Un banc pour se souvenir
Cela faisait une semaine que j’avais appris la disparition de Lisa. Malgré la promesse de ne pas m'apitoyer, cela restait difficile pour moi. Au fond je me disais que j’aurais aimé être aussi fort mentalement que l’était Lisa. Aujourd’hui ça aurait dû être notre jour habituel pour se voir dans ce parc et sur « notre » banc. La météo était un peu fraîche mais qu’importe j’espérais que me rendre au parc me ferai trouver l'aura de Lisa et m’aider à accepter sa disparition.
En fait je sais pas si l'on parvient à accepter la perte d’une amie, peut-être avec le temps. Mais son souvenir demeurera dans ma vie.
Me voilà assis sur ce banc à nouveau, cette fois je sais que personne ne me rejoindra. Je revoyais les beaux jours et tous nos moments passés à discuter de tout et n’importe quoi !
« Excusez-nous, on peut s’asseoir ? »
Pris par mes pensées, l’espace d’un instant j’eu l’impression d’entendre Lisa me faire cette demande. Mais il n’en était rien, c’était juste un groupe de trois adolescents qui pourrait avoir justement l’âge de mon amie disparues. J’avoue avoir été surpris par la requête, tout en me disant que le banc allait se faire un peu petit pour conserver l’espace individuel mais j’acceptais néanmoins la requête.
Le groupe était constitué de deux filles, l’une est plutôt fine avec des longs cheveux bruns attachés. Un visage associé à sa morphologie et des yeux noirs. La seconde était plus grande, un corps plus athlétique, une chevelure mi longue couleur châtain. Un garçon était également présent, mince aux cheveux courts, plus grand que les deux filles, il semblait avoir une relation amicale avec les deux filles.
Je restait silencieux mais du fait de ma position j’entendais obligatoirement la conversation des trois adolescents.
« Tu est sûr que c’est là ? » Questionna la fille aux cheveux châtain envers le garçon.
« Oui, regarde d’après sa description, elle venait ici ce jour fixe et précisément sur cet emplacement, comme décrit dans son journal . Elle évoque les arbustes environnant de façon méticuleuse. « lui répondit le garçon.
« Mais ce que l’on ne sait pas c’est pourquoi ce jour précis elle venait ici, il y a forcément une explication ! » Compléta la seconde adolescente.
Ces paroles m’intriguèrent , cet emplacement, ce jour, cette heure, la personne qui avait écrit un journal recueillis par ces trois jeunes ne pouvait être que Lisa ! Comme c’était fou ! Lisa qui semblait forte au point de ne pas laisser de traces sur notre amitié et son secret, avait consigné cela dans un journal de façon minutieuses !
Et c’était ainsi que je me retrouvais au même moment avec trois de ses proches, amis où famille, sur ce banc sans qu’il se doute que je sois le motif de la venue de Lisa. Je me remémorais ma conversation avec Lisa, celle où je m’étais engagé à ne pas interférer avec ses proches, amis où familles. Pour elle je devais tenir cette promesse. Pourtant me voilà face à un dilemme, jamais j’aurais pensé être près de ses amis, même accidentellement. Je me désolais de laisser ces jeunes sans réponse car j’imaginais leurs tristesse puisque je la partageais. Moi j’avais eu le mérite de connaître la situation de Lisa et eux n’en avaient rien su selon ses souhaits. Je pense que la perte subite de leur ami à dû être véritablement douloureuse. Il mériterait de connaître les réponses mais je me devais de garder le silence, j’en étais confus !
Malgré tout je pouvais entendre leurs conversations et ainsi profiter des informations que je n’avais pas.
« Tu peux continuer de nous lire la suite de son journal intime ? En attendant de voir ce qu’il se passe ici ! » Demande la jeunes femmes brune à l’attention du garçon.
Celui-ci ouvrit un carnet à la couverture épaisse et commença la lecture.
« Nous en sommes à la fin du recueil, visiblement Lisa à écrit cela avant sa disparition à sa dernière soirée ! »
« Ça y est, j’entrevois mon 18 ème anniversaire. Il y a quelques mois je n’était pas sûr de les atteindre. Je ne le vois pas comme un aboutissement, je vais continuer de me battre pour mes amies et la famille. Je me sens fatigué, mais je dois faire comme si tout allait bien, c’est mon obligation !
J’ai accepté le fait de mourir en moi-même. J’ai eu le temps de m’y préparer mentalement tout en décidant comment profiter de la vie restantes. En tant que tel ça me fait pas peur. La mort c’est l’extinction du corps, je ne crois pas qu’il y ait quoi que ce soit derrière. Mon corps cessera ses fonctions, je le sentirais ce refroidir sans rien pouvoir faire, sans réaliser que le moment est arrivé. Seul mon souvenir demeurera en qui le voudras et de la façon dont il souhaiteras . Mais peu m’importe mon corps sera éteint définitivement.
J’ai hâte d’arriver à mes 18 ans demain et à la fois je redoute ce jour. J’ai lu que le jour d’anniversaire était celui où l’humain avait le plus de risques de mourir. Je voudrais pas que mon corps et mon esprit en leurs inconscient pensent que cette date est un aboutissement et me lâche ce jour là !
Demain sera le jour du banc, et c’est un moment que je veut louper pour rien au monde. Qu’importe mes 18 ans, je prendrai le temps de me rendre au parc. »
« Voilà ce sont ses derniers mots ! » Prononça en conclusion le garçon.
