Chapitre 32

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Ça faisait déjà une semaine que je discutais tous les jours avec le psychologue du palais. Finalement, ça me faisait plus de bien que je ne l’imaginais. Ce psy connaissait aussi les moindres secrets de Véra, ce qui me rassurait d’autant plus pour lui parler. J’avais désormais ma routine. Je discutais avec lui le matin et j’enseignais l’après-midi. Le matin, je devais revivre mon traumatisme, pour y faire face et l’après-midi, je me faisais plaisir à danser et à aider les jeunes de l’orphelinat. Cela faisait une semaine que je n’avais pas parlé avec Véra. Nous nous envoyons seulement un message par-ci, par-là.


Aujourd’hui, j’avais des courses à faire. Ma mère m’avait préparé une liste d’achat à effectuer. Ma mère voulait que j’aille faire les courses seules, mais je voyais que ça l’inquiétait. Nous savions toutes les deux qu’à chaque fois que j’étais seule au marché, ça se passait mal.


— Tu fais attention ma chérie, tu me le promets.

— Ne t’inquiète pas, maman. Je sais ce que j’ai à faire et comment je dois le faire.

— Tu as pris tout ce qu’il te fallait ?

— Oui, c’est bon, ça va aller.

— Je ne te retiens pas alors.

— Merci maman.


Ayant enfin l’autorisation de ma mère, je me rendis à pied jusqu’au marché. Pour une fois, je pus faire mes courses tranquillement, sans être agressée, ni par les villageois ni par les commerçants.


— Élia ? Qu’est-ce que tu fais là ? m’interpella-t-on

— Leslie ? Bah ça alors. Je suis contente de te voir.

— Tu as des nouvelles de ta sœur ?

— Malheureusement non. Mais des recherches sont en cours.

— Je suis navrée de l’apprendre. Et toi, qu’est-ce que tu deviens ?

— C’est compliqué.

— Je ne poserais pas plus de questions. N’hésite pas à passer nous voir au skateparc un de ses quatre.

— J’y réfléchirais. Merci pour la proposition Leslie.

— Avec plaisir. À une prochaine fois.


Je la regardais partir avant de faire de même et de rentrer chez moi. En silence, je rangeais les courses et ma mère sembla s’en inquiéter. Elle était appuyée contre le plan de travail et les bras croisés.


— Qu’est-ce que tu me caches, chérie ?

— Rien, tout va bien, maman.

— Qu’est-ce que tu ne me dis pas, Élia ?

— J’ai rencontré Leslie au marché. Elle m’a proposé de les rejoindre, elle et le groupe au skateparc.

— Et alors ? Quel est le problème ?

— Je ne sais pas… si j’ai vraiment envie de les rejoindre.

— Pourquoi tu hésites ? Tu étais contente d’y aller avant.

— Bien sûr, mais quand j’y allais, Iléna était là. Et le fait d’y aller seule, cette fois, alors qu’elle n’est pas là…

— Prends le temps d’y réfléchir, ma chérie. Mais tu devrais y aller, ça te ferait du bien. Si tu doutes, tu n’as qu’à en parler à ton psy ou même à ta petite amie.

— Je verrais. Tu veux que je fasse à manger ?

— Non, je m’en occupe. Profites-en pour aller prendre un bon bain bien chaud.

— Très bien. Merci, maman.

— Mais de rien, ma chérie.


Écoutant les conseils de ma mère, je montais dans ma chambre. Après être installé dans un bain chaud et plein de mousse, je me décidais à appeler Véra. Pourtant, je dus m’y reprendre à plusieurs fois pour l’avoir. Elle devait sûrement être occupée. Elle me rappela d’elle-même une dizaine de minutes plus tard.


— Excuse-moi de ne pas t’avoir répondu, chérie. J’étais occupée, commença-t-elle.

— Tu n’as pas à t’excuser, je m’en suis douté. Qu’est-ce que tu faisais ?

— Réunion avec le Conseil. Dès que j’ai vu tes appels, j’ai mis fin à la réunion.

— Tu n’aurais pas dû. Un simple SMS et j’aurais attendu.

— Je ne louperais jamais une occasion de t’avoir au téléphone, mon amour. Pourquoi tu m’as appelé sinon ?

