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Avant de partir, je me regardais dans un miroir. Je me trouvais irrésistiblement beau. J’éprouvais le sentiment narcissique de rester là à me contempler pendant une minute ou deux, le temps de me dire : « Quel bel homme tu fais, Joseph. Tu es beau comme un DIEU. Jiznée sera heureuse de te voir ainsi, aussi bien habillé ».
Puis, délaissant mon image à ma mémoire intacte, je me souvins que ma mère possédait un portefeuille pourvu de quelques gros billets. Je chopais un de cent francs afin de ne pas être démuni face à une éventuelle dépense. Cela était suffisant, pensais-je, à mon escapade de noctambule.
Après ce retrait à la banque, je quittais pour de bon « La claire fontaine » en prenant bien soin de fermer la porte à double tour, laissant derrière moi ma mère croupir dans une pièce que j’allais à jamais condamner.
En quittant cette même chambre, je n’accordais pas même un seul regard à sa dépouille.
Tout cela, à présent, me paraissait dérisoire, comme secondaire et je n’avais plus aucune attention pour Jeanne Dedzer ainsi que de ses strass et paillettes en tout genre. Je lui souhaitais bon vent au royaume des morts et que son éternel repos fasse grand bruit au paradis dans l‘idée même qu’il y en ait un.
Désormais, je n’avais qu’une seule hâte, celle de quitter le DEUS EX MACHINA dont le faste n’avait pas d’égal dans mon imagination.
Ami, il n‘y avait aucun doute là-dessus, ma mère était une femme très fortunée. Entre ce chalet fait de merveilles et d’œuvres d’art acquis lors de ses voyages d’antan à travers le monde, elle avait su vivre la vie riche sans jamais avoir eu le seul égard face à la misère de cette terre qui l‘avait pourtant accueillie les bras ouverts.
Et dire que toute cette richesse m’appartenait désormais, je n‘en croyais pas mes yeux.
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