Chapitre 3

7 minutes de lecture

Je passe la matinée tantôt à ma fenêtre, tantôt à regarder les livres, qui sont, assez intéressant quand on doit passer le temps. Cela me permet de ne pas penser à ma situation ni à ma famille.

Durant cette période, certains enfants sont partis avec des médecins ou des infirmiers, l'uniforme de chacun me permettant de les différencier. Certains ont suivis plus ou moins calmement et d’autres pas du tout. Notamment ceux qui étaient dans le groupe de ce garçon, apparemment dangereux.

J’apprends, en tendant une oreille discrète au discussion autour de moi, qu’il s’appelle Sébastien. On parle beaucoup de lui car il est le seul à vraiment se rebeller contre les médecins et à leur rendre la vie dure. Enfin ce n’est pas sans sacrifices, je ne sais pas exactement lesquels mais apparemment ce n’est pas une partie de plaisir.

Une sonnerie retentit et tous se dirigent vers la porte, qui s’ouvre devant une escorte d’hommes et de femmes en uniformes blancs.

« Viens, qu’est-ce que tu attends ? C’est la sonnerie pour aller déjeuner » dit Thomas.

Je me lève donc et suit le groupe sans toutefois rester avec eux. Je ne veux pas déclencher une nouvelle dispute.

Nous nous arrêtons devant une porte à double battant, d'où deux adultes tentent de fluidifier le passage. J'ai l'impression que nous arrivons dans les derniers, ce qui me permet de me rendre compte du nombre d'enfants présent dans cet établissement. Il y a en a plus que ce que j’imaginais. Au vu de ce nombre important de bouche à nourrir, le service tend à se prolonger, ce qui me permet d'observer et d'analyser cette nouvelle salle.

Le réfectoire est une longue pièce rectangulaire, blanche, comme tout ce que j'ai pu voir jusqu'à présent. Ce blanc immaculé donne une impression de grandeur à la pièce, impression augmentée par l'éclairage de puissants néons, incrusté au plafond. Elle est munie entièrement de rangée de table et de bancs, en bois sombre, pouvant accueillir six enfant à s'assoir chacun. Chaque mobilier est légèrement collées entre eux, permettant ainsi la formation de petit couloir pouvant laisser passer une personne à la fois.  

« Combien d’enfant ont été arraché à leur famille comme moi ? » Me demandais-je tout en suivant la file pour prendre un plateau repas. Celui-ci est préalabrement préapré par la cuisinière, que je peux apercevoir dans sa cuisine par le trou où passe le rail à plateau. J'entends le choc de chacun  lorsqu'ils sont déposés sur les rails automatiques et arrivant devant nous. Comme les enfants avant moi, arrivée devant l'ouverture, je tends les bras et attrape mon repas.Je m'éloigne un peu de la file pour regarder mon ravitaillement.  

Le plateau est constitué de deux compartiments principaux pour l'entrée et le plat de résistance. Tandis que sur ses deux bords, un creux est dessiné afin d'y insérer le produit laitier d'un côté et le verre d'eau de l'autre. Le tout formant un repas équilibré et sain mais dont je redoute le goût, en repensant à mon petit déjeuner. Je n’ai, de toute façon, pas spécialement faim.

Je détourne le regard de mon festin pour remarquer que toutes les tables sont soit complètent, soit occupées par quelques personnes. Bien évidemment, le groupe de Sébastien prend deux tables rien que pour eux et ce n’est pas moi qui irait m’asseoir à leurs cotés. Je n’ai pas oublié le regard brûlant qu’il m’a lancé quelques heures auparavant.

« Viens t’asseoir avec nous. Ce sera moins risqué ». C’est Lucas qui m’a interpellée.

Il a dû remarquer mon regard vers le groupe de rebelle.

« - Je ne comptais pas y aller, je dis tout en m’installant côté de lui.

- Vraiment ?

- Oui, je sais suivre mon instinct et je sais prendre en compte les conseils des personnes qui me semblent justes ».

Il me regarde droit dans les yeux, je ne fuis pas son regard. Je vois dans l’expression de ses yeux qu’il me croit, je ne mens pas.

« - Merci » me dit –il après un moment.

Et il commence à manger.

« - Au fait si tu veux savoir le résultat de tes tests, je peux t’aider.

- Vraiment ?

- Oui mais tu ne devras en parler à personne, compris ?

- Oui, j’ai compris ». Lui dis-je avec un sourire.

Après le repas, Lucas se dirige vers un adolescent avec qui il parle quelques minutes avant de nous rejoindre vers la sortie.

« - On demandera à aller à la bibliothèque tous les deux pour ne pas que ça paraisse suspect. Tu n’auras qu’à me laisser parler ok ? ».

Nous pénétrons dans la salle et passons devant le petit bureau d'accueil avant de nous diriger directement au fond de la pièce parmi les rangées d'étagères. Je pense avoir reconnu Victor, le jeune homme avec qui Lucas a pris rendez-vous. Je ne comprends pas la raison de cette attente. Lucas m'explique que c'est une mesure de sécurité afin d'empêcher au maximum que les adultes pense que nous sommes capable de nous rassembler. En bref, il faut la jouer fine. Durant le quart d'heure d'attente obligatoire, je me permet d'observer une fois encore ce nouveau lieu.

