Je commençais mon pèlerinage au Puy-en-Velay, dans la Haute-Loire.
Le début de chemin permettait de se mettre en jambe avec une faible montée.

D'humeur guillerette, je me baladais sans trop prêter attention à ma route et après avoir parcouru une vingtaine de kilomètres, je me sentais un peu perdue : je ne trouvais plus aucune trace de coquilles sur mon chemin. C'était la tuile. J'avais pourtant bien rempli mon bidon avec de l'eau.

J'arrivai dans un hameau et recherchai une auberge pour pèlerins. Il n'y avait pas un chat dans la rue. A la sortie du village, j'ai aperçu une vieille ferme presque à l'abandon. Je tentais ma chance et allais frapper à la grosse porte en chêne. Un septuagénaire sortit de sa demeure. Je lui expliquai que je m'étais égarée et que j'étais une randonneuse sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle.

Je cherchais un bon samaritain pour m'offrir le gîte et le couvert. L'homme m'accueillit à bras ouverts.

« Entrez, ma brave dame, dans ma modeste demeure ; je m'appelle Eugène Scribe ».

Eugène me raconta qu'il avait été célèbre et avait composé plus de cinq cents pièces, surtout des comédies, des vaudevilles et des livrets d'opéras. Il envisageait maintenant de se mettre à l'internet et de créer un site « Scribet ». Mais dans ce département peu peuplé, il était en zone blanche et n'avait pas la « déesse-aile».

Il m'expliqua que finalement il avait chargé son fils, Arnaud, de mettre en place cette plateforme pour de jeunes écrivains. Lui, désirait rester ici, connecté à la nature.

Eugène sortit un Laguiole de sa poche et nous avons partagé un fromage du même nom, accompagné d'un Saint-Pourçain rouge.

Ravie de cette première rencontre, j'allais me coucher.