Extraction
Franck suffoquait. La combinaison le protégeait des brulures et de la fumée, mais pas de la chaleur. Alors qu’il manquait tourner de l’œil, il pesta contre sa hiérarchie qui les avait envoyés en urgence parmi les décombres encore chauds. Il y avait des survivants, on le leur avait assuré. Des survivants, dans une explosion qui avait projeté des morceaux du laboratoire à plusieurs centaines de mètres ?
Ils avaient extrait vingt-deux corps jusqu’à présent. Franck tentait justement d’en extirper un, sur lequel il avait trébuché. Façon de dire les choses, car il lui avait littéralement fracassé la boite crânienne. La sensation sous ses bottes avait été glaçante. Heureusement que le mec était déjà mort. Alors qu’il gagnait en visibilité, la fumée se faisant plus éparse, il lui sembla que les jambes qu’il tenait fermement s’étaient agitées. Parait que les nerfs s’excitent même après la mort, ça doit être normal.
Rejoignant enfin ses collègues, il balança le cadavre dans la remorque. L’état de son crâne l’avait dispensé de l’amener au centre médical, chargé de vérifier l’état clinique des corps. L’ordre était pourtant de tous les amener, quel que soit leur état. Mais qu’ils aillent se faire foutre avec leurs idées à la con. Un crâne en miette, ça peut pas être vivant. Il fit demi-tour pour inspecter de nouveau les débris.
Un coup frappa la remorque, qui résonna longuement. Franck regarda autour. Personne. Soit il avait rêvé, soit ça venait de l’intérieur. Convaincu que c’était encore une histoire de nerfs, il alla tout de même jeter un œil. Cette fois-ci, il tomba pour de bon à la renverse. Étalé par terre, inconscient, il ne put voir le corps se relever lentement, puis enjamber la remorque. Des câbles s’échappaient du côté de crâne qui avait été broyé. L’humanoïde s’enfonça dans le désert d’une démarche mécanique, ni vu ni connu.
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