Le vieux chêne
A l'ombre du vieux chêne quand je fuis le soleil
Je viens me réfugier, contempler le beau ciel ;
Un calme vent agite les feuilles qui se font vieilles
Bientôt l'automne arrive pour prendre le grand chêne.
Je me souviens du temps où il était si fier
Elancé et si fin, encore doux et fringant
Petit mais la tête haute, il traversait l'hiver
Adossé à son tronc, j'attendais le printemps.
On chantonnait ensemble, portés d'une douce ivresse
On parlait de la vie, de nos rêves d'ardeurs
Tous deux poussés bien loin par notre prime jeunesse
Nous n'aimions plus la paix qui animait nos coeurs.
Je rêvais d'autres peuples et d'étranges countrées
Et il se languissait des beaux oiseaux dorés
Qui la nuit passaient sur la lune argentée.
Mais les ans ont passé, le ciel s'est obscurcit
Et nous avons vieilli lentement dans la plaine
L'ardeur s'est écoulée et avec elle notre peine
S'est perdue dans l'hiver comme dans l'été fleuri.
La paix est retrouvée, mais pour toi, immobile
Les hivers sont trop longs et les printemps bien las
Ta voix autrefois gaie s'est maintenant amenuie
Tes yeux se font petits, fatigués de la vie.
Quand le vent portera tes feuilles une à une
Pour emmener le doré dans l'éclat de l'azur
Je pleurerais alors sur la vie solitaire
Qu'adossé à ta souche je vivrai amère.
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