CHAPITRE HUITIÈME N°1
Ami, je ne sais en rien comment te révéler la suite des évènements tant mon cœur saigne encore de la funeste tragédie qui va suivre. Si j’étais un lâche, une crapule sans vergogne, je te laisserais choir, te laissant là, sans réponse ni explication face à cette « vérité » qui se dessine, page après page, et qui, sans t’en apercevoir, se révèle être aussi tortueuse que les pires pensées de ton cerveau souffreteux.
J’aime croire que ton cerveau est ainsi, malade, et aussi un brin vilain, sans cœur ni éthique, pareil à ma personne extravaguante et colèrique. Et je le sais plus que tout, ami, pas besoin d’être prophète, si dans mon élan exagéré d’exprimer les turpitudes de mon for intérieur, je prends aussi un malin plaisir à égratigner mes semblables, je m’amuse à penser que toi aussi tu frémis à l’idée de voir naître en toi les délices d’être animé d’un ressentiment désobligeant à l’égard d’une espèce humaine dont je ne sus point m’accommoder.
Au vrai, si je regarde autour de moi, il est indéniable que je ne puisse point faire l’étude de l’espèce humaine, et de son inépuisable volonté à saccager les valeurs de notre sainte Terre chérie, sans se retourner sur nous, tant nous sommes affreux. J’en veux pour preuve l’existence de nos empreintes indélébiles sur le mur de nos tueries.
C’est impuissant que je constate la perdition des valeurs, nobles de paix, égalitaires et humanistes, qui nous ont filé entre les mains et dont nous n’avons su en rien encensées, ni même exploitées et dont nous n’avons guère exploré les multiples facettes que celles-ci recelaient.
C’est lorsque j’étais enfant, avec mes pensées puériles et utopiques, qu’il m'est venu de fantasmer sur notre délivrance à être bon. Je nous voyais vivre exclusivement de notre savoir sur la cueillette des fruits et de notre connaissance dans le domaine de la culture biologique des terres.
Si ma vision très mièvre sur le sujet n’a seulement pas épargné la faune des multiples boucheries aux quatre coins de la Terre, elle n’a su fédérer en rien l’imagerie collective d’un monde meilleur.
Mais bon, je ne suis plus dupe, je crois que nous sommes pareils à nos ancêtres primitifs, de redoutables barbares affamés de viande fraiche. Car elle se trouve là, notre « vérité », dans notre jouissance meurtrière à ne pas vouloir refreiner nos pulsions assassines.
Aujourd’hui comme demain, nous faisons l’histoire. À nous de faire des choix sensés et d’être responsable de nos agissements.
Si, tout bien réfléchi, nous sommes ces êtres infâmes, ne sommes-nous pas aussi les fervents gardiens d’un temple maudit où se cachent notre cruauté et nos pires sentiments. Notre fascination sur un passé cauchemardesque où survivent les pires massacres engendrés par l’homme, n'est-elle pas là notre vrai nature ?
Il n’y a plus de doute à avoir, nous avons un passé lourd de conséquence, que nous avons voulu monstrueux, inimaginable et odieux trahissant le véritable sens du bonheur.
C’est aveugle, égaré du droit chemin, que ce bonheur nous a échappé d’entre nos mains, se refusant, ingrat, à nous guider vers l’excellence, vers ce paradis chimérique que l’on nous fait croire par le biais des saintes paroles de DIEU dont on ne connait guère l’existence.
Pourtant ce bonheur étaient bien présent, ami, je te l’assure. Il se trouvait être là, à notre portée, non loin de nos prières. Mais par malheur, nous sommes fous, dans l’impossibilité à nous écouter, dans l’impossibilité à nous entendre, dans l’impossibilité à nous comprendre.
Si folie il y a, sois au courant de cette terrible affliction, car il n’est pas dit que DIEU soit lui-même dans les normes de la raison.
Toujours est-il, ami, que oui je saurai fuir en courant, abandonnant toutes mes responsabilités envers toi ainsi qu’envers ma bien-aimée. Oh oui, qu’il serait bon de tout abandonner et, d’un coup de baguette magique, tout recommencer afin de revenir vingt-quatre heures en arrière.
Aussi, tout en sachant à l’avance de l’épouvantable dramaturgie qui allait s’écrire sous mes yeux, j’aurais su éviter, avec ingéniosité, tous les pièges dans lesquels je me suis laissé attraper.
Peu enclin à la fatigue, au matin de son retour, j’aurais su être le gardien du sommeil de ma tendre et douce Maman, évitant le drame funeste d'une journée, qui à n’en point douter, aurait été emplie de merveille. À son réveil, je l'aurais suppliée de m’aimer, prenant, DIEU à témoin pour qu’elle me chérisse comme jamais elle ne m’aurait chéri auparavant, abandonnant tout acte irréversible qui l’aurait conduit jusqu’au suicide.
Voilà, ce que j’aurais dû faire.
Seulement, ne voyant autour de moi aucune issue de secours, j’allais me tenir à la promesse faite à Jiznée au réveil de notre nuit partagée dans l’antre du « paradis » et dont je vais dans l’instant te raconter la suite malheureuse.
Dès mon réveil, je n’eus guère le temps de me poser la question si tout ce qui s’était passé la veille fut songe ou réalité. Non, la « vérité » allait me faire entrevoir que les actes irréversibles peuvent être la pire des tortures en ce bas monde.
Si en cette matinée l’envie de m’échapper se faisait pressante tel un rappel à l’ordre, je n’excluais en rien pouvoir survivre au-dessus d’une situation qui allait inexorablement me prévenir d’un drame funeste.
Crois-moi, je ne me serais pas fait prier pour devenir homme de foi afin de me disculper des faits de la veille et dont je fus le protagoniste malheureux.
Si mon échappatoire avait été, en fin de compte, une des choses dès plus raisonnables à faire, je t’entends déjà me dire que l’on n’échappe pas à son destin, et je t'aurais répondu devant tant de clairvoyance que tu n’avais pas tort.
ALORS, QUOI D’AUTRE ?
Annotations
Versions