Chasseur
La bise balayait la forêt ce matin. Seul le chant des feuilles brisait le silence du jour naissant.
J'avais le vent de face ce qui était un bon point.
Un frisson me parcouru. Allongé au sol, le froid reprenait le dessus sur la barrière qu'offrait mes vêtements. Je le sentais m'envahir peu à peu.
Le soleil apparut enfin, cercle incandescent découpé par la cime des arbres. Le brouillard matinal adoucissait sa lumière. Elle ne me gênerait pas. Second point positif.
Le moment allait bientôt arriver. Je le sentais. Il ne me restait plus beaucoup de temps à patienter.
Je réajustais ma visée.
Devant moi s'étendait une clairière. En son centre un cerf se nourrissait inconscient de ce qui se préparait.
Une branche craqua au loin aussitôt suivi d'un bruissement.
L'animal releva sa tête boisée cherchant d’où cela pouvait provenir. Il était aux aguets maintenant.
Transportée par le vent, une odeur particulière me fit grimacer. Le cerf la senti aussi. Il s'agita. Tourna sur lui-même. Renâcla.
Le bruissement se fit de plus en plus fort.
Je souris. Le moment était arrivé. Je régulai mon souffle, me concentrai, inspirai, expirai, lentement.
Tout se termina le temps de deux de mes inspirations.
Une masse difforme surgit des fourrés, sombre comme le fond d'un gouffre.
Grognant sous l'effort, elle se précipita vers le cerf qui prit la fuite dans ma direction.
C'est à ce moment-là que j'agis.
Mon coup de feu stoppa rapidement la course.
L'impact explosa ce qui servait de gueule au monstre avant qu'elle n'atteigne le coup du cervidé.
Les deux corps s'entrechoquèrent et roulèrent à terre.
Le cerf se releva aussitôt pour chercher refuge dans la forêt. Il disparut rapidement de ma vue. Il m'en devait une.
Le silence retomba dans la clairière.
Prudemment, je me levai, puis me dirigeais vers ma victime, la tenant toujours en joue.
Arrivant à sa hauteur, je souris de ma performance, il m'avait fallu un seul coup.
Voilà donc ce qui dévastait les bêtes de notre territoire.
Le bourgmestre saura me récompenser pour ça.
J'entrepris de lui découper la tête, ou du moins ce qu'il en restait, preuve du travail accompli.
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