Chapitre 17
Nous marchons au milieu de la forêt. Malgré la chaleur, les arbres apportent un peu de fraîcheur. Nos chaussures s’enfoncent délicatement dans la mousse qui recouvre le sol. Véra a sa main dans la mienne. Elle ne cesse de me regarder, ne faisait pas attention à ce qui nous entoure. Silencieuse, on écoute les branches bouger au souffle du vent, les branches craquer sous nos chaussures et les oiseaux chanter. Au bout d’un moment, on aperçoit des troncs d’arbres coucher sur le sol. On décide de s’y asseoir.
— Cet endroit est parfait, dit-elle, brisant le silence.
— Je trouve aussi. Nous pourrions vivre ici pour toujours. Vous n’auriez plus à vous soucier du Conseil.
— C’est une idée intéressante.
Véra me sourit et attrapa ma main dans la sienne. Elle se rapprocha et se tourna vers moi. De sa main libre, elle la posa sur mon visage avant de m’embrasser. Je lâchais sa main pour poser les miennes dans son dos. Quand elle s’éloigna, je voulus l’embrasser à nouveau mais un couteau se posa sur mon cou. Dans la seconde suivante, je ne parvenais plus à respirer. Je plaquais mes mains contre mon cou. Du sang coulait, on venait de m’égorger. Autour de moi, alors que je glissais de troc d’arbre, j’aperçus les hommes du duc.
— Tout va bien, mon ange, tout va bien.
Véra, s’assit à côté de moi, par terre, et se mit à chantonner la berceuse de ma sœur tout en me caressant le visage. Petit à petit, je perdis connaissance, sombrant dans l’obscurité.
Quand je rouvris enfin les yeux, Véra à un bras autour de ma poitrine et l’autre qui jouait avec mes cheveux. Une larme silencieuse coula sur ma joue et je repoussais la couverture ainsi que le bras de Véra pour sortir du lit. Je m’habillais et préparais la tenue de l’Impératrice.
— Élia ? m’interrogea-t-elle.
— Votre tenue est prête, Ma dame, répondis-je sans la regarder.
— Bon, très bien. Sandra, tu t’occuperas de la chambre ce matin et de reprogrammer mes rendez-vous que j’ai annulés hier.
— Oui, Majesté.
De mon côté, je passais la journée à suivre l’Impératrice sans jamais la regarder. Dès qu’elle essayait de savoir comment j’allais, j’esquivais la question. Quand elle essayait de me regarder dans les yeux et de me serrer dans ses bras, je détournais le regard ou m’esquivais. Je faisais mon travail, tel un robot, sans rien ressentir, évitant de réfléchir. Moins j’avais besoin de parler, mieux je me portais. J’évitais aussi de regarder dans mon reflet, que ce soit à travers un miroir, une porte ou même mon téléphone. En fin d’après-midi, alors que Véra finissait de travailler dans son bureau, je regardais par la fenêtre, le regard perdu dans le vide. Une main se posa sur mon épaule, me ramenant à la réalité en me faisant sursauter.
— Est-ce que ça va Élia ? m’interrogea l’Impératrice, tout en gardant sa main sur mon épaule.
— Oui, Ma dame, mentis-je en regardant à nouveau par la fenêtre.
— Parle-moi Élia. Qu’est-ce qu’il s’est passé dans cette cellule ?
— Peu importe.
— Élia…
— Le repas va être prêt. Nous devrions y aller.
Je m’éloignais de la fenêtre pour ouvrir la porte et attendit que Véra me dépasse pour la refermer. En silence et en regardant mes pieds, on rejoignit l’antichambre. En nous voyant arriver, les domestiques ainsi que Sandra apportèrent les plateaux et on s’installa à table. Sandra et Véra discutèrent alors que je regardais mon assiette, sans avoir faim.
— Élia, il faut que tu manges un peu.
— Je n’ai pas faim, Ma dame.
— S’il te plaît, Élia.
Juste pour lui faire plaisir, je mangeais une pomme de terre et reposais ma fourchette.
— On va dire que c’est mieux que rien. Sandra, ressers-moi de la salade.
— Oui, Ma dame.
— Si tu n’as plus faim, va donc prendre ton bain Élia. Je prendrais le mien ensuite.
— Merci, Ma dame.
Je sortis de table pour aller prendre mon bain. Pourtant, quand je vis l’eau remplir le bain à moitié, je glissais et reculais jusqu’au fond de la pièce et ramenais mes genoux contre ma poitrine. Tel un flash, je me revoyais dans cette bassine, la tête sous l’eau et maintenue par Margot. Comme si j’étais de nouveau sous l’eau, j’eus des difficultés à respirer. L’impression d’étouffer, comme si la pièce entière était privée d’oxygène. Agrippant la partie de ma robe sur ma poitrine, j’essayais de l’enlever pour mieux respirer. Pourtant, plus le temps passait, plus ça empirait. Je parvenais de moins à respirer.
— Regarde-moi et respirer calmement. Inspire, expire, doucement, voilà.
— Laissez-moi.
— Non Élia, je ne te laisserais pas. Jamais.
L’Impératrice, assise à genoux devant moi. Elle me serra dans ses bras et posa ma tête contre sa poitrine. Pour arriver à reprendre ma respiration, je me concentrais sur les battements de son cœur, essayant de respirait au même moment.
— C’est très bien Élia, continue comme ça. Je vais t’aider à prendre ton bain, d’accord ?
— Non ! Pas… pas ça. Pas…
— Tout va bien, tout va bien. On va faire autrement. Sandra ?
— Oui, Ma dame ?
— Aide-moi à la déshabiller.
Rassurée et ayant repris une respiration normale, j’aidais au maximum Véra à enlever ma robe. Elle passa ses bras sous mes bras, autour de ma poitrine et me déplaça jusqu’à côté de la baignoire. Elle récupéra un gant et commença par le passer délicatement sur mon visage.
— Dis-moi ce qu’il s’est passé, Élia ? Si tu me parles, je pourrais t’aider.
— Non, vous ne pouvez pas. Vous ne devez pas m’aider.
— Pourquoi ? Pourquoi je ne peux pas t’aider ?
— Vous ne pouvez pas. On n’a pas le droit. On n’a pas le droit.
— Chut, tout va bien, Élia. Tu m’entends ? Tout va bien.
À nouveau, j’eus du mal à respirer. Ma poitrine m’oppressait, ma vision était brouillée par des larmes qui ne voulaient pas couler.
— Majesté ! Elle refait une crise panique, intervint Sandra. Il faut…
— Va chercher le médecin, qu’il ramène un sédatif. Tout de suite !
— Oui Majesté.
Toujours dans ses bras, j’essayais de me débattre mais elle continuer de me serrer contre elle, m’empêchant de m’éloigner. Quand je voulais la repousser, elle attrapait mes poignées, pour que je ne fasse de mal ni à elle ni à moi.
— Vous m’avez demandé, Majesté ?
— Merci d’être venu Docteur. C’est pour elle.
— Le sédatif ? Maintenait là le plus immobile possible.
— Très bien. Tout va bien Élia, fait moi confiance.
Je sentis un léger pincement sur l’épaule avant de me détendre petit à petit. Ma respiration reprit un rythme normal, comme les battement de mon cœur. Un voile se déposa devant mes yeux. Toute force m’abandonnant, je me serais contre l’Impératrice jusqu’à m’endormir.
Annotations