Le féminisme est un fascisme
George Duroy se demandait s'il était correctement habillé lorsqu'il posa la main sur la poignée de porte. Il se toisa, se jugea apte à l’examen en remettant son col de chemise bien droit. L’appréhension qu’il pouvait décevoir l’angoissait. Son apparence était comme une garantie de crédibilité, de respectabilité. Aussi, lui servait elle de bouclier face au jugement qu’une femme pouvait avoir sur sa personnalité physique. Et donc le moindre détail vestimentaire comptait. Il était toutefois rassuré car il allait séduire par son vocabulaire assez riche et détonant. Il se regarda dans le reflet de la porte pour s’assurer qu’il s’ était correctement apprêté. Il allait pénétrer dans un monde qui n’était pas le sien. Un monde qui n’était plus le sien, celui de l’usine, le monde des hommes et des machines, le monde du bruit et des cadences infernales. Il entrait dans “l’autre monde”. Un monde où il ne serait plus le maître mais un intrus. Le royaume de la toute puissance de la femme où l’homme, l’ouvrier “sale” qu’il était, n’a pas sa place. Un monde propre et feutré où il faut savoir parler, mesurer son langage. Un monde qui décide de la vie et de la mort sociale du salarié. Un monde qui peut se muer en un tribunal implacable et sans merci dès lors que l’ouvrier ne sera plus en mesure de remplir sa tâche de productif. Tel un animal malade ou blessé devenu improductif, il se verra alors signifier la fin de son parcours vers la “déchetterie”, abattoir pour animal humain appelé par euphémisme pôle emploi, où le salarié devenu inutile ira végéter dans l’antichambre de la mort sociale attendant la mort physique.
Les “ressources humaines”. Un concept qui nous vient des ricains. Un doux euphémisme subtilement paradoxal qui vide la personne humaine de sa dignité et de sa substance philosophique pour ne garder que l’aspect purement productif. La recherche de rentabilité exige de la “ressource humaine” corvéable et échangeable à souhait. Un matériel humain “flexible”. De la chair à canon en temps de guerre, de la chair à patron en temps de paix. De la chair “renouvelable”. La mode est au jetable et au renouvelable. Le patron n’ a qu’à se servir. Ressources naturelles, on creuse et on a du pétrole, sans se soucier à qui appartient ce pétrole. Les “ressources humaines”. Depuis que l’éboueur est devenu “ripeur”, la femme de ménage une “technicienne de surface”, le service du personnel le bureau des “ressources humaines”, le salarié n’a jamais été autant méprisé, humilié, bafoué. On le flatte par une carotte sémantique, une carotte qu’en fin de compte on lui fourre dans le cul une fois le dos tourné. La vaseline étant fournie par les syndicats. Le salarié comme ressource humaine on le presse comme un citron. Une ressource renouvelable et inépuisable. Une fois pressé et qu’il a donné tout son jus, on le jette et on en prend un autre. Comme un puits de pétrole sitôt épuisé, on en creuse un autre et ainsi de suite. On le jette à pôle emploi dès qu'on ne veut plus de lui. Si c’est une vieille peau on le met à la retraite, on lui fait comprendre par des moyens divers et variés qu’il n’est plus bon à rien, désormais mauvais à tout.
Voilà ce que signifie le concept ”ressources humaines”.
George Duroy courba l’échine et entra.
Lorsque Wonderwoman aperçut George Duroy sur le pas de porte, elle s’avança vers lui la main tendue pour le saluer, le sourire aux lèvres, un sourire convenu. Il ne se faisait pas d’illusion sur cette femme. Une femme puissante, le gendarme de la boîte, un gendarme dressé à l’affût de tout absentéisme injustifié. Petite de taille mais grande dans l’échiquier du pouvoir, un pouvoir exclusivement aux mains des femmes. Un pouvoir dont les hommes ont été exclus. Un féminisme instauré comme une chape. Un féminisme imposé. Un féminisme idéologique. Un féminisme exclusif, étriqué pondu par un esprit non moins étriqué. L’ennemi du féminisme est la femme elle même. Derrière sa silhouette avenante se cache une femme sans merci pour le type qui oublie que tous les jours il doit franchir les tourniquets de sécurité avec pour mission servir l’entreprise. Il a signé pour en chier. Et il en chiera tant que Wonderwoman n’aura pas sonné le gong de la retraite, à moins que l’esclave n’ait rendu l’âme avant l’échéance programmée. Les cancers, les suicides ou risques psychosociaux pour utiliser un euphémisme à la mode liés aux cadences, les troubles musculosquelettiques, les AVC, les malaises cardiaques, les rachialgies, autant de pathologies qui guettent l’ouvrier esclave moderne dont toutes les wonderwomen macronnisées du monde se foutent comme de leur première culotte.
Adrien de saint- Alban
Annotations
Versions