De mon côté j’étais triste d’avoir entendu ces mots et je devais masquer mes larmes pour ne pas montrer mon implication. Un silence de plomb régnait sur le banc. Je pensais que les trois adolescents étaient subjugués par l’émotion et sans doute par des informations dont ils n’avaient pas connaissances. Je me sentis coupable de sans doute avoir été seul de connaître les profonds secrets de Lisa.
« Donc elle se savait mourante et nous a rien dit ! » Affirma la jeune femme aux cheveux châtain.
« Oui , nous sommes ses amis, nous aurions pu être présent pour l’aider, ! » Enchaîna l’autre jeune femme.
« Moi, ça me trouble de me dire que ce sont ces derniers mots. On sait qu’elle a cessé de vivre peu de temps après selon ses parents. Elle se réjouissait du jour de ses 18 ans mais sa vie l’a quitté avant minuit jour de son anniversaire. » affirma le garçon.
« Oui tu as raison ! Elle nous manque terriblement, c’était une formidable amie. Je m’en voudrais à vie de n’avoir réussi à lire sa détresse ! » Repris la femme châtain.
« Il y a des choses que l’on aimerait comprendre, on pensait parvenir à le faire avec son journal, pouvoir tenter de faire notre deuil. Au lieu de cela, la lecture de ses secrets les plus profond nous livre encore plus d’interrogations ! »
Et moi pendant ce temps j’étais dévasté. Je savais pas si les trois ados s’en rendaient compte, apparemment pas. Sans s’en rendre compte ils m’avaient apportés la chronologie du drame. La suite c’était mois attendant l’arrivé de Lisa sans jamais la voir venir et m’interrogeant. Au final mon cas était bien peu important par rapport à la disparition de mon ami.
« Finalement ce lieu il n’a rien de spécial ? »Questionna la jeune femme châtain.
« Je pense que c’est juste un endroit qu’elle appréciait, peut être la vue où bien pour se ressourcer ! » Répondit le garçon.
« Oui aucune réponse à en tirer, on rentre ? » demanda la fille brune.
Dans ma tête c’était confus. Me revenait en boucle ma promesse auprès de Lisa. Dans le même temps j’avais envie que les trois adolescents sachent la vérité, le sacrifice de leur ami afin d’épargner leurs sensibilité et ses propres volontés. Leurs décrire le dernier combat de Lisa commencé le jour de notre rencontre sur ce banc. Dans ma tête je m’excusais de salir ma promesse et la mémoire de mon ami. Au moment où les trois adolescents commençait à se lever pour partir, c’est moi qui engagea le dialogue.
« Attendez ! C’est avec moi que Lisa passait du temps ici ! »
Les trois adolescents me regardèrent avec étonnement .
« Je m’appelle Arthur, je suis devenu ami avec Lisa au début de printemps sur ce banc ! J’ai appris sa disparition par hasard dans un journal et attristé je suis venu aujourd’hui ici pour me remémorer les moments passés ensemble et lui rendre hommage. Vous êtes ses amis si je comprends bien ? »
« Oui nous sommes son cercle d’amis depuis longtemps. Je m’appelle Jules, mes deux amies sont Livia et Chloé. Mais jamais Lisa n’à parlé de vous ! »
« Oui je sais, je dois tout vous raconter. D’abord je dois préciser que jamais nous aurions dû nous rencontrer, c’était une promesse entre nous deux. Je vous rassure Lisa et moi ce n’était que de l’amitié et de longue discussions ici même, rien de plus. Aujourd’hui en vous parlant je trahi ma promesse et j’en suis conscient, mais je veut vous apportez des réponses. Je sais aussi que Lisa tenait à vous au point de vouloir vous protéger de son sort ! »
« Protéger de quoi ? » Demanda la fille aux cheveux brun qui de ce fait se prénommait Livia.
« eh bien laissez moi revenir au début : lorsque j’ai rencontré Lisa, elle s’est assise ici sans demander quoi que ce soit. Déjà assis ici, j’ai remarqué qu’elle était en pleure. Sans intention de m’immiscer dans sa vie, juste par bienveillance je lui ai demandé si je pouvais lui apporter une aide. Elle a fini par me tendre une lettre. Je me souviendrai toujours des mots de cette lettre car ils m’ont glacé le sang ! Il y était clairement annoncé que Lisa était condamné à mourir ! »
« À cette période c’est celle où elle avait eu pas mal d’examen médical ? » Questionna Chloé à l’attention de ses deux amis.
« Oui, mais elle nous avait dit que tout allait bien et que ses examens étaient bons ! » Répondit Jules.
J’expliquais par la suite à quel point Lisa savait ce qu’elle voulait, qu’elle ne sentait pas le courage de faire face aux gens qu’elle aimait en leur avouant sa destinée. Aussi qu’elle voulait vivre le plus normalement possible et que finalement ça ressemblait à une dernière volonté.
Il était temps pour moi de rentrer mais avant cela je proposait une dernière requête.
« il est temps de m’en aller, mais je reviendrai ici ! Si vous avez besoin de discuter, parler de vous, de Lisa, de n’importe quoi, on pourra se retrouver ici à chaque fois sur ce jour. Vous pourrez venir ensemble où seul selon vos envies ! »
« Merci à vous ! Je crois que Lisa aurait quand même apprécié que vous nous consacriez du temps comme vous lui avez accordé ! Vous êtes digne d’avoir compté pour elle ! » Affirma Chloé en conclusion .
Je pris un pas lent pour rentrer chez moi. Je n’avais pas pensé que cet après-midi commémorative se passerait comme ça. Au fond, peut-être que sur ce banc brillait une aura un peu étrange !
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