— J’ai un choix à faire. En faisant des courses aujourd’hui, j’ai rencontré la chef de mon ancien groupe de danse. Enfin, c’était Iléna la chef et elle sa seconde, mais… elle m’a proposé de les retrouver elle et le groupe là où on avait l’habitude de danser avant, mais…

— Tu as peur d’y aller sans ta sœur ?

— Oui. C’est elle qui m’a fait intégrer le groupe quand j’avais dix ans. J’ai peur de ne pas y avoir ma place sans elle.

— Si cette fille t’a proposé de les rejoindre, c’est que tu y as ta place, chérie. Tu n’as pas à douter de ça. Tu en as parlé à ta mère ?

— Oui. Pour elle je devrais y aller, mais aussi en parler avec toi et le psy.

— Je suis d’accord avec elle. Tu devrais y aller.

— Je prends note de tes conseils. J’ai bien fait de t’appeler.

— Est-ce que je te manque ?

— Je dois dire que oui.

— Je suis ravie de l’entendre. Et sinon, avec le psy, ça se passe bien.

— Plutôt oui. Je lui parle tous les matins et… tu ne m’avais pas dit que tu avais une peur bleue des araignées.

— Le traître ! Il t’en a parlé.

— Il m’a dit beaucoup de choses pour me rassurer oui. Mais la plupart des informations qu’il m’a données, je le savais déjà.

— Est-ce qu’il t’a parler de… heu…

— Rien de trop personnel, ne t’inquiète pas. Pourquoi, il y a quelque chose que tu ne m’as pas dit ?

— Je t’en parlerais en temps voulu, ne t’inquiète pas.

— Bon, d’accord.

— Élia ! À table ! cria ma mère depuis le salon.

— Je dois te laisser, mon amour. Le repas est près.

— Pas de soucis. Je t’aime, Élia.

— Je t’aime aussi.


Elle raccrocha et je sortis de la baignoire. Je me dépêchais de me rhabiller avant de rejoindre ma mère dans le salon. J’eus juste à m’asseoir à table et ma mère me servit une assiette de gratin de pâtes remplie au maximum.


— Ça à l’air bien bon.

— Si après ça tu n’as plus faim, j’arrête de cuisiner.

— Tu es la meilleure maman.

— Régale-toi ma chérie.


En revenant à la maison, je retrouvais mes bons petits plats de mon enfance. Ceux que ma mère mettait tant de soin et d’amour à préparer. Au palais, les produits étaient d’une qualité bien supérieure à ici et suivaient toujours un équilibre bien particulier. Ici, je retrouvais le goût du gras et du fromage.


— Pourquoi on n’en profiterait pas pour faire le point, chérie ? me questionna ma mère.

— C’est-à-dire ?

— Ça fait déjà plus d’une semaine que tu es là. Tu discutes avec le psychologue, tu donnes des cours de danse et tu t’occupes de Lianna. Dis-moi comment tu vas maintenant.

— Beaucoup mieux. Lui parler me fait du bien et avec mes activités, j’arrive à garder l’esprit occupé.

— Si tu sa toujours besoin de garder l’esprit occuper, c’est que tu as encore besoin de parler.

— Non, au contraire. En fait, au palais, j’avais toujours quelque chose à faire et je devais respecter les délais, alors qu’ici… Tu sais, ça me manque de participer à l’organisation d’un bal.

— Ta vie au palais te manque, n’est-ce pas ?

— Oui et Véra encore plus. Mais je ne suis pas tout à fait prête à rentrer.

— Guérir ça prend du temps, ma grande. Et puis, tu sais que tu peux rester ici aussi longtemps que tu voudras.

— Merci maman.


Elle avait raison. J’étais venu ici pour me soigner, me reposer, mais surtout pour prendre du temps pour moi. Être la dame de chambre de l’Impératrice, c’était être disponible à tout moment du jour et de la nuit. J’avais simplement la chance d’être son amante, parce qu’elle aussi prenait soin de moi. Je savais que si elle avait besoin e quoi que ce soit pendant la nuit, elle préférerait demander à quelqu’un d’autre plutôt que de me réveiller.


Après avoir fini de manger et embrasser ma mère, je montais dans ma chambre afin de me préparer pour la nuit. De ce que disait le message de Jordan reçu à l’instant, la journée de demain allait être riche en émotion. Je devais être bien reposé et en pleine forme.

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