suis une cause perdue. Je reste là, et la mort est là, qui m’attend, droit devant. Prête à m’accueillir. À m’accepter, comme vous n’avez pu le faire. Et devant moi, je tends les bras…
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