Il était une fois... un Chemin

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Un jour, l’idée m’est venue de me lancer dans une longue aventure, empruntant un chemin bien précis : celui de Saint-Jacques-de-Compostelle. Pourquoi ce chemin en particulier ? Je n’en avais pas la moindre idée. Est-ce dû à une tendance passagère ? Peut-être, il est vrai que sa popularité croît d'année en année. J’aurais facilement pu répliquer que mon objectif était d’atteindre la sépulture de l’apôtre Jacques, fils de Zébédée, afin de préserver une tradition ancestrale en me joignant aux millions de pèlerins portant leur coquille… Cependant, ce serait une douce tromperie.

En ce qui me concerne, je me retrouvais plongé dans un flou artistique. Bien que j’aie écouté plusieurs personnes influentes vanter les vertus du chemin et son «lacher-prise», elles m'apparaissaient comme des charlatans proposant des solutions miracles à tous nos maux. Cette idée est tentante pour une âme assoiffée d’aventure, fatiguée de ses préoccupations quotidiennes. On pourrait en rêver lors d’un moment de faiblesse, mais bon, était-ce une raison pour y consacrer deux mois de son existence ? Non ! Cela équivaudrait à suivre une chimiothérapie pour soigner un simple rhume.

En vérité, ce qui m’a poussé à agir, c’est que je ne parvenais plus à me tromper moi-même. À l’image d’un docteur confronté à une tragique vérité : son patient est condamné. Dans un souci de préserver sa sensibilité, il choisit de dissimuler la vérité. Finalement, la maladie triomphe, révélant amèrement que le praticien l’a trahi. Son monde bâti sur des illusions vient de s’effondrer comme un vulgaire château de cartes. Soudainement, il explose, abandonnant tout sur-le-champ.

Quel était donc ce fléau qui me consumait, me faisant sombrer dans la folie ? Un voile de mystère entourait cet ennemi redoutable, pourtant si présent. Des bruits courent à son propos, suscitant d’abord notre curiosité, puis notre perplexité. On cherche à démêler le vrai du faux, mais bientôt, nous sombrons dans un océan de questions sans réponse. Si bien que nous choisissons de nier sa présence, trouvant refuge dans l’ignorance. Mais hélas, un jour, il nous étreint si fortement que nous ne pouvons plus l’éviter. Ses griffes acérées nous transpercent jusqu’à nos derniers ongles.

Le pouvoir du statuquo réside dans l’écart entre notre existence actuelle et nos rêves les plus profonds. Nous sommes comparables à un poisson nageant en parfaite harmonie avec son banc, automatismes et conformisme nous poussant à suivre le courant. Il est crucial de ne pas faire de vagues, car se distinguer pourrait attirer des ennuis. Nos aspirations s’estompent au profit de celles de notre entourage, comme des poissons dans l’océan. Avec le temps, nous excellons dans le rôle que la société attend de nous. Celle-ci s’en réjouit, mais plus nous faisons d’efforts pour y parvenir, plus notre système nerveux s’use.

Un élan soudain nous secoue, ranimant notre esprit amorphe. Il nous plonge dans l’incertitude, puis nous révèle la seule voie possible pour assurer notre survie. Il est temps de sauter dans l’inconnu, de quitter notre zone de confort et de nous engager dans une quête de vérité, où la tromperie n’a pas sa place. Une petite lumière vacillante éclaire notre chemin, qui se dessine progressivement. Tous nos espoirs sont rivés sur cette voie… Pourrions-nous avoir trouvé la clé du bonheur ?

La petite loupiote nous éclaire à nouveau. Nous sommes submergés par des questions qui nous ont tourmentés durant notre enfance : « Pourquoi suis-je là ? », « Quel est le sens de ma vie ? » et « Pourquoi suis-je moi et pas une autre personne ? ». Nous avons tenté de demander à nos ainés, mais ils ont toujours éludé, trop préoccupés par les taxes qu’ils devaient bientôt payer.

Qu’est-ce que nous savons réellement sur notre propre personne ? Sommes-nous capables d’identifier pleinement nos points forts, nos limites ou même nos rêves ? Elles ressemblent plus à des inconnus que l’on traite dans une équation mathématique plutôt qu'à des constantes dont on connait déjà la valeur.

J’aimerais partager avec vous mon cheminement, un voyage sans fin, vers la découverte de soi et des terres inexplorées… Le-Puy-en-Velay en sera son point de départ. Ce n’est pas mon désir pour la verveine ou la dentelle qui me fit rejoindre ce lieu atypique. Je dirais que la raison est plus simple, presque simpliste. Tout le monde semblait commencer sa route ici, alors je l’ai pris comme un indice, sans trop réfléchir. Bien que peu de gens aient le cran de se lancer depuis chez eux, ces personnes authentiques contribuent à insuffler une once de singularité dans un univers largement standardisé.

En général, je suis attiré par la simplicité et je choisis rarement les chemins tortueux, même si ceux-ci peuvent s’avérer plus bénéfiques qu’ils n’y paraissent. Ce qui semble facile de prime abord est en réalité plus ouvert, ce qui signifie que les possibilités sont souvent surestimées. Cette maxime sera démontrée plus tard : la profusion de commodités entraine souvent une concurrence féroce pour en profiter.

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Avant-ProposChapitre1 message | 4 mois

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