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Lorsque ma mère fut appelée par la directrice de l’école, Madame Framboisier, et qu’elle fut mise au courant du triste incident des toilettes, celle-ci, prise d’une colère rageuse décida avec une fermeté que je ne lui connaissais guère, que désormais, afin de me protéger de toutes moqueries, je serai définitivement extirpé du milieu scolaire pour, je cite : "ne plus jamais connaître pareille mésaventure". Réalisant dans quel monde cruel elle m‘avait enfanté, elle prit la décision irrévocable que ma vie et mon éducation se feraient dans nul autre endroit que l’enceinte du DEUS EX MACHINA.

Bien plus heureuse de me savoir à ses cotés, constamment sous sa surveillance, elle me choya et me protégea des affres de la vie que seuls les bienfaits des douceurs d‘une mère savent si bien soigner.

En m’excluant de la société, ma mère m’interna chez nous, chez moi, au DEUS EX MACHINA où elle allait me prodiguer un incroyable amour afin qu’elle puisse donner à son fils cet antidote qu’elle considérait comme le plus noble qu’il puisse exister sur terre, et cela dans le but d’éteindre ma colère plus que présente. Une colère qu’elle tenait pour une malédiction des plus atroces pour son fils.

De là, s’ensuivirent des années coups de cœur auprès de ma mère que j’aimais de plus en plus au fur et à mesure des journées passées en sa compagnie. Je la savais être mon guide dans ce monde tortueux dans lequel je souffrais de ne pas avoir su trouver ma place. J’avais, à peu de choses près, une existence pareille à une autre, à l'exception d’être claustré chez moi. Certes, j’en suis conscient, cette curieuse situation peut te paraître étrange, voire inédite, mais assure-toi de ma jeunesse sacrée, car en rien ma vie ne fut tronquée par l‘égoïsme de ma mère. Et je peux me targuer que ma vie mariée à la sienne ne fit en rien de moi un enfant malheureux.

ALORS, QUOI D’AUTRE ? En conséquence de toute cette chance, j’étais loin d’être dupe ou crédule, vivant souvent à travers mes rêves, je réalisais pourtant que le sésame de notre gloire et de notre réussite se trouvait être aussi l’argent. Et de l‘argent ma mère en possédait tellement que cela en devenait presque malséant. Aussi la « vérité », bien que curieuse, était que si nous le souhaitions nous pouvions fuguer d’une destination à une autre au gré de nos envies de soleil ou de pluie, et cela malgré le claustre dans lequel nous nous étions enfermés. La « vérité » c’est que nous étions riches et libres, et que nous pouvions, si l’envie nous le prenait, nous permettre d‘aller çà et là pour ne pas vieillir trop vite. La « vérité » était là de notre coté, pour encore un instant d‘éternité. Mais à quoi bon fermer les yeux devant une telle chance de pouvoir vivre une vie de bohème. Se refuser bassement à ce que nous pouvions appeler notre « condamnation à vivre » aurait été un péché.

Alors, pour cette si chère "condamnation", ce soir, avec ma mère, nous nous étions promis de nous évader du DEUS EX MACHINA, afin de voyager à travers le monde et de conquérir la liberté dans d'autres contrées aux antipodes de ce chalet devenu trop nuisible à nos rêves d'aventures et d'amour. Ensemble nous voulions partir et passer dans l'oubli. Concrétiser ensemble notre souhait le plus précieux : vivre en toute quiétude, loin du carnage de l'animal humain.

Seulement, les rêves ne durent qu’un temps, et de battre mon cœur s‘est arrêté lorsqu’une invitée funeste troubla mon repos en franchissant les portes du DEUS EX MACHINA.

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