C’est une pièce banale, qui tente, malgré le sinistre de nos situations, de rendre le lieu paisible et enclin à l'évasion de l'esprit. Contre toute attente, la première chose que je remarque est la couleur des murs, qui sont, à mon grand étonnement, couleur crème. Trois hautes bibliothèques, où nous nous sommes réfugiés, faites en bois de meruisier, sont alignées les unes en face des autres. Deux tables, collées une à une à gauche de la pièce et un rond de sofas à sa droite permettent aux lecteurs de s'assoir. D’après sa petite taille, je remarque qu’elle n’est pas faite pour accueillir beaucoup de monde. Lucas me fait signe, nous pouvons aller à la rencontre du fameux Victor. Jouant la comédie de la surprise de cette rencontre, nous nous sommes même procurés un livre à lire à ses côtés.  

« - Alors c’est toi qui veut savoir ce que tu es c’est ça ? » Me demanda-t-il.

J’hoche la tête pour toutes réponses. Victor est beaucoup plus âgé que nous. Il m’explique qu’il a eu 17 ans le mois dernier et qu’il est ici depuis ses huit ans.

« - Comme je n’ai pas de grandes particularités, ils ne s’intéressent pas beaucoup à moi. J’ai donc pu récupérer quelques matériaux que je cache. J’ai réussi à pirater leurs systèmes, ce qui est très utile pour nous mais les plus gros dossiers ne me sont pas accessible, enfin pour le moment » me dit-il d’un air narquois qui me fit sourire.

« - Alors voyons voir Lucie Mourtiers, âge : dix ans. Résultats du test d’arrivée, tiens c’est étrange.

- Quoi ? demanda Lucas

- Et ben… Les résultats montrent que ton ADN … non ce n’est pas possible…

- Qu’est- ce qu’il a mon ADN ?

- Et bien, il est composé de plusieurs molécules de différentes espèces non répertoriées jusqu’à maintenant ! Ils ont analysé une infime présence de molécule du chat mais les autres sont classés secret, je ne peux pas y accéder. Je suis désolé.

- Non, ne t’inquiète pas, tu nous as bien aidés ». Lui répond Lucas. « Aller viens on rejoint les autres » me dit –il en m’embarquant vers la sortie.

« - Mais attends, qu’est – ce que ça veut dire, comment je peux avoir autant de molécules différentes, c’est tout simplement impossible, du jamais vu, enfin je crois ! Je réplique, douteuse.

- Justement ! C’est parce qu’ils n’ont jamais rien vu de tel qu’ils l’ont mis en secret. Et crois-moi quand je te dis que quand ton dossier est secret, cela ne signifie rien de bon ».

On retrouve le reste du groupe dans une pièce qui m'est encore étrangère. Je suis étonnée de la grandeur de cet établissement, qui comprend, à ma connaissance plusieurs chambres, au maximum une par enfant, un réfectoire, une salle de repos et cette salle que j'évalue comme ressemblant à une cour de récréation intérieure. Lorsque je questionne Thomas, celui-ci m'annonce qu'il y a d'autres salles de repos, jouxtant différentes salles de test. Perplexe, je laisse mon regard dévier sur cet immense espace ovale. Au pied de la porte d'entrée, se trouve directement une rangée de gradins descendant jusqu'au fond de la pièce, celle-ci aux couleurs similaires aux autres. Tout en bas, au pied des gradins, un grand stade est installé où se dépense quelques enfants par des jeux de ballons principalement. J'ai l'impression d'être dans une petite arene intérieure. Plus de la moitié de la salle est vide, Christopher m'explique qu'après le déjeuner, la majorité des enfants retourne en test avec leur médecin respectif. Ils appellent cette espace « la salle commune ».

Après m'avoir laissée le temps de m'adapter à ce nouvel environnement, le reste du groupe nous demandent des nouvelles. N'arrivant toujours pas à analyser les paroles de Lucas, je le laisse leur expliquer et le silence se fait dans le groupe. Personne ne sait quoi dire, car ils ont fait la même conclusion que lui… je suis dans leur collimateur.

« Enfin maintenant je comprends pourquoi je ne peux pas te supporter, on est comme chien et chat » me nargue Nat’.

Je ne sais pas si c’est pour me remonter le moral ou détendre l’atmosphère, n’empêche que ça marche. Je rigole de bon cœur et lui répond :

« C’est aussi ce que je me suis dit ».

Et jusqu’au diner, je fis connaissance avec mes nouveaux compagnons d’infortunes.

Le soir en retournant dans ma chambre, l’inquiétude et la tristesse me retombe dessus. J’ai du mal à trouver le sommeil et quand enfin j’y arrive, les mauvais rêves viennent m’assaillir.

Annotations

Vous aimez lire Dans l'univers de Laura ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0