Ami, alors que je dodelinais entre le monde des songes et celui des tristes « vérités », je pris conscience qu’un autre que moi avait rendez-vous dans ce lieu inconnu afin d’y prendre la parole et de m’adresser son soulagement :

« Dieu soit loué, vous êtes vivant. Mes prières ont été entendues…pour une fois qu’elles le sont. C’est un vrai miracle. C’est que vous m’avez fait peur ! Fut un temps, je vous croyais mort. »

À qui pouvait bien appartenir cette voix ? Cette voix d’homme, douce et rassurante, qui embrassait l’ensemble de l’espace dans lequel je guérissais de mes turpitudes d’antan. Une voix qui semblait être stéréophonique. Étais-je la proie à des hallucinations sonores ?

« Mais, réveillez-vous mon jeune ami ! Votre rêve vient de s’éteindre. C’est fini, voilà tout. »

La personne me tenait la main.

« A quoi rêviez-vous ? Aux effluves angéliques d’une demoiselle sybarite ? Au rayonnement bienveillant de cette fille qui brille de mille feux au creux de votre sein chaleureux ? »

Soudain, je fus victime d’une décharge électrique, au point de me redresser en sursaut. Dès lors, je serrai sa main de toutes mes forces comme si je n’avais qu’un seul souhait, celui de me tenir à elle afin de ne point sombrer dans le néant. L’homme reprit la parole :

« Au cachot vos rêves puisque vous ne savez pas rêver sans aucun discernement avec la réalité ! »

Le tumulte d’une onde de choc me réveilla pour de bon. Je pris mon souffle tel un nouveau-né. Mon système nerveux se mit en marche. Mon mécanisme psychique n’était plus en pause.

L’homme continua son discours sur mes rêves décrépits :

« L’idée de réaliser de multiples merveilles vous chatouillent, n’est-ce pas ? Et votre souhait le plus cher est de vivre à profusion une existence riche en amour ? Vous voilà bientôt de retour chez les vivants ! Un conseil, partenaire : cessez de souffrir d’une vie fantasmée ! »

C’est à cet instant que je compris que je rêvais.