Arrivé sur le parking de la discothèque, des dizaines de jeunes s’attroupaient dans une file d’attente devant les guichets pour obtenir leur ticket afin d’aller brasser du vent sur de la musique trop forte.

Sans doute excité à l’idée de revoir Jiznée, je fus étonné. Surpris même, car à aucun moment je n’eus le moindre malaise en présence des autres de mon âge. Peut-être que le fait de n’être plus à Richevalet m’avait tout simplement exorcisé de mon empathie démesurée envers l’humain et sa non-humanité.

Arrivé à la caisse je payais mon entrée pour pénétrer dans l’ALPHA. Cent francs suffire pour obtenir mon sésame, j’avais bien flairé le coup, pensais-je, en prenant cette somme dans le portefeuille de ma mère.

Tremblant par l’excitation de me retrouver au milieu de cette population de jeunes adultes, j’allais faire mon apparition dans l’antre de cette discothèque, où bizarrement, saisi par une sensation absconse, je discernais avec acuité une force étrangère.

Sans rien y comprendre, une sorte de mysticité foudroyante avait accaparé toutes mes pensées et debout je n‘osais plus bouger. Une impression de déjà-vu me saoula et me troubla à en faire pâlir ma peau brune. J’eus, à cet instant, le sentiment d’être observé par une présence encore mille fois supérieure à celle de DIEU.

De cette émotion, je me vis déshabillé du regard par les nightclubbers qui posaient sur moi des yeux menaçants et belliqueux. Mis à nu, je craignais d’être alors une proie facile à intimider ainsi que le jouet d‘un autre fabulateur inconnu dont je ne pouvais m‘être un nom ou même un visage tellement cet agitateur m‘ébranlait par son charisme.

Magnifié par cette présence en moi, je sus qu’une nouvelle page de ma vie allait s’écrire sous mes yeux, et impuissant, j’acquiesçais face au destin.